30 Juillet 187G.
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
33
^ VILLÉGIATURE ^
V. T. C.
Eo }~us.
«Je vais à la campagne. — Va. »
Telle est la correspondance télégraphique que les
anciens échangeaient en voyant arriver les fourriers
d'été.
Maintenant qu'il est permis de supposer que Saintr
Médard a vidé ses arrosoirs, rééditons un mot de
Gavarni, toujours plus jeune et plus parisien :
— Ma chère, je l'ai rencontré le jour de la Saint-
Médard, et il m'a plu tout de suite.
— Alors, tu en as pour quarante jours.
Singulier carême pour une jeune personne qui a
le droit de chanter :
Pour Saint-François — xante quinze,
Ou ne peut pas avoir
Un parapluie tout neuf!!!
Toujours est-il que l'émigration des Parisiens a
sérieusement commencé.
Les malades sont partis, les rois s'en vont, avec
leur suite, dans leurs résidences d'été ou chez leurs
cousins.
Dans quelques semaines, les collégiens, les étu-
diants et les professeurs mettront les Eglogues de
Virgile en action, et, comme Tityre, iront patuler
sous le tegme des fages. Les juges et les avocats laisse-
ront croître leurs moustaches, les députés pren-
dront des trains parlementaires, les ministres jette-
ront leurs portefeuilles aux orties, les comédiens fe-
ront leur tournée caniculaire dans nos belles
provinces, les artistes iront cueillir les lys et les ro-
ses, et les militaires changeront de garnison.
C'est alors que Césarin fait ]a rencontre inopinée d'un homme nulle-
ment irascible, mais absolument vigoureux,
• Ceux que leur métier n'enchaine pas au rivage
sont dans les châteaux, les villas, les bains de mer,
en Suisse ou ailleurs. Les théâtres se ferment; les
directeurs qui résistent aime raient sans doute mieux
aller se jeter à l'eau. La ville se dépeuple de jour en
jour, et les reporters consternés s'agitent comme des
ombres en contemplant les boulevards où fut
Troie. ___
Depuis Paul de Kock et Henry Monnier, les bour-
geois de Paris n'ont guère changé.
Ils vont toujours à leur campagne, qui réunit les
éléments primitifs d'une boite de joujoux : Une mai-
son ridicule à tourelles ou en forme de commode à
doubles tiroirs, six petits' arbres frisés, ornés de
boules métalliques, une grotte tapissée de coquilla-
ges, trois corbeilles de fleurs qui meurent sur un
carré de sable, le tout posé sur le parcours d'une
voie ferrée, tel est le décor dont les environs de la
moderne Babylone, la Gapoue de l'Europe, offrent
des échantillons variés.
Au milieu de ce désert sans mirage, éloigné de
toute boulangerie, on rôtit sous un soleil tropical,
on est attaqué par une armée d'insectes déterminés
à mourir.Monsieur Toto salitsaveste et Mademoiselle
Tata assassine la Dernière pensée de Weber sur un piano
qui sonne le chaudron. Oh ! la Dernière pensée de
Weber... Je réserve mon opinion. Dans le même
temps, Petite mère bâille en toilette de bal, et Petit
père regarde passer les trains. Quand les trains ne
passent pas, il regarde sa montre.
N'est-ce pas que cette scène fournirait un agréa-
ble sujet de pendule, et que ce tableau de famille
est réellement enchanteur? Il me fait toujours son-
ger à cette légende amère de Daumier, le Michel-
Ange de la caricature :
qui lui assure un logement à bon marché, d'où il peut jeter sur I avenir
un nombre facultatif de coupa d'œil circulaires.
VIE ET AVENTURES DE CÉSARIN JOLI-COCO (Suite)
L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
33
^ VILLÉGIATURE ^
V. T. C.
Eo }~us.
«Je vais à la campagne. — Va. »
Telle est la correspondance télégraphique que les
anciens échangeaient en voyant arriver les fourriers
d'été.
Maintenant qu'il est permis de supposer que Saintr
Médard a vidé ses arrosoirs, rééditons un mot de
Gavarni, toujours plus jeune et plus parisien :
— Ma chère, je l'ai rencontré le jour de la Saint-
Médard, et il m'a plu tout de suite.
— Alors, tu en as pour quarante jours.
Singulier carême pour une jeune personne qui a
le droit de chanter :
Pour Saint-François — xante quinze,
Ou ne peut pas avoir
Un parapluie tout neuf!!!
Toujours est-il que l'émigration des Parisiens a
sérieusement commencé.
Les malades sont partis, les rois s'en vont, avec
leur suite, dans leurs résidences d'été ou chez leurs
cousins.
Dans quelques semaines, les collégiens, les étu-
diants et les professeurs mettront les Eglogues de
Virgile en action, et, comme Tityre, iront patuler
sous le tegme des fages. Les juges et les avocats laisse-
ront croître leurs moustaches, les députés pren-
dront des trains parlementaires, les ministres jette-
ront leurs portefeuilles aux orties, les comédiens fe-
ront leur tournée caniculaire dans nos belles
provinces, les artistes iront cueillir les lys et les ro-
ses, et les militaires changeront de garnison.
C'est alors que Césarin fait ]a rencontre inopinée d'un homme nulle-
ment irascible, mais absolument vigoureux,
• Ceux que leur métier n'enchaine pas au rivage
sont dans les châteaux, les villas, les bains de mer,
en Suisse ou ailleurs. Les théâtres se ferment; les
directeurs qui résistent aime raient sans doute mieux
aller se jeter à l'eau. La ville se dépeuple de jour en
jour, et les reporters consternés s'agitent comme des
ombres en contemplant les boulevards où fut
Troie. ___
Depuis Paul de Kock et Henry Monnier, les bour-
geois de Paris n'ont guère changé.
Ils vont toujours à leur campagne, qui réunit les
éléments primitifs d'une boite de joujoux : Une mai-
son ridicule à tourelles ou en forme de commode à
doubles tiroirs, six petits' arbres frisés, ornés de
boules métalliques, une grotte tapissée de coquilla-
ges, trois corbeilles de fleurs qui meurent sur un
carré de sable, le tout posé sur le parcours d'une
voie ferrée, tel est le décor dont les environs de la
moderne Babylone, la Gapoue de l'Europe, offrent
des échantillons variés.
Au milieu de ce désert sans mirage, éloigné de
toute boulangerie, on rôtit sous un soleil tropical,
on est attaqué par une armée d'insectes déterminés
à mourir.Monsieur Toto salitsaveste et Mademoiselle
Tata assassine la Dernière pensée de Weber sur un piano
qui sonne le chaudron. Oh ! la Dernière pensée de
Weber... Je réserve mon opinion. Dans le même
temps, Petite mère bâille en toilette de bal, et Petit
père regarde passer les trains. Quand les trains ne
passent pas, il regarde sa montre.
N'est-ce pas que cette scène fournirait un agréa-
ble sujet de pendule, et que ce tableau de famille
est réellement enchanteur? Il me fait toujours son-
ger à cette légende amère de Daumier, le Michel-
Ange de la caricature :
qui lui assure un logement à bon marché, d'où il peut jeter sur I avenir
un nombre facultatif de coupa d'œil circulaires.
VIE ET AVENTURES DE CÉSARIN JOLI-COCO (Suite)
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Vie et aventures de Césarin Joli-Coco (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)