Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0047
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L'ÉCLIPSE

I

On va chez la Barnabon, par les remparts, le soir, avec

des allures de Molûcans sur une piste de Durons. C'est tout
une affaire, et le diable sait avec quelle peur et quels tres-
saillements !...

BU été, le jour, les jeunes gens qui passent sur le rem-
part, longeant le mur du jardin de la Barnabon, baissent
la voix.

Ils contemplent les vrilles de la vigne au-dessus du cha-
peron du mur. Cela leur rappelle les fameux accroche-cœurs
blonds de cette mauvaise femme (selon l'expression mater-
nelle, entendue autrefois par hasard) ; et leur cœur trem-
ble, et leur jeunesse leur monte à la gorge, par bouffées.
Us étouffent, rien qu'en voyant la petite porte verte, la
porte dérobée, à moitié ensevelie sous les lierres et les
orties, qui, dit-on, sert à fuir... lorsque le mari de la Bar-
nabon rentre par trop tôt.

La Barnabon, c'est la cible inconnue où les jeunes désirs,
par les nuits de printemps, vont se planter, flèches ar-
dentes !

La Barnabon n'est plus jeune, oui-dà. On la connaissait
déjà de réputation quand on était au collégo. On en rêvait,
les jours de sortie. Et, pendant les promenades, on guettait
le regard du pion, lorsqu'on passait sur les remparts. Le
pion devait aller chez la Barnabon !

La Barnabon, néanmoins, est restée l'Ève de bas étage de
tous les Adams adolescents de P... On n'en parle jamal6. On
le sait. Mais le petit café de la rue du Cep, désert pendant
le jour, n'en continue pas moins de prospérer, et M. Barna-
bon d'engraisser.

Le saute-ruisseau court vêtu, que ses fonctions amènent
dans la ville basse, ne manque jamais de passer dans la rue
du Cep. Quelquefois, tandis que d'un oeil sournois il examine
à la dérobée la maison de la Barnabon, il a le bonheur cou-
pable d'apercevoir cette mystérieuse personne, à la fenêtre
du premier, en caraco blanc et soigneusement coiffée.

Le saute-ruisseau frisonne en recevant un des noirs re-
gards delà Barnabon. Son cœur ne bat plus; il balbutie.

Et, revenu à l'étude, il griffonne sur son buvard des pro-
fils féminins qui n'ont, hélas ! qu'un rapport bien vague avec
le galbe provoquant de la « femme de la rue du Cep. »

Plus tard, il ira faire un punch dans le café borgne... et se
considérera comme un héros en sortant de cet Eldorado
dont la description, commentée et augmentée comme les
éditions nouvelles, a si souvent troublé ses rêves...

Mais discret, il ne soufflera mot de cette étrange aventure !

Il restera muet sur la Barnabon, comme M. Vieillard, le
capitaine en retraite, comme M. Bongot, le directeur de la
poste, comme M. Miglois, comme M. Glavarat, comme M. Pi-
nette, comme M. Anse..., etc., etc., qu'on a vus, ce qui s'ap-r
pelle vus, plusieurs fois, sur le rempart, du côté du jardin
de la Barnabon.

ERNEST d'HERVILLY.

Gazette èt la imalxi

Est-il rien d'ennuyeux à faire comme les réclames, — en-
core que celles-ci soient méritées par le Talent et approu-
vées par le Succès

Quand je vous apprendrai, par exemple, que tout le monde
lit, en ce moment, Jack, d'Alphonse Daudet, Le Beau Soli-
gnac, de Jules Claretie, et Hélène Brunet, d'Henri Morel, vous
vous demanderez certainement si l'intérêt ou l'amitié n'ont
pas dicté mon boniment...

Pourtant, si j'excepte ses livres et son théâtre, je ne con-
nais d'Alphonse Daudet que ses cheveux...

Si l'œuvre et la personne de Jules Claretie me sont égale-
ment sympathiques, m'est avis que nous ne cousinons point
en matière de,politique...

Et, quant à Henry Morel, — qui ne se plaindra pas, je
suppose, de la compagnie dans laquelle je le place, — je
crois que nous avons collaboré jadis.,.

