L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré (9.1876)

ti'i

L'ECLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE

27 Août 1S76.

que parlementaire est de casser des carreaux et de
faire des « scènes, » comme les femmes mal élevées
et les législateurs de cabaret.

Loin de redouter les étrivières, ils les provoquent;
c'est un moyen de percer dt de se rendre intéres-
sants dans leur parli. Frappe/! j'ai lii.is curants à
nourrir. Frappez! j'ai une fin de mois livs-chargée.
Nous regagnerons la considération par le scandale,
nous nous relèverons par l'aplatissement. Si l'on
nous traîne tout à fait dans la noue, nous devenons
d'uii seul coup célèbres et notre fortune politique
est faite.

On dit que les anciens de la faction n'approuvent
pas cette stratégie de casseur d'assiettes. Ils sont
bien difficiles! Ont-ils oublié leur propre tradition
et ne se souviennent-ils plus que leur parti s'est
toujours élevé par le cynisme, la violence et l'ef-
fronterie?

Un bonapartiste, qui cultive le genre bucolique,
M. Laroche-Joubert, un Bertron méconnu, celui
qui veut faire le bonheur du « plus grand nom-
bre » (avec l'empire, qui faisait le bonheur du
plus grand nombre en fusillant les ouvriers), a
découvert ingénieusement que l'instruction est pré-
férable à l'ignorance. Il ne va pas jusqu'à deman-
der l'instruction gratuite et obligatoire ; il s'en tient
aux moyens pratiques, et il vient de déposer un
projet de loi qui permettrait à tout citoyen d'ap-
prendre à lire aux enfants de son voisinage. Ne di-
rait-on pas que cette chose si simple est interdite
sous peine de mort!...

0 Laroche! ôJoubert! vous venez, sans vous en
douter, de réinventer l'art ancien d'enfoncer les
portes ouvertes!

Mais pourquoi donc, manufacturier philanthrope,

ami des messes, pourquoi donc, si vous vous inté-
ressez tant à l'instruction du pauvre peuple, avez-
vous voté pour la suppression de l'article qui oblige
les manufacturiers à accorder aux enfants qu'ils
emploient quelques heures pour recevoir l'instruc-
tion élémentaire ?

Telle est la morale, telle est la sincérité des mysti-
ficateurs bonapartistes.

Un monsieur qui est tout à fait dans ses petits
souliers, c'est le prince Milan, de Serbie. Il file,
comme on dit, un mauvais coton. Son territoire est
entamé par les Turcs, et il est probable qu'avant
peu de temps lui-môme sera complètement perdu ;
du moins son peuple, car, quant à lui, prince de
Serbie, il ne lui en coûtera ni un cheveu de la tète,
ni un écu de la poche.

Les petits ne sont-ils pas toujours là pour payer
les sottises des grands ?

Ce jeune homme, qui .s'entend à la guerre comme
vous et moi à dire la messe, a voulu, lui aussi, se
donner le genre d'aller « à Berlin, » — c'est-à-dire
à Gonstantinople.

Le résultat de cette aventure, c'est que la Serbie
sera dévastée et noyée de sang, comme la Bul-
garie.

Admirable stupidité des peuples ! jamais ils ne se
lasseront d'être menés à la boucherie par leurs
pasteurs.

'~R_atapoil.

VIE ET AVENTURES DE CÉSARIN JOLI-COCO (Suite).

l'uis voter pour le plébiscite... des
deux mains;

Puis, u'écoutant que son patriotisme, annoncer
vigoureusement sa prochaine entrée à Berlin.

I,o 4 septembre, il l'ut aperru prenant le
train de Bruxelles, prouabiement pour rai-
wons de santé.