L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE

■2 Juillet L876.

CHRONIQUE DU BIEN

En ouvrant ses colonnes à une « chronique du
bien » le Petit Journal a eu une idée excellente et qui
ne saurait être trop imitée. Nous voulons, nous
aussi, ranger de temps en temps sous cette rubrique
les actes méritants dont nous aurons eu connais-
sance. Il est doux d'employer sa publicité à célé-
brer les vertus modestes et à en faire pénétrer le
sentiment dans les foules.

Hier, au mo-
mentoùle sieur
X... allait en-
trer à VUnivers
pour y prendre
un abonnement
il en a été em-
pêché à temps
par un passant
qui venait de
soupçonner son
funeste projet.
Le sieur X...
donnait depuis
quelques jours
des signes ma-
nifestes d'alié-
nation mentale.
Il a pu être ra-
mené sans quit-
tance à sa fa-
mille inquiète.

Un monsieur
qui avait cin-
quante francs à
toucher dans
une de nos mai-
sons de banque
s'est aperçu, en
quittant le gui-
chet, qu'on ve-
nait de lui re-
mettre, par mégarde sans doute, pour cinquante
mille francs d'emprunt ottoman. Il aurait pu s'ap-
proprier cette somme considérable, mais il n'hésita
pas à la rendre aussitôt, en demandant modeste-
ment ses cinquante francs.

De pareils traits de probité se passent de commen-
taires.

Désespéré de voir son père en proie à de perpé-
tuelles insomnies, le sieur II... eut l'idée généreuse
de l'entraîner à l'Opéra. Malgré l'exiguïté de ses
ressources et la souffrance qu'il devait personnelle-
ment s'imposer, il n'hésita pas à louer deux places
pour Sylvia.

i.'homme du jour.

A peine H... père avait-il vu un acte et demi du
nouveau ballet, qu'un sommeil profond et répara-
teur s'emparait de lui. Il a fallu le secouer très-
vivement à la fin de la représentation pour pouvoir
l'emmener.

M. H... est heureux d'indiquer ce moyen aux
malades sur lesquels le chloral est sans effet.

Il y a quelques jours, M. Buffet suivait un des
trottoirs de la rue Saint-Lazare. Dans la direction
opposée s'avançait une jeune femme dont la roton-
dité abdominale annonçait suffisamment l'état. Elle

ne voit pas en-
core la figure
louche qui lui
fait face ; mais
d'un moment à
l'autre ses re-
gards vont la
rencontrer...

Un passant
juge la situation
d'un coup d'œil:
il pense à l'ave-
nir du petit être
que la jeune
femme porte
dans son sein ;
son cœur se
trouble. Rapide
comme la pen-
sée, il s'élance
entre les deux
piétons près de
se croiser, et,
dans la crainte
de ne pas les
masquer assez
l'un à l'autre, il
ouvre tout
grand son para-
pluie.

Ainsi proté-
gée, la jeune

femme passe souriante, insouciante du péril au-
quel elle vient d'échapper ; mais ce trait qui, pour
elle, est resté inaperçu, ne l'a pas été pour nous, et
nous sommes heureux de rendre ici un chaleureux
hommage à son auteur.

Castagxette.

FABLE COUP DE POING

UN SCÉLÉRAT JUGÉ PAR L'HISTOIRE

Ce Napoléon III qui régna sur la France,
L'auteur de nos malheurs et de notre souffrance,
Etait un homme affreux de meurtre et de hasard.

MORALITÉ

Il faut rendre à César...

II. B.