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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
Grief me seroit à raconter
Et grief seroit à escouter
Les miracles et les grans biens
(Jue il fist à plusors crestiens ;
Que quidiës de sa caritc
Et de sa grant humilitë.
Castes estoit et aumoniers
Et à tous les lius conseiiliers ;
La nuit veilloit cn orisons,
En j unes, en afhictions (?!?o?'??'/?CM??o??s).
Une fcme une (%?U) cnfant avoit
Qui de diable plain estoit :
Ses dras rompoit, ses mains manjoit,
Sa vie à grant duel démenoit ;
Tout dëpeclioit ^ ses vestimcns,
Et à ses mains et à ses dens.
Quant S. Nicolas lc seigna
Del diable le dëlivra.
Ce dernier fait ne paraît pas avoir attiré i attention des artistes qui se charg'eaient de re-
tracer aux yeux du peupie la gtoire du grand saint Nicolas. D'aiheurs tes déiivrances de
possédés sont si fréquentes dans t'hag*iog^raphie, que i'art ne s'en occupait g*uère à moins
de circonstances spéciales (iocaie, par exempie) qui en reievassent la représentation ou
quand un thaumaturg^e était particuiièrement renommé pour ce g^enre de gmérisons; comme
saint ^rain, saint Mathurin, etc. Gf. p. 307, sv^v.; et 701, svv.
Mais voici un trait qui était chez nous comme ia principaie caractéristique populaire de
i'évêque de Myre (au xm' siècie et pius tarci), quoique Wace s'v soit montré hien avare de
détaiis; peut-être parce que la lég'ende n'avait pas encore fait tout son chemin :
a Trois clers aloient à Tescole,
N'en ferai pas longe parote.
Lor ostes par nuit les ochist,
Les cors muclia, la voir en prist.
8. Nicolas par Dieu le sot%
Sempres (?*?'oM?d?) fu là, si com Dcx plot;
Les clers a hostc demanda,
N*es pot celer, se li mostra.
S. Nicolas par sa proière
Mist les ames el cors arière(&noMrcaM.'ALLEM.
Por che c'as clers ht cèle lionor, jZurück).
Font li clerc sa feste à son jor % etc.
Notre Normand avisé, malgré ies monuments contemporains, ne dit riendu saioir où l'on
voitse dresser les trois petits écoliers rendus à lavie. Peut-être se disait-il à iui-même: cGha-
foy, et aussi que l'eufant estoit mort pour la grande atfection
que ia mcre auoit eu de ie voir, se mit en oraison, oà ii fut
assez ionguement en pieurs ctiarmes, prosterné contre terre.
Et iuy qui estoit d'ancien aage, ne se leva iamais que iheu
n'eust, à sa prière, l'enfant ressuscité ; lequel ii baiila à sa
mere tout vif, et prenant ie iaict de sa mammeile deuant
tout ie peuple/dont chacun par esbahissement rendit gràces
à Dieu, et à sainct Hiiaire. r
La pyramide fut cievce en haut de ia rMC JVcMre en face de
i'échevinage, en 1615, sous ia mairie de Pierre Pidouv de
Malaguet; et i'on y placa ie has-reiiefqui reprcsenteie sujet
du récit de Bouchet. Ce bas-reiief était alors protégé par un
griiiage, et un auteur prétcnd que ie tout avait été trouvé
dans la maison oà s'ëtait fait ic miracie. Ce qu'ii y a de pius
sùr, c'est que cette partie du monument est de heaucoup
antcrieure à i'crection de ia pvramide, et eiie dépendait
prohahlement d'un monument pius ancien. Nos pères racon-
taicnt que ie griiiage fort serrc qui ctait piacc sur le bas-
reiief y avait ètè mis depuis qu'un ivrogne avait ëtè puni par
iaprivation de son hras, des mutiiations dont il s'ètait rendu
coupable contre iemonument, objet de iavènèrationpu-
hiique. Nous ignorons à quclle èpoquc ia pyramide, qui gc-
nait sans doute ia circuiation, fut incorporèe avecia maison
oà eiie setrouvc. Les vieiiiards ies plus àgès nous ont aflir-
mè qu'iis i'avaient toujours vue oà elie est. Fut-eiie dèpiacëe
Jors de l'ètabiissement du minage ou plus tard? nous ne sa-
vons. Cependant, nous sommes porté à croire que cette
pyramide est bien ia coio?me dont parle Goinitz, et qu'ii vit
en 1631, pi'esçme MM??M'heM deL( rfhe, porht??? ce??e hMcrtpho??.
