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20 PEINTURES CÉRAMIQUES

publique de la Grèce ancienne. De riches séries de monuments repré-
sentant des intérieurs, des Athéniennes avec leurs filles et tout le per-
sonnel du gynécée, des scènes de toilette où un luxe tout oriental se
trouve ennobli par l'atticisme, le travail en commun, des assemblées
de femmes moins imaginaires et non moins attachantes que celles
d'Aristophane, la causerie, le travail, le sommeil, les soins du ménage,
le bain, le gymnase, l'éducation de l'enfant depuis le nouveau-né que
porte sa nourrice, depuis le cavalier de quatre ans qui galope sur
une amphore, jusqu'à l'éphèbe, dont nous suivons les jeux, les peines et
les triomphes. On a vu plus haut que seuls les lécythus athéniens peuvent
nous donner l'idée des habitudes des peintres grecs dans le choix et
dans l'harmonie des couleurs. A ce point de vue, les céramiques de la
Grèce propre ont un avantage important sur celles de l'Italie. Elles
conservent tout ce qui nous reste encore, avec les belles plaques de
marbre et les quelques fresques du musée de Naples, de la peinture de
la grande époque.

Par la variété des sujets, par la netteté de l'expression, les vases
commentent souvent mieux que les bas-reliefs et les statues la poésie
et l'histoire de la Grèce. C'est un des principaux mérites de M. Benn-
dorf d'avoir montré une fois de plus cette vérité, en comparant les
peintures des céramistes et celles des poëtes, surtout à propos des vases
blancs. Les idées et les sentiments exprimés par les poêles, bien que
nous les admirions presque toujours, nous apparaissent rarement tels
qu'ils sont. Nous les devinons à travers une langue que nous ne con-
naissons que par les livres. Ceux-là mêmes d'entre nous qui possèdent
bien le grec doivent toujours craindre de transformer la pensée antique
à l'image de notre propre pensée. H y a ainsi à chaque instant une foule
de trahisons et de contre-sens aussi involontaires qu'inconscients. Les
scènes figurées ont cet avantage que l'œil les voit telles qu'elles sont; que
nulle préparation n'est nécessaire, qu'il est impossible de les transformer.

On ne peut vivre au milieu de ces peintures sans se rapprocher de
la société qui les a produites, sans entrer dans l'intimité des personnages.
On arrive sinon toujours à bien comprendre, du moins, ce qui est plus
important, à mieux sentir ce qui est dans le caractère d'une époque,
ce qui lui est contraire. En étudiant ce qui est particulier, on se pé-
nètre peu à peu des idées générales. Il y a ainsi un travail incessant qui
va du détail à l'ensemble, de l'ensemble au détail, pour donner à l'his-
torien la plus grande des qualités à laquelle il puisse prétendre, l'intelli-
gence de la vérité vivante, où tout est nuance, mais où tout aussi ne
saurait être qu'harmonie.
 
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