Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L’ANCIEN

ORIENT

I
Ici, entre les deux vieux fleuves qui vont se perdre dans la mer
brûlante après la traversée des solitudes, il n’y a plus que des
monticules informes, des canaux comblés, quelques pauvres vil-
lages. Le sable a tout recouvert. Il n’a sans doute pas beaucoup plus
d’épaisseur au-dessus des palais chaldéens disparus qu’autour des
temples nilotiques encore visibles à sa surface, et les Grecs devaient
exagérer quand ils donnaient deux cent mille ans d’ancienneté à la
civilisation babylonienne. Mais la matière des murailles était moins
dure et l’abandon des hommes fut plus complet. Et puis qu’importe?
Le vrai berceau de l’âme humaine est partout où nous pouvons recon-
naître le visage de notre premier espoir.
Et pourtant qu’il est mobile ce visage ! Là rayonne un inépuisable
foyer d’aspirations contemplatives, ici se concentre la rigoureuse
volonté d’atteindre le but visible et pratique et de ne pas le dépasser.
Les statues que recouvraient les dunes, avec les ruines de Tello,
portent le témoignage d’un esprit infiniment plus positif, sinon plus
sûr de lui, que ne le fut jamais l’esprit de l’Égypte, même au temps du
Scribe accroupi, leur contemporain à quelques siècles près, ce qui,
dans le vieil Orient, compte à peine pour des années. L’Égypte, à
ce moment-là, avait construit probablement les Pyramides, donné
à un rocher le visage d’un sphinx, et l’âge suivant allait l’enfoncer

“ 55 —
 
Annotationen