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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0027
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L'ÉCLIPSE

pas en friche, et que la France ait toujours de grands
hommes dans toutes les branches des connaissances hu-
maines. C'est aussi l'intérêt des paysans, car leurs enfants
ne sont pas plus bornés que ceux des autres, et, s'ils re-
çoivent de l'instruction, ils s'élèveront et soutiendront leurs
anciens.

3° L'intérêt des républicains, c'est que chacun puisse
faire librement ce qui n'est nuisible à personne, soit dans
la vie ordinaire, soit dans la vie publique, dans le com-
merce et généralement dans tous les états; que chacun
puisse parler, écrire, faire imprimer la vérité, réclamer
dans les journaux contre las injustices et les abus de pou-
voir ; les gueux seuls peuvent se plaindre, quand on dit la
vérité sur leur compte, les honnêtes gens en sont fiers et
contents.

4° L'intérêt des républicains, c'est qu'on paie le moins
d'impôts possible, par conséquent qu'on abolisse toutes les
places qui rapportent beaucoup et qui ne servent à rien.

b° L'intérêt des républicains, c'est qu'on ne donne pas à
un seul homme le droit de déclarer la guerre, comme cela
s'est vu sous l'Empire et sous la monarchie, et que ce droit
terrible soit réservé aux représentants de là iintion. Enfin,
je trouve qu'en somme l'intérêt des républicains etle nôtre,
à nous autres paysans, est absolument le môme en tout et
pour tout, et c'est pourquoi d'abord je Voterai moi-même
pour un républicain, et je vous engage tous à faire comme
moi. C'est le bon sens qui me dit que ceux-là seuls peuvent
avoir mon opinion et me faire io bonnes lois, qui ont aussi
mes intérêts. Je soutiens ceux de ma condition.

D'ailleurs, faites attention aux prochaines élections, et
vous verrez que les légitimistes voteront pour des légiti-
mistes, les orléanistes pour des orléanistes, les bonapar-
tistes pour des bonapartistes.

J'espère que nous ne _ serons pas moins avisés que les
autres, et qu'ayant les mêmes intérêts que les républicains
nous voterons tous pour de vrais républicains, connus de-
puis longtemps pour être républicains, et qui n'auront
jamais changé d'idée, même lorsqu'ils auraient eu intérêt
à le faire sous Napoléon III.

Naturellement, nous pouvons aussi voter pour les'honnê-
tes gens ralliés sincèrement à la République, et qui lui ont
donné des gages, qui ont brûlé, comme on dit, leurs vais-
seaux.

Mais quant à ceux qui ont essayé pendant quatre ans de
rétablir la monarchie, s'ils viennent nous demander notre
vote, sous prétexte qu'ils acceptent les lois constitutionnelles,
il faudra refuser net.

Agissons avec eux, comme M. le curé avec les gens qui
viennent lui avouer un trop gros péché; ilne les condamne
pa3 aux ilammes éternelles; non, mais il leur donne le
temps de prouver la sincérité de leur repentir, et les ren-
voie aux Pâques suivantes.

Faisons de même avec ces convertis delà dernière heure,
donnons-leur le temps de mériter l'absolution, remettons-
les aux élections de 1881, et tout ira bien : nous aurons des
représentants honnêtes, un gouvernement stable, juste,
économe des deniers publics ; nous jouirons de la paix, de
la tranquillité, et nous pourrons songer à nos affaires, sans
crainte d'être surpris par de mauvaises lois contre l'égalité
et remis dans un état misérable, ou d'être envahis par des
gens auxquels on aura déclaré la guerre sans avoir d'armée
suffisante, sans canons et sans provisions, comme en 1870.

Là-dessus, mes amis, je vous serre la main, et j'espère
que vous suivrez mes conseils, parce qu'ils sont d'accord
avec votre intérêt.

Rappelez-vous bien ce que je vous dis avant de finir:

Voter pour des légitimistes, c'est voter pour le retour du
gouvernement qui vous a fait cultiver la terre pendant qua-
torze siècles pour les nobles et les prêtres ;

Voter pour des orléanistes, c'est voter pour le retonr du
gouvernement des écus, qui vous a toujours refusé le droit
do voter sous prétexte qiie vous ne payiez pas2S0 francs de
contributions directes ;

Voter pour des bonapartistes, c'est voter pour le retour
du gouvernement qui nous a amené trois invasions, qui a
perdu la rive gauche du Rhin en .818 et l'Alsace et la Lor-
raine en 1870, sans parler des milliards;

Voter pour des républicains, c'est voter pour la conser-
vation et l'amélioration du gouvernement qui vous a donné
la terre en 1702 et le suffrage universel en i 818.

