DE LA GRÈCE PROPRE. 3
rivent au jour que brisés par les explorateurs. Des tombes de cette classe
ont pourtant donné de très-beaux vases, d'une conservation parfaite.
Le voyageur demande parfois où sont les tombeaux des Grecs; ces
tombeaux sont partout, cachés sous le sol; ils se comptent par milliers,
mais presque tous attendent encore des explorateurs.
Quelles que soient les difficultés que présentent les fouilles, elles
n'expliquent pas seules le petit nombre de vases trouvés en Grèce.
A la différence de l'Italie la Grèce n'a eu longtemps que des archéo-
logues étrangers, qui faisaient dans le pays des séjours de courte durée.
Fauvel, Gropius, Lusieri, Cousinery, Burgon, M. le baron de Prokesh-
Osten, M. Forth-Rouen, d'autres encore, ont rendu des services à la
science; mais leurs recherches, si l'on excepte celles de Fauvel, n'ont
jamais été longuement suivies. A l'époque où fut constitué le royaume
hellénique, une loi défendit d'exporter les antiquités. C'était réserver à
l'État le privilège des fouilles, décourager les étrangers, forcer les Grecs
à ne faire des excavations qu'à la dérobée : l'État lui-même ne profita
pas du monopole qu'il se réservait. Aujourd'hui tel est l'effet de la loi,
que le possesseur d'un vase, en Grèce, s'empresse de le tenir secret. S'il
vous permet de le décrire, il est entendu que le propriétaire ne sera
pas nommé. C'est pour cette raison que la plupart des monuments sont
publiés avec cette indication si peu conforme aux habitudes de la
science : Privat-Sammlang, collection privée. Toute vente est dangereuse
quand le juge peut savoir par un livre européen que tel chef-d'œuvre,
depuis transporté en Europe, appartenait autrefois à un sujet hellénique.
Dans ces conditions presque personne ne recherche les tombeaux, ou
plutôt les fouilles, conduites au hasard, sans contrôle scientifique, sont
livrées à quelques paysans qui en font métier.
Ludwig Ross, nommé conservateur des antiquités par le roi Othon,
ouvrit quelques sépultures, sur lesquelles nous avons des renseignements
précis. Ses articles et ceux de Thiersch sont, avec les lettres de Fauvel,
publiées dans le Magasin encyclopédique de Millin, et les remarques de
Stackelberg, ce que nous possédons de plus sérieux sur les découvertes
céramographiques faites en Grèce. Après Ross les observations cessent
absolument. Son successeur Pittakis, étranger à l'antiquité figurée, s'oc-
cupait seulement d'épigraphie. Depuis près de trente ans nous n'aurions
aucune remarque scientifique sur les tombeaux ouverts en Grèce, si
juin de cette année on faisait des fouilles aux portes d'Athènes, à gauche de la route
du Pirée; les ouvriers avaient trouvé une nécropole où les vases du plus ancien style
athénien, de couleur terreuse, ornés de dessins bistres, n'étaient pas rares. Je n'ai
pas vu trace de sarcophages.
rivent au jour que brisés par les explorateurs. Des tombes de cette classe
ont pourtant donné de très-beaux vases, d'une conservation parfaite.
Le voyageur demande parfois où sont les tombeaux des Grecs; ces
tombeaux sont partout, cachés sous le sol; ils se comptent par milliers,
mais presque tous attendent encore des explorateurs.
Quelles que soient les difficultés que présentent les fouilles, elles
n'expliquent pas seules le petit nombre de vases trouvés en Grèce.
A la différence de l'Italie la Grèce n'a eu longtemps que des archéo-
logues étrangers, qui faisaient dans le pays des séjours de courte durée.
Fauvel, Gropius, Lusieri, Cousinery, Burgon, M. le baron de Prokesh-
Osten, M. Forth-Rouen, d'autres encore, ont rendu des services à la
science; mais leurs recherches, si l'on excepte celles de Fauvel, n'ont
jamais été longuement suivies. A l'époque où fut constitué le royaume
hellénique, une loi défendit d'exporter les antiquités. C'était réserver à
l'État le privilège des fouilles, décourager les étrangers, forcer les Grecs
à ne faire des excavations qu'à la dérobée : l'État lui-même ne profita
pas du monopole qu'il se réservait. Aujourd'hui tel est l'effet de la loi,
que le possesseur d'un vase, en Grèce, s'empresse de le tenir secret. S'il
vous permet de le décrire, il est entendu que le propriétaire ne sera
pas nommé. C'est pour cette raison que la plupart des monuments sont
publiés avec cette indication si peu conforme aux habitudes de la
science : Privat-Sammlang, collection privée. Toute vente est dangereuse
quand le juge peut savoir par un livre européen que tel chef-d'œuvre,
depuis transporté en Europe, appartenait autrefois à un sujet hellénique.
Dans ces conditions presque personne ne recherche les tombeaux, ou
plutôt les fouilles, conduites au hasard, sans contrôle scientifique, sont
livrées à quelques paysans qui en font métier.
Ludwig Ross, nommé conservateur des antiquités par le roi Othon,
ouvrit quelques sépultures, sur lesquelles nous avons des renseignements
précis. Ses articles et ceux de Thiersch sont, avec les lettres de Fauvel,
publiées dans le Magasin encyclopédique de Millin, et les remarques de
Stackelberg, ce que nous possédons de plus sérieux sur les découvertes
céramographiques faites en Grèce. Après Ross les observations cessent
absolument. Son successeur Pittakis, étranger à l'antiquité figurée, s'oc-
cupait seulement d'épigraphie. Depuis près de trente ans nous n'aurions
aucune remarque scientifique sur les tombeaux ouverts en Grèce, si
juin de cette année on faisait des fouilles aux portes d'Athènes, à gauche de la route
du Pirée; les ouvriers avaient trouvé une nécropole où les vases du plus ancien style
athénien, de couleur terreuse, ornés de dessins bistres, n'étaient pas rares. Je n'ai
pas vu trace de sarcophages.