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https://doi.org/10.11588/diglit.3444#0144
CHAPITRE V
LE DORTOIR DES PÈLERINS
(ABATON)
LES LISTES DES GUÉRISONS MIRACULEUSES
« Non loin du temple cTAsclépios, dit Pausanias, est l'endroit où dorment
ceux qui sont venus supplier le dieu. » Cette indication sommaire prêterait
aisément à un contresens, si l'on ne connaissait d'ailleurs les pratiques auxquelles
étaient astreints les suppliants d'Asclépios. On pourrait croire, en effet, que
Pausanias a voulu parler simplement d'une sorte de caravansérail où les pèlerins
trouvaient l'hospitalité pour la nuit. Il s'agit, au contraire, d'un édifice sacré
dont l'importance religieuse ne le cédait guère à celle du temple et de la source
sainte, et sans lequel un Asclépieion aurait manqué d'un de ses éléments essen-
tiels. Ce « dortoir » n'était pas un dortoir ordinaire, et le sommeil qu'y goû-
taient les pèlerins n'était pas non plus l'ordinaire sommeil d'une nuit quelconque.
Ceux qui venaient implorer Asclépios, soit pour eux-mêmes, soit pour un de
leurs proches hors d'état de faire le voyage, ne devaient point se contenter d'une
prière et d'un sacrifice; il leur fallait, en outre, passer la nuit entière dans le
sanctuaire, y dormir, afin que le dieu, s'il le daignait, leur apparût en songe et
les guérît de sa propre main, ou leur indiquât les moyens d'obtenir la guérison.
Cette pratique de l'incubation (èYxofftyjmç) n'était point spéciale à Épidaure; elle
existait dans presque tous les Asclépieia et aussi dans les temples des dieux
guérisseurs autres qu'Asclépios, à savoir : Sérapis, Isis, les dieux Sôtères, etc. '.
Elle existait encore ailleurs : les songes ayant ou paraissant avoir un caractère
prophétique, on comprend sans peine que, dans beaucoup de manteia, les oracles
fussent rendus par ce procédé, et que l'incubation fût imposée, soit à ceux qui
venaient consulter, soit aux prêtres chargés d'être leurs intermédiaires auprès du
i. Voir A. Maury, la Magie et l'Astrologie dans V antiquité et au moyen âge (3° édit., 1864), p. 238-239.
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LE DORTOIR DES PÈLERINS
(ABATON)
LES LISTES DES GUÉRISONS MIRACULEUSES
« Non loin du temple cTAsclépios, dit Pausanias, est l'endroit où dorment
ceux qui sont venus supplier le dieu. » Cette indication sommaire prêterait
aisément à un contresens, si l'on ne connaissait d'ailleurs les pratiques auxquelles
étaient astreints les suppliants d'Asclépios. On pourrait croire, en effet, que
Pausanias a voulu parler simplement d'une sorte de caravansérail où les pèlerins
trouvaient l'hospitalité pour la nuit. Il s'agit, au contraire, d'un édifice sacré
dont l'importance religieuse ne le cédait guère à celle du temple et de la source
sainte, et sans lequel un Asclépieion aurait manqué d'un de ses éléments essen-
tiels. Ce « dortoir » n'était pas un dortoir ordinaire, et le sommeil qu'y goû-
taient les pèlerins n'était pas non plus l'ordinaire sommeil d'une nuit quelconque.
Ceux qui venaient implorer Asclépios, soit pour eux-mêmes, soit pour un de
leurs proches hors d'état de faire le voyage, ne devaient point se contenter d'une
prière et d'un sacrifice; il leur fallait, en outre, passer la nuit entière dans le
sanctuaire, y dormir, afin que le dieu, s'il le daignait, leur apparût en songe et
les guérît de sa propre main, ou leur indiquât les moyens d'obtenir la guérison.
Cette pratique de l'incubation (èYxofftyjmç) n'était point spéciale à Épidaure; elle
existait dans presque tous les Asclépieia et aussi dans les temples des dieux
guérisseurs autres qu'Asclépios, à savoir : Sérapis, Isis, les dieux Sôtères, etc. '.
Elle existait encore ailleurs : les songes ayant ou paraissant avoir un caractère
prophétique, on comprend sans peine que, dans beaucoup de manteia, les oracles
fussent rendus par ce procédé, et que l'incubation fût imposée, soit à ceux qui
venaient consulter, soit aux prêtres chargés d'être leurs intermédiaires auprès du
i. Voir A. Maury, la Magie et l'Astrologie dans V antiquité et au moyen âge (3° édit., 1864), p. 238-239.
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