Erckmann- Ch atri an,

Cultivateur à 1TI ermitage, près Saint-
Dié des Vosges, et auteur âeVIIistoire
d'un Paysan.

Gazette à, la main

Prédérick-Lemaître

Hélas ! les rangs s'éclairassent, — les vides se font, —
l'implacable Faucheuse va, sabrant dans le tas...

Après Déjazet, Frôdérick. Aujourd'hui, celle-ci; demain,
Celui-là. Hodie mihi, cras tibi. Ainsi parle lugubrement l'ins-
cription — renouvelée des enterrements romains — qui se
lit au-dessus de la porte du cimetière de mon pays.

Frédérick, c'était l';irt dramatique tout entier : charme et
terreur, force et subtilité, outrance et perfection, — l'art
dramatique, le moins abstrait de tous les arts...

— 0 ma pauvre Juliette ! sanglote la nourrice de la fille
de Capulet dans les Amants de Vérone.

Puis, elle ajoute machinalement :

— Ça, qu'on me donne un petit verre !

Voilà la gamme de Frédérick. Il se résume en ces deux
phrases. C'est le Shakespeare de notre âge.

Son génie agrandissait tout ce qu'il touchait. Il transfor-
mait en figures épiques les personnages les plus vulgaires.
Pour lui, il n'y avait pas de rôles faux ; car, sous les mots et
les situations, il voyait la vie et il la dégageait, tout en sa-
chant maintenir dans l'extravagance l'énergie etlajustesse,
— si rares même dans l'expression de la vérité.

Et quelle préméditation ! Quelle étude ! Quelle science !
Quelle puissante minutie dans la composition, dans les
détails, dans les moindres accessoires de chacune de ses
créât ons ! Nous n'en citerons qu'un exemple.

Quand il joua Trente ans à la Porte-Saint-Martin, au mo-
ment de commencer le troisième acte, — l'acte où Georges
de Germany, déjà ruiné par 1G jeu, s'efforce de jeter de la
poudre aux yeux de ses dupes en donnant une fête dans les
salons où il rassemble les débris de son opulence, il
s'adressa aux auteurs de la pièce, Victor Ducange et Guil-
bert de Pixérécourt:

— Dans ma grande scène avec Amélie, je couperai mes
tirades en prenant une prise. j0 vois là un effet. Passez-moi
du tabac.i.

— Tenez, voici ma tabatière, fit Guilbert de Pixérécourt.
Et il lui tendit une superbe tabatière en argent.

Mais Frédérick, d'un revers de main, faisant sauter le
bijou à tous les diables :

— Une tabatière ! Est-ce que vous vous f...ichez de moi?
Un cornet de papier ! Je veux un cornet de papier ! Je pui-
serai mon tabac dans un cornet de papier blanc !...

Puis, tapant familièrement sur le ventre du dramaturge
ahuri :

— Voyons, papa, vous p3nsez bien que, joueur comme
vous m'avez fait, si je possédais une tabatière de la valeur
de la vôtre, il y a belle lurette que je l'aurais lavée et que
j'en aurais perdu le prix.

*

» »

Frédérick n'interprétait pas seulement : il inventait. Quand
il ne créait pas toute une existence, il imaginait toutes
sortes de choses — sinistres ou bouffonnes, — qui accen-
tuaient une physionomie au point de la rendre inoubliable.
C'est ainsi qu'il ne reprit pas une fois l'Auberge des Adrets
sans introduire dans cette pièce quelque trait nouveau,
piquant, opportun, qui la rajeunissait et lui donnait le
ragoût de l'actualité. Sous Louis-Philippe :

— Vous dites donc, demandait Robert Macaire aux gen-
darmes, que l'homme assassiné avait ncm...

— Gcrmeuil.

— Cerfeuil?... Ah! il s'appelait Cerfeuil?... Eh bien, mais
alors, l'affaire me paraît être du ressort de M. Persil...

