Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
Le christianisme, que les Grecs de Rome propageaient d'autre part
au moyen de l'image dans la nuit des catacombes, ne put ni purifier
ni éteindre ce foyer où se consumait, dans un bruit d'incendie, tout
ce qui restait de la sève antique en ses fruits empoisonnés. L'autocrate
byzantin, pour s'assurer l'appui des foules qui avaient répondu à
l'appel des apôtres de Galilée et rendu possible, en abdiquant leur
instinct révolutionnaire, l'avènement d'un régime social plus dur que
le premier, l'adopta dans sa lettre, et enjoignit aux prêtres de changer
les noms de leurs dieux. Ce fut tout. Les sophistes avaient dévoyé
l'esprit philosophique. Les conciles byzantins codifiaient la sophis-
tique.
Le schisme de 1054, qui sépara du pape l'Église d'Orient, fut la
consécration du schisme politique qui séparait l'Orient de l'Occident
depuis le partage de l'Empire. Chacune des moitiés du vieux monde
reprit désormais seule sa route vers la transformation et la refonte.
Le moule romain s'offre aux barbares au risque de se briser sous la
poussée de leurs désirs. L'hellénisme asiatisé domine l'Orient par
Constantinople jusqu'à ce que l'Orient l'asservisse par Stamboul. Les
icônes orthodoxes vont représenter l'idolâtrie grecque mourante
comme les icônes catholiques, quelques siècles plus tard, représente-
ront l'idolâtrie latine renaissante.
Quand on ouvre un de ces psautiers que les moines grecs, entre
les vie et xe siècles, enluminaient au fond des cloîtres, on s'aperçoit
bien vite que le christianisme est venu demander à l'idole grecque
qui meurt la consécration de la vie. Toute l'histoire du peuple juif
s'y transpose pour revêtir, sous les noms des divinités nouvelles, les
apparences de la mythologie des Grecs. David est Héraclès quand
il combat, et dès qu'il chante il est Orphée. La grande déesse est tou-
jours là, avec ses beaux bras, son beau visage et sa poitrine, dans le
paysage d'idylle des romans alexandrins. Au temps de la jeunesse de
Byzance, Alexandrie vit encore, la croissance de l'une et le déclin de
l'autre mêlent leurs voix confusément. Byzance, à qui l'Asie transmet,
par la Perse sassanide, l'esprit des hauts plateaux et de la contrée
des fleuves, est sensible par-dessus tout, parce que grecque, à l'apport
des artistes du delta du Nil qui lui révèlent, en même temps que le
portrait profond et maladif de l'Égypte hellénisée, le portrait aux yeux
insondables, leur industrie décorative, la mosaïque, les guirlandes
de feuillages, de fruits, d'amours et d'animaux, dont les peintres
pompéiens décoraient aussi les murs (1).
(1) Voir les origines multiples de l'Art de Byzance dans le Manuel d'art byzantin de
Charles Diehl.

— 94 —
 
Annotationen