Or, dans les habitudes de la vie littéraire, ne serait-ce pas
une raison pour moi de lui en vouloir mortellement dès
l'instant qu'Hélène Brunet est en train d'arriver — sans tam-
bour ni trompette — à un chiffre d'éditions que n'ont point
atteint les Femmes de France, de lui et de votre serviteur ?...

A ce propos, je me rappelle qu'il y a quelques années, un
pauvre diable, coupable d'un volume de vers, parcourait
tous les bureaux de rédaction des journaux de Paris, —
son ouvrage à la main, — implorant pour ses alexandrins
la faveur d'un entrefilet.

Par malheur, on redoute les vers aujourd'hui, — quand
ils ne sont pas de Mérat, de Coppée» de Sully-Prudhomme
ou de d'Hervilly, — et le poëte essuyait de nombreux dé-
boires.

De guerre lasse, cependant, il finit par rencontrer — sur
le canapé éventré d'une feuille interlope — un bohème qui
consentit à accepter son travail et qui lui promit d'en
parler.

L'article parut. A plusieurs mois de là, le nourrisson des
Muses, abordant le rédacteur dans la rue, l'accabla de
plaintes amères. Le compte rendu n'avait pas fait acheter
un seul exemplaire de l'ouvrage !

— Vous vous trompez, se récria le plumitif.'

— Comment?

— Ça m'a fait vendre à un de nos abonnés celui que vous
m'aviez donné.

Nouvelles à la Main.

Un joli mot d'enfant terrible :

M. X..., auteur dramatique, a une petite fille qui assistait
à la seconde représentation de l'une de ses comédies.

Lorsque le rideau tomba, l'enfant — surprise — ques-
tionna :

— Maman, est-ce que c'est fini?

— Certainement. Nous allons partir.

— Mais non, petite mère, tu te trompes i puisqu'on n'a
pas sifflé comme hierl

Série de calembours de carême sur les sept jours de la
semaine :

« Lundi, :,—; l'autre mardi : ~ aimes4u le mercredi ? — Moi
jeudi ce que mon vendredi : — Same-dimanche. »
Traduction en langue vulgaire :

« L'un dit, — l'autre m'a redit ; — Aimes-tu le maigre,
s ? — Afoi, je dis ce que mon ventre dit : — Ça me dit :

dis?

Mange. »

On cause de l'interminable procès Bibesco-Beauffremont,
Quelqu'un annonce :

— La séparation de corps et de biens a été prononcée...
Une dame iuterroge :

— Qu'est-ce que c'est dohe que cela, la séparation de
corps et de biens ?

Madame, c'est le sacrement de l'adultère.

Académie nationale de musique et de danse

Excellents débuts de M. Boudouresque dans les Huguenots.
M. Boudouresque, qui est du midi, —son nom et son accent
l'Indiquent, —■ et qui possède une assez bonne voix de
basse, est appelé à remplacer M. Belval, dont la démission
vient d'être acceptée. Infortuné M. Belval ! Il a eu son
temps, cependant. L'anecdote suivante en fait fol ;

Un monsieur, doué delà plus affligeante surdité, s'en fut,
— voici tantôt quinze ans, — muni de son cornet acousti-
que, chez un médecin spécialiste et lui tint à peu près ce
langage :

— Docteur, je suis cruellement affecté. Croirioz-vous qu'il
m'arrive de prendre l'explosion d'un canon de fort calibre
pour le bruit d'une porte qui se referme ? Voyons, il faut
donc renoncer à tout espoir de guôrison?

— Il y aurait peut-être encore un moyen...

— Lequel ?

— C'est qu'il est violent.

— N'importe. Parlez, parlez de grâce !...

— Eh bien, la seule chance qui vous reste, c'est...

— C'est ?...

— C'est d'aller entendre, dans Robert le Diable, M. Belval à
l'Opéra.

Quoique cette proposition ne lui parvînt qu'affaiblie par
son infirmité, le malade sauta sur sa chaise....

