Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
528

CHAPITRE X

M. David à s’établir dans sa capitale, à Berlin ; que le Roi tâcherait de rendre à M. David
son séjour aussi agréable que possible; qu’il désirait ses conseils sur l’établissement d’un
nouveau musée, et sur le perfectionnement des études dans toutes les branches des arts
du dessin.
» Le comte de Goltz doit vous écrire, Monsieur, par la même occasion; mais, sachant
combien vous m’avez honoré de votre bienveillance, comme un des admirateurs les plus
zélés de vos ouvrages immortels, il m’a engagé de joindre ma prière à la sienne.
» Vous trouverez dans mon pays un Roi protecteur éclairé des arts, et connaissant
tout le mérite de vos grands travaux; un gouvernement qui tient religieusement tous les
engagements qu’il contracte; une sphère d’activité d’autant plus grande que tout reste à
créer, et j’ose ajouter, pour mes compatriotes, cet élan pour les arts, ce noble enthousiasme
du cœur qui, bien dirigé, doit rendre à l’école son ancien éclat.
» Je sais, Monsieur, que vous habitez en ce moment un pays dont la sage modération
est bien favorable à cimenter le bonheur public; mais je me sens tout Prussien lorsqu’il
s’agit de posséder M. David dans la capitale de mon Roi. Quelle que soit votre décision, je
vous prie d’écrire sur-le-champ à M. le prince de Hardenberg, et de lui parler avec cette
franchise qu’il mérite à tout égard. Vous aborderez librement le point des conditions sous
lesquelles vous voudrez vous établir à Berlin. La Prusse ne peut vous offrir un établissement
splendide ; mais vous y trouverez le plus vif désir de vous rendre votre existence agréable ;
vous y trouverez ce repos moral si nécessaire aux travaux de l’esprit.
» J’ai l’honneur d’être, etc.
» Alex, de Humboldt. »
Au moment où David recevait ces propositions si honorables, accompagnées de réflexions
si judicieuses sur la conduite du gouvernement français à son égard, il était assez inquiet
de la santé de sa femme. Elle n’avait pu, comme lui, supporter leurs dernières épreuves, et
les émotions récentes qu’elle avait ressenties l’avaient fort fatiguée. David se servit de cette
circonstance pour prendre le temps de réfléchir aux offres qui lui-étaient faites, et il
répondit, ainsi qu’on l’en avait prié, au prince de Hardenberg :
« Bruxelles, 26 mars 1816.
» Monseigneur,

» Je viens de recevoir à Bruxelles les lettres de S. Exc. M. le comte de Goltz et de
M. le baron de Humboldt qui m’annoncent les dispositions que S. M. le roi de Prusse veut
bien avoir sur moi; ces lettres m’autorisent aussi à écrire à Votre Altesse relativement à
cet objet.
» Si je pouvais en ce moment, Monseigneur, n’écouter que le sentiment dont je suis
profondément pénétré*, je profiterais, sans le moindre délai, du passeport de M. le comte de
Goltz pour aller offrir à Votre Altesse l’expression de ma reconnaissance, et la supplier de
mettre aux pieds du Roi l’honneur de mon respect et de mon dévouement; mais je suis
 
Annotationen