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langages, les rapports mystérieux qui donnent la vie aux idées.
L’esprit philosophique, on le voit naître au début du Ve siècle,
encore hésitant, étonné du jour, avec Y Aurige, avec les statues d’^zzze.
La science sculpturale, qui n’a point à copier la forme, mais à établir
les plans qui nous révèlent sa loi de structure profonde et ses condi-
tions d’équilibre, la science sculpturale est constituée. L’Jari^ est
droit comme un tronc d’arbre, charpenté par dedans, défini par tous
ses profils. C’est un théorème de bronze. Mais dans les plis de sa robe
rigide, dans ses étroits pieds nus plaqués au sol, son bras nerveux,
ses doigts ouverts, dans ses épaules musculeuses, son cou large, ses
yeux fixes, son crâne rond, une onde circule, lente, qui par saccades
un peu raides tente de faire passer d’un plan à l’autre les forces de vie
solidaires qui les ont déterminés. Mêmes surfaces implacables, mêmes
passages durs dans les guerriers d’Egine, avec quelque chose de
plus : ce chemin abstrait allant d’une figure à l’autre, à travers le vide,
et faisant un tout continu, encore gêné et sans souplesse, et comme
mécanique, mais où le sens des relations s’éveille irrésistible, fleur
demi-close et ferme qui veut s’ouvrir.
Tout se tient. L’évolution plastique, l’évolution morale montent
dans un même flot sûr. Anténor a déjà dressé les Tyrannicides sur
l’Agora, les mythes symboliques se déroulent autour de la frise des
temples, et les grandes guerres nationales mêlent, aux frontons
d’Égine, les divinités et les soldats. L’athlète va devenir l’homme,
l’homme le dieu, en attendant que les artistes, après avoir créé le
dieu, trouvent en lui les éléments d’une humanité nouvelle. Polyclète
et Myron ont déjà pris à la forme du lutteur, du coureur, du cocher,
du lanceur de disque, l’idée de ces proportions harmonieuses qui défi-
niront le corps masculin le mieux fait pour sa fonction de force,
d’adresse, d’agilité, de grâce nerveuse, de calme moral réunis. Au
dorien Polyclète la puissance rude et ramassée, l’harmonie virile au
repos. A l’Athénien Myron l’harmonie virile en mouvement, la
vigueur des plans musculaires qui s’étalent dans un vibrant silence,
quand les tendons contractés bossèlent la tête des os, quand les sillons
au fond desquels reposent les nerfs et les artères faits pour répandre
l’énergie, se creusent au moment de l’effort entre les aponévroses
bandées. L’un établit du corps humain l’architecture profonde, sa
force de colonne nue, son apparente symétrie que le geste et le modelé
brisent à peine, pour introniser le théorème dans la sensation. L’autre

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