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L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré — 9.1876

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https://doi.org/10.11588/diglit.6770#0112
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8 *

L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

2 Juillet 1876.

quelques vizirs du côté de la Corne-d'Or, ou si l'Aca-
démie tiendra séance ; mais Versailles peut nommer
le général Trochu sénateur inamovible si bon lui
semble, les Dardanelles peuvent engloutir tous les
sultans du monde, l'Académie peut recevoir le Fidèle
Berger lui-même à la place de M. Boissier, aucun de
ces événements ne distraira Paris de la seule chose
qui puisse sérieusement l'intéresser : le déménage -
ment de M110 Sarah Bernhardt.

MUe Sarah Bernhardt, sculpteur, peintre, et socié-
taire de la Comédie-Française, occupait un atelier sur
le boulevard de Clichy, dans une de ces grandes
maisons vitrées du haut en bas qui reçoivent, par
leurs larges baies, le plein jour et le l'ranc soleil.
Dans cette « Childebert » de bonne compagnie,
Charles Jacque a installé ses petits moutons, Diaz
ses printemps encadrés, et Feyen-Perrin ses plus
jolies Cancalaises.

Elle quitte ce milieu charmant. Elle déserte le
quartier de la Nouvelle-Athènes, pour aller occuper
un atelier qu'elle s'est fait construire, avenue de
Villiers, plus près des jeunes, de Détaille, de Berne-
Bellecour. Dans cette nouvelle demeure, une place
d'honneur est réservée au groupe qui a obtenu une
récompense au Salon et que l'artiste a refusé de
vendre.

J'ai lu beaucoup d'éloges, quelques méchancetés
et une ou deux infamies écrites à propos de ce
groupe, mais personne n'aje crois, raconté comment
le sculpteur avait été amené à le composer.

L'été dernier, M"° Sarah Bernhardt alla faire un
voyage en Bretagne. Un jour qu'elle se promenait
près de la baie des Trépassés, elle rencontra sur la
plage, une femme sordide, effrayante, une pauvre
vieille, aux mèches grises, dont l'œil étrangement
fixe faisait frissonner.

L'artiste s'intéressa à cette misère. Elle voulut
savoir quelle était cette femme. On lui conta une
histoire bien simple et bien triste : mère de trois
enfants, trois beaux marins, la pauvre vieille avait
perdu son aine pendant la guerre. Le second était
mort en faisant un voyage au long cours. Le plus
jeune resta seul, aimé, choyé, caressé pour trois.

Mais les baisers ne sont pas toujoursdes talismans.

Après une tempête furieuse de l'hiver dernier,
une des plus grandes colères du flot, la mer tueuse,
farouche, lui jeta sous les yeux, sans pitié, le cada-
■ vre de celui-là.

Ces trois deuils successifs brisèrent le cœur et la
raison de la maiheureuse.

Dans sa folie, elle avait au moins une consola-
tion. Elle ne croyait pas à la mort du dernier. Elle
le voyait toujours dormant dans la bière, sous les
eaux calmes, et quand on lui donnait du pain, elle
en jetait une partie à la vague :

— Pour le petit, disait-elle doucement.

Voilà ^histoire du groupe sculpté par Mlle Sarah
Bernhardt. J'en conterai de plus gaies une autre
fois.

g. z.

MOTS DE LA FIN

Un écho d'Alsace-Lorraine qui prouvera que,
malgré leur casque à pointe, les Prussiens n'ont pas
encore pénétré bien avant dans le cœur des popula-
tions conquises.

Un inspecteur allemand vint visiter récemment
une école primaire d'une commune près de Stras-
bourg.

Il commença par examiner les élèves sur la reli-
gion, et entama le chapitre de la vie future.

Pour rendre sensible aux enfants l'idée d'un
monde à venir, il leur expliqua longuement que
l'homme a deux patries.

L'une, disait-il, est celle dans laquelle nous vivons
maintenant et où nous sommes soumis à toutes sor-
tes de tribulations, une patrie dans laquelle nous
ne faisons que passer ; l'autre, c'est celle où nous
arriverons un jour, où nous serons véritablement
heureux, vers laquelle doivent tendre tous nos
vœux ; toute notre existence, ajouta-t-il, doit être
consacrée à gagner un jour cette véritable patrie, et
à nous rendre dignes d'y entrer.

Quand l'inspecteur crut avoir suffisamment délayé
cette idée, il demanda aux petits :

— Maintenant qui d'entre vous peut me dire quelle
est cette seconde patrie à laquelle vous devez cons-
tamment aspirer 1

Toute la classe se leva :

— Moi, Monsieur !

— Moi !

— Moi!... Moi!...

— Eh bien ! quelle est cette patrie ?

— La France ! réplique l'école en chœur.
Tète de l'examinateur.

On assure que l'instituteur a été changé de rési-
i dence.

Un Prussien entra l'autre jour dans le grand ma-
gasin de faïences et verreries de la rue Drouot, qui a
si longtemps figuré dans les manchettes du Fi-
garo.

En choisissant quelques objets, l'Allemand avisa
tout à coup une de ces pendules en porcelaine qui
sont de mode depuis quelque temps.

— Comment, dit le Prussien émerveillé, on fait
tonc des bentules en borzelaine maindenant?

— Mais oui, Monsieur,depuis la guerre.

— Et bourquoi tebuis la guerre ?

— Oh! Monsieur, parce que c'est fragile et très-dif-
ficile à emporter.

tout le monde.
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