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LE JAPON

I
LE Japon, il y a cinquante ans, n'était pas sorti d'un état social
qui rappelle celui du Moyen Age occidental. Les Daïmios se
partageaient l'Empire en quelques grands fiefs héréditaires.
Entre eux et le paysan, une caste guerrière, les Samouraïs, une caste
sacerdotale, les moines du Bouddha. Au-dessus l'Empereur que per-
sonne n'apercevait, l'intermédiaire mystérieux entre le ciel et les
hommes, et le Shogûn, chef réel du pouvoir politique et militaire et
maître des corps et des bras. Pour lier tout cela, une morale inébran-
lable. C'est notre société médiévale tout entière, moins candide et
plus policée (i).
Quand la révolution de 1868 fit crouler comme un décor l'appareil
féodal qui dissimulait aux yeux de l'Occident la vraie nature japo-
naise, l'Occident s'étonna de voir le Japon s'assimiler si vite la forme
extérieure des civilisations européennes. D'un bond, il franchissait la
route que nous avons mis quatre cents ans à parcourir. L'Occident ne
pouvait comprendre. Il crut l'effort disproportionné aux moyens, et
destiné à la faillite. Il prit pour une imitation servile l'emprunt d'une
méthode dont ses longues habitudes d'abstraction artistique et méta-
(1) C'est ce caractère médiéval gardé par le Japon social et politique jusqu'à la fin
du xixe siècle qui m'a décidé à placer ce chapitre tout entier, ainsi que tous ceux qui
traitent les arts non européens, dans le volume consacré au Moyen Age, qui est un état
d'esprit plutôt qu'une période historique. Il est pourtant à remarquer que l'individua-
lisme japonais tend, dès le xve siècle, comme en Occident, à se détacher de la synthèse
religieuse et philosophique qui caractérise l'esprit médiéval.

T. II.

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