e?( io?m; K A sM!M?H77Mme, évèçMe de Folhers, ie dc^seur
(( Je phts /àièie, 7e pius nssfdM, 7e p7us cer?cm c7e ??oire ché. r
1. Dëchirait, dèpeçait.
2. Bènit, signa (du signe de ia croiv).
3. Cf. Uf?rMMæ c7e FoM?'ges, pi. vn (Saint Martin), et § 161
(p. 253). ÆoMrectMic Nè7M??pes, t. H, p. 135, svv.
4. Chair? ou piutùt i'argent qu'ils portaient avec euv
(l'avoir).
5. Le sut; comnie au vers suivant p?o?, pour piut.
6. Cf. F??rMMM? c7e HoMrpes, § 173 (p. 261, sv.). La puhii-
cation de M. Deiius (àfM?s?re Wnce's S. 7V7c7(0?Ms), p. 8, donne
des 7eço??s differentes. Mais j'ai dèjà dit que je ne m'cn cas-
serais plus la tète à mon àge, quand il n'y aurait pas iieu à
interprètcr un tevte en queique passage oà l'intention du
trouvère pourrait ètre douteuse. Faisonsseulementohserver
qu'à i'èpoque d'Honorius d'Autun, la iègende des trois éco-
iicrs remise à ncuf n'avait pas encore i'aveur bien acceptèe
(ians le monde iatin. Car ie SpccM??c??? Æcc?es!æ (foi. 289,
s<{q.; Dc S. ÎWco?Mo) n'accordc aucune place à cette histoirc
(tevenue si popuiaire dcpuis lors parmi nous. Autre proha-
hiiitè pour donner à croire que ces pctits enfants ont rcm-
MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.
Grief me seroit à raconter
Et grief seroit à escouter
Les miracles et les grans biens
(Jue il fist à plusors crestiens ;
Que quidiës de sa caritc
Et de sa grant humilitë.
Castes estoit et aumoniers
Et à tous les lius conseiiliers ;
La nuit veilloit cn orisons,
En j unes, en afhictions (?!?o?'??'/?CM??o??s).
Une fcme une (%?U) cnfant avoit
Qui de diable plain estoit :
Ses dras rompoit, ses mains manjoit,
Sa vie à grant duel démenoit ;
Tout dëpeclioit ^ ses vestimcns,
Et à ses mains et à ses dens.
Quant S. Nicolas lc seigna
Del diable le dëlivra.
Ce dernier fait ne paraît pas avoir attiré i attention des artistes qui se charg'eaient de re-
tracer aux yeux du peupie la gtoire du grand saint Nicolas. D'aiheurs tes déiivrances de
possédés sont si fréquentes dans t'hag*iog^raphie, que i'art ne s'en occupait g*uère à moins
de circonstances spéciales (iocaie, par exempie) qui en reievassent la représentation ou
quand un thaumaturg^e était particuiièrement renommé pour ce g^enre de gmérisons; comme
saint ^rain, saint Mathurin, etc. Gf. p. 307, sv^v.; et 701, svv.
Mais voici un trait qui était chez nous comme ia principaie caractéristique populaire de
i'évêque de Myre (au xm' siècie et pius tarci), quoique Wace s'v soit montré hien avare de
détaiis; peut-être parce que la lég'ende n'avait pas encore fait tout son chemin :
a Trois clers aloient à Tescole,
N'en ferai pas longe parote.
Lor ostes par nuit les ochist,
Les cors muclia, la voir en prist.
8. Nicolas par Dieu le sot%
Sempres (?*?'oM?d?) fu là, si com Dcx plot;
Les clers a hostc demanda,
N*es pot celer, se li mostra.
S. Nicolas par sa proière
Mist les ames el cors arière(&noMrcaM.'ALLEM.
