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CHAPITRE V

» Il s’est écoulé plus de deux ans et demi depuis l’époque de cette prophétie, et heureu-
sement elle ne s’est pas vérifiée. Il n’y a eu qu’un petit nombre d'artistes incarcérés, et,
plus heureusement encore, aucun n’a été égorgé. Si, dans la cruelle époque que nous avons
parcourue, quelques-uns d’eux eussent éprouvé un sort aussi funeste, Cécile-Ange Houdon
m’aurait donc accusé d’avoir causé leur mort.
» 3° Qu’un bon canon chargé à mitraille, tiré sur tous les artistes, ferait beaucoup de
bien à la République.
» Mais, puisque je venais d’annoncer qu’ils seraient tous égorgés, c’est évidemment
un double emploi que fait ici la citoyenne Ange Houdon, et l’on pourrait raisonnablement
en conclure que ce canon n'a été placé là que pour l’effet, ce qui prouve que la citoyenne
Houdon aime le bruit.
» 4° Qu’il y aurait un massacre tellement général, qu’il ferait oublier le 2 septembre.
» L’absurdité révoltante de cette supposition se développe ici dans toute sa noirceur,
par le seul rapprochement de la date où l’on prétend que la conversation a eu lieu.
» A qui persuadera-t-on qu’à une époque où le gouvernement populaire était tellement
puissant, qu’on a pu abuser en son nom des formes de la justice, pour faire périr une
multitude de victimes innocentes, j’ai pu annoncer des massacres et des vengeances que la
fureur la plus aveugle eût alors jugés sans motifs et sans objet?
» Et c’est une femme qui, pour se prêter aux vues perfides de mes ennemis, a pu se
porter à cet atroce mensonge?
» Oui! celui qui aurait tenu les discours qu’on vient de lire serait assurément très
coupable ; mais c’est être mille fois plus coupable encore que de l’en accuser faussement, car
à la noirceur de la pensée se joint la barbarie de l’intention, et ce n’est pas par de pareils
traits que l’on croirait pouvoir reconnaître une femme. »
HUITIÈME CHEF D’ACCUSATION
D'avoir dit à un citoyen qui réclamait pour sa sœur arrêtée illégalement en messidor
dernier, et depuis guillotinée, que le tribunal d’alors était juste.
(Voyez la déclaration du citoyen Vernet, n° 9.)
« Voici le fait qui donne lieu à cette accusation vraiment singulière.
» En messidor dernier, la citoyenne Chalgrin fut arrêtée sous prétexte de complicité
avec la citoyenne Filleul, accusée d’avoir détourné à son profit des meubles et effets appar-
tenant à la nation.
» Le citoyen Vernet, son frère, informé de cet événement, vint aussitôt me faire part
de ses alarmes, et me prier de m’instruire des motifs de cette arrestation. Je me rendis
aussitôt au comité desûreté générale, où j’appris que la citoyenne Chalgrin avait été traduite
au Tribunal révolutionnaire, comme étant comprise dans l’accusation intentée contre la
citoyenne Filleul.
» Il existait un arrêté du Comité desûreté générale qui interdisait aux membres qui le
 
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