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CHAPITRE V

respectable, et pour prouver qu'il n'est ni l'un ni l’autre, je n'ai besoin que de lui opposer
sa déclaration calomnieuse et pleine de fiel qu’il a osé faire contre moi.
» Un homme honnête respecte la vérité, et s’il a des faits à déclarer contre un de ses
concitoyens, il parle sans passion et sans haine, se bornant à produire les preuves des délits
qu’il est forcé de révéler.
» Est-ce là la conduite de Ghemelat?
» Où sont les preuves des atrocités qui me sont imputées par ce père de famille
respectable? Non seulement il n'en produit aucune, mais afin de pouvoir me calomnier
sans danger, il ne cite que des ouï-dire ; il déclare qu'il ne garantit pas la vérité de
ce qu’il avance, certain que la calomnie n’en aura pas moins son effet, et se confiant,
à cet égard, au génie industrieux des commissaires dans le sein desquels il dépose
toutes les ordures qu’il a pu recueillir dans la lie des passions que la révolution a soulevée
contre moi.
» Mais malheureusement une calomnie excessive est presque toujours une calomnie
absurde, et Ghemelat en fournit un exemple frappant.
» Je le demande, à qui persuadera-t-il, ce père de samille honnête et respectable, que
pour le faire exclure du bureau de l’instruction publique, j’aie eu besoin d’alléguer pour
motif qu’il n’aimait pas Robespierre ni les siens? Suivant lui, tous mes collègues du Comité
de l’instruction publique étaient donc des amis de Robespierre, puisque tel est le motif qui
les a déterminés à prononcer contre Ghemelat, et lui seul avait le courage de manifester sa
haine contre un homme que l’opinion publique environnait à cette époque de tout ce qu’elle
a de plus vénérable et de plus imposant !
» Non, un tel courage n’est jamais entré dans l’âme d’un vil calomniateur, qui,
joignant la bassesse à la méchanceté, n’ose même pas accuser en face, et qui, dans sa lâche
fureur, craignant de se compromettre, tend à une main plus hardie le poignard qu’il forgea
pour m’assassiner.
» Eh! qu'avais-je besoin d’alléguer des motifs aussi ridicules pour faire exclure le
citoyen Ghemelat des bureaux où il s’était introduit?
» Ce que j’ai fait, je le ferais aujourd’hui, car les mêmes raisons subsistent pour moi.
Il fallait, dans la place occupée par ce citoyen, un homme instruit, et c’est un ignorant ;
un homme de mœurs sévères, et il est connu par son intempérance; un homme ayant le
talent de la rédaction et de la clarté du style, et ses productions ne sont qu’un bavardage
incohérent, diffus et presque insoutenable (lisez sa déclaration entière et jugez).
» Comment aurais-je donc eu besoin de cette allégation niaise de ne point aimer
Robespierre ni les siens?
» Je ne répondrai point au reproche qu'il me fait, d’avoir imprimé la terreur dans son
âme et de lui avoir dit mille horreurs ; ceux qui pourront supporter le dégoût de lire sa
déclaration en entier, s’apercevront aisément que ce sont là des fleurs de la rhétorique
de cet instituteur, qui ne le cèdent en rien à la description touchante qu’il fait (par goût
pour les antithèses) de ses repas de pommes de terre, comparés aux mets délicieux dont je me
savourais chez le Suisse du Louvre. Mais malheureusement des antithèses et des fleurs de
 
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