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des groupes pittoresques qu’il isolera peu à peu. La forme, l’esprit
qui fleurissaient jusqu’alors dans la même expression totale, s’écartent
l’un de l’autre irrésistiblement. Le spiritualiste fouille le corps pour
en arracher l’âme, le sceptique n’y cherche plus que des satisfactions
sensuelles. Vers ces temps-là, on avait construit un petit temple sur
l’Acropole, pour y loger une Victoire aptère. Mais les Victoires exté-
rieures qui s’étaient abattues sur lui avaient gardé leurs ailes. Elles
allaient quitter Athènes.
La sculpture grecque passe pour avoir méconnu la vie intérieure
avant le IVe siècle. On pourrait rappeler que, dès l’époque archaïque,
il y a des statues, comme la Femme Samienne, comme telle Orante
de l’Acropole, dont le visage fait penser à celui des vierges gothiques,
par cet enchantement naïf à vivre qui l’illumine du dedans. Mais la
question n’est pas là. On croit trop généralement que la pensée ne
peut habiter ailleurs que dans la tête du modèle. Or, elle est tout
entière dans la tête de l’artiste. La qualité intérieure d’une œuvre se
mesure à la qualité des relations qui unissent ses éléments et par-
viennent à assurer la continuité de l’ensemble. Et nul art ne fut plus
intérieur que celui du Ve siècle. Tout est modelé de dedans en dehors.
Les surfaces, les mouvements, les vides mêmes, tout est déterminé
par le jeu des puissances profondes qui passent de l’artiste dans la
matière comme le sang du cœur dans les membres et le cerveau.
Mais il est vrai que dans une société relativement libre, intelligente,
où les degrés de la hiérarchie sociale étaient très rapprochés, qui
vivait sur un sol indulgent, dans un air salubre, près d’une mer fleurie,
les êtres n’avaient pas les uns des autres un besoin très impérieux.
L’expression moyenne de l’homme est une résultante du conflit quo-
tidien de ses passions et de sa volonté. Le sculpteur grec connut les
agitations sentimentales dont les reflets passent parfois sur les plus
fermes entre les visages humains. Mais c’est plus tard seulement,
avec la rupture définitive du rythme social, que ces reflets s’y impri-
mèrent en traces indélébiles. L’homme, que caractérisera alors un
corps déjeté et souffreteux, un visage hagard, se définissait, pour
Phidias, par un complet équilibre organique où le calme du cœur
se répandait dans l’harmonie de la structure générale, dont la face
tranquille ne constituait qu’un élément. La tête des femmes lapithes,
la tête de Thésée, celle de Peitho, de V Artémis du Parthénon expriment
une vie profonde, mais paisible. C’est comme une grande épaisseur

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