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LA CHINE

I
L'Inde, c'est nous encore. Si le pessimisme grandiose qui donne
à sa langue plastique tant d'ivresse nous ouvre des régions de
nous-mêmes que nous n'avions pas explorées, il nous domine
dès l'abord, parce que le rythme de cette langue l'apparente secrè-
tement à toutes celles qui expriment l'optimisme occidental. En Chine,
au contraire, nous ne comprenons plus. Bien qu'enfermant le tiers des
hommes, ce pays est le plus lointain, le plus isolé de tous. Il s'agit là
d'une méthode qui nous échappe presque absolument, d'un point de
départ qui n'est pas le nôtre, d'un but qui ne ressemble pas au nôtre,
d'un mouvement vital qui n'a ni la même allure ni le même sens que
le nôtre. Réaliser l'unité de l'esprit, c'est à cela, sans doute, que le
Chinois tend comme nous. Mais il ne cherche pas cette unité sur les
routes où nous la cherchons.
La Chine n'est pourtant pas restée aussi fermée qu'on l'a dit. Elle
s'est incessamment mêlée à l'aryanisme, au point de produire, en
Indochine et au Thibet par exemple, des civilisations mixtes où
elle laissa les fleuves d'amour qui s'épanchaient de l'âme hindoue pé-
nétrer d'un peu d'ardeur inquiète et de désirs inconnus son âme
sérieuse, positive, bonhomme et rechignée. Elle a connu les mondes
les plus éloignés d'elle, les plus anciens. Rome, il y a deux mille ans,
trafiquait avec elle, la Chaldée, vingt siècles avant Rome, lui ensei-
gnait l'astronomie. Plus près de nous, l'Islam l'a touchée au point
d'amener à son dieu vingt ou trente millions de Chinois. Au xvie siècle,
après la conquête mongole, Pékin était peut-être la ville la plus cosmo-

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