taient les navires, — les vases surtout qu’ils achetaient par grandes
quantités, — l’encouragement d’un effort parent du leur. En fait,
les manifestations les plus originales de leur art doivent toujours
quelque chose à la Grèce, et certainement par son intermédiaire, à
l’Assyrie et à l’Égypte.
Sans doute, à la longue, si Rome n’était venue en écraser le germe,
le génie étrusque eût-il profité du déclin de la Grèce pour se réaliser
au contact de sa terre. Elle est rude, torrents, forêts, montagnes,
très dessinée, très définie. Mais le paysan d’Étrurie, courbé sur le
sillon, ou l’œil sans cesse arrêté par les collines, n’avait pas l’horizon
libre qui s’ouvrait devant l’homme grec, trafiquant entre les golfes
et les îles ou berger sur les hauteurs. De là, dans l’art étrusque,
quelque chose de funèbre, de violent et d’amer.
Le prêtre règne. Les formes sont enfermées dans les tombeaux.
La sculpture des sarcophages où deux figures étranges, le bas du corps
cassé, le haut secret et souriant s’accoudent avec la raideur et l’ex-
pression mécaniques que tous les archaïsmes ont connues, les fresques
des chambres funéraires qui racontent des sacrifices èet des égorge-
ments, tout leur art est fanatique, superstitieux et tourmenté. Le mythe
et la technique viennent souvent des Grecs. Mais cela semble plus
près de l’enfer que les Primitifs de Pise peindront, vingt siècles plus
tard, sur les murs de Gampo-Santo, que des harmonies de Zeuxis.
Le génie toscan perce déjà sous ces formes bizarres, trop allongées,
quelque peu maladives, où la vigueur et l’élégance de la race n’ar-
rivent pas à vaincre son mysticisme énervé. Cependant une étrange
force, une vie mystérieuse en sourd. Ces sombres fresques ressemblent
à des ombres qu’on arrêterait sur un mur. Un tout-puissant génie
décoratif s’y révèle, un équilibre constamment poursuivi et comme
stylisé par l’apparente symétrie des gestes rituels, du vol des oiseaux,
des branches, des feuilles, des fleurs. Quelque chose comme une
danse, saisie au vol dans son rythme le plus fuyant.
L’Étrurie, en faisant l’éducation de Rome, fut l’étape intermé-
diaire de la civilisation dans sa marche de l’est à l’ouest. Les annales
matérielles de la République romaine nous renseignent peut-être
mieux sur le génie des Étrusques que sur celui de ses fondateurs.
La voûte, que les Pélasges ont apportée d’Asie et dont leur descen-
dance égéenne a doté la Grèce primitive, est transmise à Rome par
leur descendance italique. L’arc de triomphe romain n’est que la
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quantités, — l’encouragement d’un effort parent du leur. En fait,
les manifestations les plus originales de leur art doivent toujours
quelque chose à la Grèce, et certainement par son intermédiaire, à
l’Assyrie et à l’Égypte.
Sans doute, à la longue, si Rome n’était venue en écraser le germe,
le génie étrusque eût-il profité du déclin de la Grèce pour se réaliser
au contact de sa terre. Elle est rude, torrents, forêts, montagnes,
très dessinée, très définie. Mais le paysan d’Étrurie, courbé sur le
sillon, ou l’œil sans cesse arrêté par les collines, n’avait pas l’horizon
libre qui s’ouvrait devant l’homme grec, trafiquant entre les golfes
et les îles ou berger sur les hauteurs. De là, dans l’art étrusque,
quelque chose de funèbre, de violent et d’amer.
Le prêtre règne. Les formes sont enfermées dans les tombeaux.
La sculpture des sarcophages où deux figures étranges, le bas du corps
cassé, le haut secret et souriant s’accoudent avec la raideur et l’ex-
pression mécaniques que tous les archaïsmes ont connues, les fresques
des chambres funéraires qui racontent des sacrifices èet des égorge-
ments, tout leur art est fanatique, superstitieux et tourmenté. Le mythe
et la technique viennent souvent des Grecs. Mais cela semble plus
près de l’enfer que les Primitifs de Pise peindront, vingt siècles plus
tard, sur les murs de Gampo-Santo, que des harmonies de Zeuxis.
Le génie toscan perce déjà sous ces formes bizarres, trop allongées,
quelque peu maladives, où la vigueur et l’élégance de la race n’ar-
rivent pas à vaincre son mysticisme énervé. Cependant une étrange
force, une vie mystérieuse en sourd. Ces sombres fresques ressemblent
à des ombres qu’on arrêterait sur un mur. Un tout-puissant génie
décoratif s’y révèle, un équilibre constamment poursuivi et comme
stylisé par l’apparente symétrie des gestes rituels, du vol des oiseaux,
des branches, des feuilles, des fleurs. Quelque chose comme une
danse, saisie au vol dans son rythme le plus fuyant.
L’Étrurie, en faisant l’éducation de Rome, fut l’étape intermé-
diaire de la civilisation dans sa marche de l’est à l’ouest. Les annales
matérielles de la République romaine nous renseignent peut-être
mieux sur le génie des Étrusques que sur celui de ses fondateurs.
La voûte, que les Pélasges ont apportée d’Asie et dont leur descen-
dance égéenne a doté la Grèce primitive, est transmise à Rome par
leur descendance italique. L’arc de triomphe romain n’est que la
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