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I
La sculpture philosophique naît de la liberté et meurt par elle.
L’esclave, en Assyrie, a pu décrire fortement ce qu’on lui per-
mettait de regarder, il a pu donner de la forme, en Égypte, une
définition arrêtée comme la discipline qui le courbe, nuancée et
émouvante comme la foi qui le soutient. Seul l’homme libre animera
la loi, prêtera à sa science la vie de son émotion et trouvera dans son
esprit le sommet du flot continu qui l’attache à l’ensemble des choses
jusqu’au jour où sa science tuera son émotion.
L’artiste en général s’effraie des mots, quand il ne devient pas
leur victime. Il a raison de se garder d’écouter, et surtout de suivre,
le philosophe professionnel. Il a tort d’avoir peur de passer pour un
philosophe. Si nous n’avons pas le droit d’oublier que Phidias sui-
vait les entretiens d’Anaxagore, nous reconnaissons qu’il eût pu, sans
inconvénients, ignorer la métaphysique. Il regarda la vie avec sim-
plicité, mais ce qu’il sut en voir développa en lui une si lucide intelli-
gence des relations qui en font, pour l’artiste, l’unité et la continuité,
que les esprits généralisateurs purent dégager de son œuvre les élé-
ments de la méthode dont le monde moderne est sorti. Phidias, à
leur insu sans doute, a formé Socrate (i) et Platon en matérialisant
pour eux dans le plus clair, le plus véridique et le plus humain des
(i) Il faut se rappeler que Socrate a été sculpteur.

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