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encore dans le mystère, la tourner de plus en plus vers le dedans. Les
statues de Tello ne sont pas des dieux, ni des symboles, elles n’ont
de mystérieux que leur antiquité et ce silence qui pèse sur les vieilles
pierres quand on les retrouve au milieu des petites vies souterraines.
C’est l’image d’un prince constructeur, une règle sur les genoux.
Comme en Égypte, sans doute, les corps décapités sont raides, des
plans rigides les arrêtent en figures rectangulaires, les membres ne
s’en détachent pas, mais les épaules ont une carrure terrible et les
mains, au lieu de reposer sur les cuisses dans l’abandon de la pensée,
sont jointes et serrées fortement, comme pour mettre en évidence les
articulations des os, le relief mouvant des muscles, les plis, le grain
rude de la peau. Deux têtes, trouvées près d’elles, ont la même énergie.
On dirait des rochers naturels roulés par les eaux, tant elles sont
compactes, cohérentes et d’une rondeur soutenue.
Par les traits du visage, la Mésopotamie primitive était cependant
la sœur de la plaine du Nil. Le Tigre et l’Euphrate dont les alluvions
nourrissent sa terre centuplaient les contacts de leurs eaux avec ses
assises profondes par des centaines de canaux entre-croisés autour des
cultures. Couvertes de palmiers, de dattiers, de champs de froment et
d’orge, toujours en moissons, toujours en semailles, elle était l’Éden des
légendes bibliques, le grenier de l’Asie occidentale à qui ses caravanes
et ses fleuves apportaient les fruits et le pain. Par le golfe Persique,
elle lançait ses flottes sur la mer. Mais renouvelée par les tribus qui
descendaient des hauts plateaux, communiquant par ses fleuves avec
les océans du sud, avec l’Arménie, avec la Syrie qui borne la mer euro-
péenne, environnée de peuples plus mûrs, plus accessibles, elle resta
moins fermée que l’Égypte et ne se consuma pas comme elle à sa
propre flamme. A l’est, elle féconda les empires médo-persiques et
par eux pénétra dans l’Inde et jusqu’en Chine. Au nord, elle se pro-
longea par l’Assyrie jusqu’à l’aube des civilisations modernes. A
l’ouest, elle anima la Phénicie qui lui ouvrit la route de la vallée du
Nil et du monde de l’archipel.
Enfin, la théocratie chaldéenne restait probablement plus près
des sources primitives que la caste sacerdotale qui gouvernait les
peuples du Nil. C’est en Chaldée qu’était née l’astronomie à qui les
hydrauliciens et les architectes apportaient les armes infaillibles de
la géométrie et de la mécanique. C’est au cours de ses nuits écla-
antes où la terre ne cesse pas de rayonner parce que le ciel est sans

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