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SA MALADIE

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incessante des maîtres anciens, dont la couleur en général sous le ciel ardent de l’Italie est
suffisamment brillante, mais qui, dans la lumière plus tamisée du climat de Paris, prend
une intensité de ton souvent fâcheuse. Quant à la recommandation d’étudier la perspective,
Vien, toujours désireux de concourir à l’avancement des jeunes gens qui lui étaient confiés,
créa dans l’école un cours de perspective dirigé par un jeune peintre d’architecture,
nommé Goste, fils du Directeur de l’École de Marseille.
Cependant ses efforts à retrouver la voie de l’art des anciens, loin d’être isolés, étaient
soutenus par les recherches entreprises sur la connaissance de l’antiquité. Raphaël Mengs
et Winckaelmann surtout avaient appelé l’attention sur les beautés de l’art grec. Cette
curiosité du monde savant se trouvait excitée par la découverte récente des villes d’Hercu-
lanum et Pompeï. Une occasion s’offrit à David de visiter ces précieux débris revenus
miraculeusement à la lumière.
Il avait fait la connaissance du jeune antiquaire Quatremère de Quincy. Tous deux
partirent pour Naples avec Suzanne, sculpteur de l’Académie. L’artiste et le philosophe
parcoururent ensemble ces paysages remplis des souvenirs de Virgile et d’Horace, et
l’impression ressentie par David à la vue des monuments antiques fut pour lui une
révélation nouvelle, car il s’écria qu’il venait d’être « opéré de la cataracte ».
C’est pendant ce voyage que se place un épisode qui lui fournit le sujet d’un tableau
plus tard exposé à Paris. En suivant une chasse du Roi de Naples, il se trouva à une halte
où on amena un magnifique cheval que personne n’avait pu monter. Le comte Potocki,
gentilhomme polonais, s’offrit de le dompter séance tenante, et malgré sa fatigue, mettant
habit bas, il parvint à le réduire. La souplesse du cavalier, son sang-froid, son habileté
à tromper les efforts de l’animal pour se dérober, attirèrent l’attention de David à qui,
dit-on, le Roi de Naples fit la commande d’un tableau représentant cette scène.
Le travail assidu auquel il s’était livré avait altéré sa santé. Il était parti pour Naples,
l’esprit échauffé, la tête un peu fatiguée, et la vue des chefs-d’œuvre de l’antiquité ne l’avait
pas calmé. A son retour à Rome, il tomba sérieusement malade.
Pendant son absence, M. D’Arigiviller, qui fondait de grandes espérances sur son
talent, avait décidé de prolonger sa pension, profitant des vacances créées par les prix
qu’on n’avait pas distribués et par le renvoi d’un sieur Du Pasquier qui avait été insolent
vis-à-vis de Vien. David n’avait pas sollicité cette faveur, mais avant de la lui confier il
fallait attendre la fin de la crise qu’il traversait et qui devenait assez inquiétante pour que
Vien écrivît ainsi au Directeur général :
« Rome, le 1er septembre 1779.
» Dans ma précédente lettre en date du 24 août, j’ai eu l’honneur devons écrire que la
tête du sieur David, depuis son retour de Naples, n’était pas mieux que lorsqu’il y avait
été. Soit pour me faire voir sa bonne volonté à remplir vos intentions, il a recommencé
de nouveau à peindre une académie, son début m’avait fait le plus grand plaisir, mais sa
tête hors d’état d’apprécier ce qu’il faisait, regardait mes applaudissements comme un
encouragement donné à un malade qui est à l’extrémité, de manière que le lendemain,
 
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