— Réfléchissez, fit le médecin. Si l'instrument de M. Bel-
val, joint à la musique de la pièce, ne vous produit aucun
effet, l'ouïe est perdue à tout jamais....

— Je vous obéirai, docteur. Mais vous m'accompagnerez,
n'est-ce pas ?...

— Si cela vous fait plaisir.

Les voilà assis à l'orchestre de l'Opéra. Robert commence,
Belval chante le premier acte. Le docteur examine avec
anxiété la figure de son compagnon....

Celui-ci ne bouge pas et ne souffle mot....

Pendant le deuxième acte, même immobilité et même si-
lence....

Arrive le tableau du monastère, Bertram entre en scène.
Il entonne avec les cuivres :

Nonnes qui reposez
Sous cette froide pierre

Aussitôt le malade se lève et crie avec joie au docteur ;

— Mais j'entends, mon cher, j'entends !...

A son tour, le médecin demeure immobile et muet....
C'était lui qui était devenu sourd !!!

Le ballet reste stationnaire. Ni ouvrages, ni visages nou-
veaux. L'autre soir, on donnait la Source, — la simpiternelle
Source. La Sangalli ne dansait pas. Quelques coryphées se
trémoussaient. Les abonnés jasaient....

L'un d'eux, indiquant à son voisin une de ces ballerines
de seconde catégorie, — assez gentille élève, du reste, mais
grande, disgracieuse et maigre à justifier le mot de Mabille
qui prétendait que l'arrosoir du foyer de la danse ne sert
qu'à faire pousser des asperges :

— Expliquez-moi pourquoi on nous exhibe toujours cette
demoiselle.

Le voisin, qui ne manque pas d'esprit:

— Parce que tout ballet doit avoir son manche.

Musique de genre.

Succès du carnaval, aux Folies-Dramatiques, avec Fleur
de Baiser, — une farce un peu épaisse, un peu vulgaire, un
peu triviale, saupoudrée de gros sel, de poivre rouge et de
kari par MM. Alexandre Junior et Henri Chabrillat, et rele-
vée par M. Cœdès d'airs guillerets et ravigotants. Car M. Cœ-
dès est devenu le maestro Jacques de la maison. Ce Cantin
est insatiable. Il a Lecoq, il a Hervé, il a Jonas, il a Litolff,
— et, comme Chollet chantait dans Zampa :

Il faut Cœdès à ses lois!...

Succès de carême, au Théâtre-Taitbout, avec la Contessina

des signori Esçudier et Ricci. Le livret n'est pas neuf ; mais
la partition est consolante, ~ et M1U E. Breton la vocalise
agréablement.

A la Gaieté, new-attraction avec Thérésa dans le rôle de
Popotte, du Voyage dans la Lune. Nous trouvons, dans la
boîte du Journal, le sonnet suivant adressé à la Patti des
bocks. Faisons acte de probité on le déposant chez le com-
missaire :

Venez tous regarder la diva populaire I
Ecoutez ses refrains ! Écoutez ses chansons !
Elle cliante, il est vrai, toujours mêmes flonflons ;
Mais sa voix «ait toujours un moment nous distraire.

Autrefois, au concert, elle savait nous plaire ;
Le titi, le bourgeois admiraient ses façons ;
Aujourd'hui, la Gaité augmente ses moissons ;
l'écu tombe en sa caisse, — et le monde lunaire

Compte ainsi dans ses rangs la charmante diva.
C'est Thérésa qui vient ! C'est Thérésa qui passe !
Accourez, spectateurs, et criez tous : Brava!

Ceux qui ne l'ont pas vue, accourez près du ehar !
Vous verrez Christian aveeLZulma Bouflar...
Accourez, ou, bientôt vous n'aurez plus de place.

Mu* Thérésa peut faire réclamer cette poésie légère chez
le magistrat de police du quartier des Arts-et-Metiers. Elle
la reconnaîtra au hiatus du septième vers.

Au foyer de la Gaieté.

On parle voyages, villes lointaines, géographie...
Grivot demande à MIle Godin :

— Sais-tu seulement ce que c'est que Rome?