Por che c'as clers ht cèle lionor, jZurück).
Font li clerc sa feste à son jor % etc.
Notre Normand avisé, malgré ies monuments contemporains, ne dit riendu saioir où l'on
voitse dresser les trois petits écoliers rendus à lavie. Peut-être se disait-il à iui-même: cGha-
foy, et aussi que l'eufant estoit mort pour la grande atfection
que ia mcre auoit eu de ie voir, se mit en oraison, oà ii fut
assez ionguement en pieurs ctiarmes, prosterné contre terre.
Et iuy qui estoit d'ancien aage, ne se leva iamais que iheu
n'eust, à sa prière, l'enfant ressuscité ; lequel ii baiila à sa
mere tout vif, et prenant ie iaict de sa mammeile deuant
tout ie peuple/dont chacun par esbahissement rendit gràces
à Dieu, et à sainct Hiiaire. r
La pyramide fut cievce en haut de ia rMC JVcMre en face de
i'échevinage, en 1615, sous ia mairie de Pierre Pidouv de
Malaguet; et i'on y placa ie has-reiiefqui reprcsenteie sujet
du récit de Bouchet. Ce bas-reiief était alors protégé par un
griiiage, et un auteur prétcnd que ie tout avait été trouvé
dans la maison oà s'ëtait fait ic miracie. Ce qu'ii y a de pius
sùr, c'est que cette partie du monument est de heaucoup
antcrieure à i'crection de ia pvramide, et eiie dépendait
prohahlement d'un monument pius ancien. Nos pères racon-
taicnt que ie griiiage fort serrc qui ctait piacc sur le bas-
reiief y avait ètè mis depuis qu'un ivrogne avait ëtè puni par
iaprivation de son hras, des mutiiations dont il s'ètait rendu
coupable contre iemonument, objet de iavènèrationpu-
hiique. Nous ignorons à quclle èpoquc ia pyramide, qui gc-
nait sans doute ia circuiation, fut incorporèe avecia maison
oà eiie setrouvc. Les vieiiiards ies plus àgès nous ont aflir-
mè qu'iis i'avaient toujours vue oà elie est. Fut-eiie dèpiacëe
Jors de l'ètabiissement du minage ou plus tard? nous ne sa-
vons. Cependant, nous sommes porté à croire que cette
pyramide est bien ia coio?me dont parle Goinitz, et qu'ii vit
en 1631, pi'esçme MM??M'heM deL( rfhe, porht??? ce??e hMcrtpho??.
e?( io?m; K A sM!M?H77Mme, évèçMe de Folhers, ie dc^seur
(( Je phts /àièie, 7e pius nssfdM, 7e p7us cer?cm c7e ??oire ché. r
1. Dëchirait, dèpeçait.
2. Bènit, signa (du signe de ia croiv).
3. Cf. Uf?rMMæ c7e FoM?'ges, pi. vn (Saint Martin), et § 161
(p. 253). ÆoMrectMic Nè7M??pes, t. H, p. 135, svv.
4. Chair? ou piutùt i'argent qu'ils portaient avec euv
(l'avoir).
5. Le sut; comnie au vers suivant p?o?, pour piut.
6. Cf. F??rMMM? c7e HoMrpes, § 173 (p. 261, sv.). La puhii-
cation de M. Deiius (àfM?s?re Wnce's S. 7V7c7(0?Ms), p. 8, donne
des 7eço??s differentes. Mais j'ai dèjà dit que je ne m'cn cas-
serais plus la tète à mon àge, quand il n'y aurait pas iieu à
interprètcr un tevte en queique passage oà l'intention du
trouvère pourrait ètre douteuse. Faisonsseulementohserver
qu'à i'èpoque d'Honorius d'Autun, la iègende des trois éco-
iicrs remise à ncuf n'avait pas encore i'aveur bien acceptèe
(ians le monde iatin. Car ie SpccM??c??? Æcc?es!æ (foi. 289,
s<{q.; Dc S. ÎWco?Mo) n'accordc aucune place à cette histoirc
(tevenue si popuiaire dcpuis lors parmi nous. Autre proha-
hiiitè pour donner à croire que ces pctits enfants ont rcm-