El, comme M. Persil était, à cette époque, garde des
sceaux et ministre de la justice, toute la salle éclatait de
rire...

Plus tard, au moment de la victoire d'isly, il répondait
au brigadier qui s'enquérait de sa profession :

— Ambassadeur extraordinaire de S. M. l'empereur du
Maroc...

Puis, montrant au public ses bottes éculées, avachies,
lézardées :

— Peut-être sera-t-on étonné de ne pas me voir chaussé
en Marocain?...

Parlerons-nous de sa présence d'esprit? Un soir, à ses
débuts, on représentait à l'Ambigu je no sais quel
mélodrame en vers dans lequel il remplissait le rôle d'un
général d'armée obligé dè se livrer, au lever du rideau, à
un assez long monologue au milieu de son camp endormi.
Le rideau se lève. Frédérick attaque son monologue d'une
voix assourdie...

Dans la salle, on lui crie :

— Plus haut !...

L'artiste continue sur le même ton...
On récidive :

— Plus haut!...

L'artiste ne tient aucun compte de l'injonction...
Cette fois, la salle se fâche :

— Plus haut! Plus haut ! Plus haut !

Frédérick s'avance vers la rampe, s'arrête sur le trou du
souffleur, et, interpellant le public, en même temps que,
d'un geste impérieux, il lui désigne les comparses étendus
sur la scène autour de lui, il improvise ces deux vers :

Vous me criez : Plus haut! Je dois parier pius ]jas>
Si je parle plus haut, j'éveille nies soldais.

On a beaucoup parlé de son cynisme. D'abord cette accu-
sation de cynisme a toujours servi de consolation et de ven-
geance aux hypocrites, aux imbéciles et aux Diafoirus.
Passons. Le cynisme, chez Frôdérick, était l'expression dé-
bridée de toutes les convictions. Il n'y a point de sincérité
absolue sans cynisme. Les artistes bégueules sont toujours
impuissants. Et puis le théâtre, l'art, et surtout la morale
n'ont rien à démêler avec cette pruderie de sous-maîtresse
vicieuse.

Le grand comédien venait de jouer à Londres le Chiffonnier
de Paris devant la reine Victoria. Celle-ci, bouleversée par
tant d'éloquence, de pénétration et de philosophie, lui
adressa cette question :

— Quel sinistre tableau vous nous tracez de la misère
parisienne ! Y a-t-il vraiment chez vous d'aussi pauvres
gens?

— Oui, Madamé, il y en a : ce sont des Irlandais de la
France.

Son esprit était terrassant; ses répliques, foudroyantes
d'à-propos, de justesse, de laconisme et de profondeur. Mis
on demeure par deux illustres personnages de se prononcer
pour ou contre M. Ponsard, dont on venait de lui lire Agnès
de Méranie, il s'en tira par cette boutade :

— Ma foi, messieurs, si vous m'appreniez que ces alexan-
drins sont do M. Thiors ou de M. Guizot, je vous dirais :
« Sacrebleu! voilà des b... qui ne sont pas des imbéciles! »

Au mois de janvier 1841, une jeune et belle personne dé-
butait à la Gaîté dans la Grâce de Dieu. Frédérick l'aima —
comme Paillasse aime sa femme Madeleine, Son pitre Jac-
quinet et son cheval Mouton. H l'aima et fut jaloux. Ceux
qui n'ont vu ni Henri III, ni le Docteur noir, ni la Dame de
Saint-Tropez auront peine à s'imaginer quelle chose bizarre
et formidable c'est que Frédérick jaloux !...

Oui, mais comme l'immense artiste allait avec la même
facilité d'Othello à Falstaff et du duc de Guise à Tragalda-
bas, la liaison dont je parle ne fut pas toujours exempte de
ces bourrasques qui crèvent en coups de canne sur le dos
de la femme aimée. Celle-ci s'envola un matin et son amant
ne la revit qu'au bout do vingt ans, — au Cirque, — lé soir
des débuts de M. Jenneval...

Au moment où ce dernier se montrait plus exécrable que
jamais, quelqu'un interrogea Frédérick :

— Qu'est-ce que vous pensez de ce gaillârd-là ?

Le vieux comédien regarde au balcon, où se trouvait son
ancienne maîtresse et soupira :

— Pauvre femme ! ! !

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