— Tiens ! parbleu ! Borne, c'est la capitale de la Jamaïque!

STAR.

En vente chez tous les libraires

BEAU VOLUME IN-16 JÉSUS.
Prix : 1 Franc

BIOGRAPHIE

COMPLÈTE

DES

300 SÊNATE

Par UN DÉPUTÉ

Cette biographie, bien qu'elle soit la première en
vente, est néanmoins absolument complète. Les lecteurs
des journaux, les électeurs, les hommes politiques, tous
ceux enfin qui s'intéressent aux actes des élus du 30
janvier voudront connaître leur passé politique.

Pomî- recevoir le yolume franco de port, il suffit d'envoyer
i fr. 25 en timbres-poste au directeur de la Librairie illustrée
16, rue du Croissant.

Petite Gazette

VIENT DE PARAITRE
En vente chez tous les Libraires

DISCOURS PRONONCÉ A LYON

PAR M. GAMBETTA

4 PAGES IN-FOLIO - PRIX : 5 CENTIMES

TARAT tabletterie, â céder, au Palais-Royal ; bail 10 •
1 AD/lll, loy. 800 fr. Gérance, 1,400 fr. affaires 200 f p i'
Prix : 6.000 fr. Facité. M. Châtelain, rue Saint-Honoré, 40. *■

IPIfFIHï1 vins, à céder, belle encoignure; bail, 10;
M lliMUflj, loy., 1.800 fr. ; af. 150 f. p. j. prouvée de-
puis 10 ans d'exploitation et fortune ; facilités pour paver.
M. Châtelain, rue Saint-Honoré, 40.

T A il 1 f tabletterie à céder au boulev. Montmartre.
1 AllAlf, bail, 15; gér., 1.200 f.; af.400f. p. j.; pr. : 25,000,
I acihte pour payer, position agréable pour dames du monde
M. Châtelain, rue Saint-Honoré, 40.

La Presse républicaine recommande à ses lecteurs un petit
volume in-18 que vient de publier la librairie Sandoz et
Fischbacher, 33, rue de Seine, à Paris, sous le titre :
Reflexions diverses, par P. Branda (I vol. in-18. Prix :
i franc. (Jinvoi franco par la poste.) Se trouve aussi en
vente chez tous les libraires).

C'est une œuvre essentiellement libérale qui, par son
esprit fin et caustique, frappe vivement l'imagination, et
qui est destinée à produire le plus grand bien en faveur de
la cause républicaine.

Au Grand Cirque Américain de M. Myebs , débuts
du dompteur John Cooper avec ses sept lions, et des
incomparables Midger Hanloy dans leurs exercices
extraordinaires de gymnastique.

FRÉDÉRIC HENNEQUIN

Professeur de Topographie.
43, rue de Verneuil.

Cours et Conférences militaires.

Exercices sur le terrain.
S'adresser : 43, rue de Verneuil, à Paris.

20, rue Bergère, Paris.

UNIVERSEL

Jouraul quotidien, politique et littéraire.
UN NUMÉRO, PARIS ET DÉPARTEMENTS:

10 CENTIMES 10

Trois mois : 12 fr. | Six mois : 24 fr. ] On «n : 48 fr,

PRIMES GRATUITES AUX ABONNÉS

Proportionnées à la durée de l'abonnement :

55 Volumes BALZAC 55 Volumes

LA NORMANDIE

De JiULHS J»J1«.

LA BKSTACtNB

Coûtant en librairie s« fr.

fllSTOIRE CONTEMPORAIN

De 1830 «l 1870
12 volume»
Coûtant en librairie •» fr.

Tout abonné recevra gratis l'Illustration de là Mode.

ij-—-->-,-

Insensibilisateur Duchesne. — Guérison, extraction ®t

pose de dents sans douleur, 45, rue Lafayette.

'■imi..i.mj__________inwnni—iirrwft.,ui_ mu, ,, i - i, , m, _ , ,___j_LLi^UW

Le Gérant : le rbvéreiïp.
PmI».— Imp. F. debons at C>», 18, ne du Croiiaftat,
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen