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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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https://doi.org/10.11588/diglit.2794#0211
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«■ÇTV-v.-yv ,

2* Année. — N* 179.

PRIX

5 CENTIMES

Cliarlevillc, le 24 Avril 1916.

JOURNAL DES PATS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE POIS PAR SEMAINE

On s'abonne dans Vous les' bureaux dç posl*

nie * *

T*

Les Alliés contre les Neutres

Depuis le premier jour de la guerre européenne,
lc3 politiciens de l'Entente se sont fait une règle de
rejeter sur les autres la responsabilité de leurs propres
fautes. Oh sait avec quoi mépris de U vérité ils se sont
acharné à attribuer à l'Allemagne la culpabilité et
l'initiative de cette guerre qu'ils avaient conçue et
méthodiquement préparée.

Suivant eux, toules les horreurs qui furent les
conséquences inévitables de ce conflit gigantesque,
seraient autant de forfaits commis par les pays dont
l'unique crime, est de se défendre contre une coalition
de haine et de jalonne.

Mais le destin a ses cruelles ironies 1 II a voulu que
les calomniateurs s'infligent eux-mêmes, devant l'His-
toire, les plus cruels démentis. Il a permis que la petite
Grèce devînt le vivant exemple illustrant la fameuse
« protection » que le « NavaliBme » anglais ose offrir
aux petits pays. De jour en jour, i'étau de cette « solli-
citude » se resserre de plus en plus. C'est l'étrangle-
ment en douceur, qu'accompagne de ses protestations
de probité le chœur de la grande presse alliée 1

Ecoutons dans 1' « Echo de Paris », M. Jean Her-
bette, « grand initié » du Quai d'Orsay :

« Qu'il s'agisse de protéger la Grèce, ou d'empêcher,
que la Roumanie soit prise entre deux feux, le refrain
est toujours le même; «A vous, général Sarrail!»

Toujours le même prétexte hypocrite t Mais comme
il n'est que trop évident que le gouvernement grec
n'éprouve nul besoin de cette protection très spéciale,
on accuse simplement ce gouvernement légitime
d' « usurper u le pouvoir qu'il convient aux Puissan-
ces envahissantes de confisquer a leur profit 1 Laissons
continuer M. Herbette :

« Tant que l'autorité gouvernementale *it usurpée
en Grèce par un groupe d'hommes qui sont nos enne-
mis déclarés (/), noire armée d'Orient a-t-elle toute la
sécurité nécessaire pour jouez son rôle, a-t-elle le moyen
de se ravitailler et de se renforcer, comme il
convient ?» ....

Vous devinez la conclusion ? Tout ce que le com-
mandement de l'armée alliée jugera nécessaire, la
Grèce n'aura qu'à le subir) Qu'importe à 1' * Echo dt
Paris » ce que pense ce petit peuple sans défense x

« On dira peut-être : il faut ménager, l'opinion
grecque. Dissipons cette équivoque qui a trop doré (0»

Les journaux grecs qui osent protester sont pour,
M. Herbette de simples traîtres ;

« Si des malentendus menacent parfois de surgir,
entre une partie de l'opinion grecque et ia politique
des Alliés, c'est parce qu'il t'est Introduit entre elles
une influence ennemie (/) qui fausse tous leurs
rapports. Une presse officieuse, qui n'exprime pas 1a
véritable pensée grecque (/ ?), nous irrite chaque four,
par ses insultes. Des dirigeants, qui ne représentent
pas réellement leur pays, nous forcent à prendre des
mesures dont le pays risque de souffrir malgré nous.
Cessons de ménager ces corps étrangers (1) Toila la
vraie façon de ménager le peuple grec. »

Cette conclusion qui ouvre U porte à toutes les vio-
lences, n'est-elle pas un bijou d'insolence \

Il n'y a pas longtemps, la « Victoire a du gouver-
nemental Gustave Hervé (a mars), menaça d'assassinat
politique le tsar de Bulgarie, coupable d'avoir mis les
intérêts de son propre peuple au-dessus de ceux des
haineux onnemis de l'Allemagne.

Citons ce passage édifiant :

a Le four où le dangereux Allemand (!) qui règne

à Sofia disparaîtrait, le jour où cet homme____double-

ment haïssable comme ennemi de la France et con-
tempteur de la République française, trouverait la fin
tragique qu'il mérite, ce jour-là on verrait les Radvs-
lavof, les Theodorof et autres baudruches de la « Cour»
bulgare se dégonfler instantanément, n

Vous comprenez ce que cela veut dire ! C'est l'appel
à l'assassinat du souverain dans l'espoir de briser un
gouvernement légitime I

La cause dont les défenseurs n'ont pas honte de
recourir à ces moyens, est jugée !

Les gouvernements restés neutres, auxquels l'Alle-
magne n'a jamais demandé d'aliéner leur indépen-
danec et leur liberté, ni de sacrifier pour elle le sang do
leurs enfants, qui sont, par contre, témoins, voire vic-
time* de la brutalité croissante du « Navalisme » an-
glais, sont édifiés. Ils savent que, dans cette lutte
gigantesque, c'est l'Allemagne qui est le champion du
vieux continent 1

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, le 22 avril 1916
Théâtre de la guerre à l'Ouest.

A la route de Langemarck à Y près les Anglais atta-
quèrent dans Icb premières heures du jour les tranchées
qui leur avaient été arrachées par nos patrouilles, le
19 avril ; ils en réoccupèrent environ un tiers.

Des deux cotés du Canal de La Basséc nous fîmes
éclater quelques mines avec succès.

Le feu ennemi dirigé contre les villes de Lens et de
Roye fit de nouvelles victimes parmi la population ;
à Roye un enfant fut tué, deux femmes et un enfant
blessés.

Dans les Argonnes nous détruisîmes par des explo-
itons des postes français sur la hauteur de La Filfo-
liorte et occupons un entonnoir de grande étendue
devant notre front.

A l'ouest de la Meuse les Français répétèrent leurs
efforts contre le «Mort-Homme», lis furent rlcux Cuis
décimes par le feu de barrage de notre artillerie tirent
des deux rives de la Meuse. Une troisième alt tque
l'scroula avec de lourdes pertes près de notre position.
Des combats acharnés a ia grenade autour d'un élé-
ment de tranchée près du Bois des Caurettes douj | ci-
mirent de réoccuper, dans la soirée, cet élément dis-

ruté; dans la nuit, les Français réussirent à y rentrer
nouveau.

A l'est du fleuve, à lu carrière au sud d'IIjuuio-
mont et au sud du fort de Douauinont, vive activité
d'infanterie, à l'aide d'engins de combats rapproché

Le duel d'artillerie se maintint jour cl nuit, sans
Interruption, particulièrement violent dans touh 1j
région de combat de la Meuse.

Dans la contrée au nord-ouest de Freaiies-cn-
rVoëvre nous avons fait des prisonniers appartenant
à la ibà1" division française. Il e=l donc établi que
l'adversaire a amené, depuis le 21 février, dans le sec-
teur entre la dite localité et Avocourt, en tout 38
divisions d'infanterie, dont ù divisions ont en outre
été — après une assez longue période de repos et après
avoir conîblé leurs vides au moyen de troupes fraîches
appartenant surtout à la classe 1916 — ramenées au
combat et battues une deuxième fois.

Théâtre de la guerre à l'Est.

Hier également des attaques russes subirent de
sanglants échecs, devant nos obstacles au sud-est de
Oarbunowka.

Théâtre de la guerre aux Balkans.

Rien de nouveau.

PAQUE FLEURIE

Pâque fleurie,
Promesse de vie,
Promesse solennelle
De saison nouvelle
De nids et d'amouls
Qui revient toujours!
Solennelle promesse
De moisson et de liesse,
:*eux-iu sourire encore à ce grand charnltt
Que les hommes ont /ait du monde enlifxt

Pâque fleurie.
Semeuse de vie, fj
Fais lever bon grain
Pour le lendemain.
Le mystère nous guette
La grande faux s'apprête,
Maint fléau la suit
Sur le char de la Nuit,
Plein de sombre menace*

Pâque fleurie, fais grâce l
Bénis ce cimetière et suscite la vie
Combats la grande Mort, bonne Pâque fleurie.

feuilleton de la tGAZETIB DES ARDENNuS*

LA GUERRE FATALE

Par le Capitaine DANRIT

Pendant quinze joura encore, Louis Dhûrr était resté dans
la région de Dorset, espérant contre toute vraisemblance.
Les journaux anglais lui avaient appris que d'Argonnc u\uit
survécu au drame de Kingston, car il avait pris une part
prépondérante à l'action qui avait chassé de llraisc lu flotte
de l'amiral Noël. Son nom était cité A nouveau dans toutes
les feuilles anglaises comme celui du plus redoutable des
ennemis de la Grande-Bretagne, et alors un autre espoir était
venu à Louis Dhurr.

Peut-être Eva avaïl-elle été sauvée elle aussi !

Puisque l'officier de marine avait pu regagner Sun Lord
tn se jetant 1 la mer, peut-être lu jeune fille avait-elle été
recueillie elle-même par le sous-marin 1

Et l'esprit concentré sur celte dernière lueur, le jeune
homme était revenu en Fronce vers lu fin de niai ; il s'était
Installé t Cherbourg, malgré le danger qu'il y courait,
puUque la police de cette ville le recherchait tout spéciale-
ment.

Au bout d'une semaine, il avait «ppris que depuis lu
réunion des escadres de la Méditerranée et de lu Hanche,
Brest était devenu le poil d'attache de L'implacable ; il Liait
donc parti pour Brest : ton but était eu effet de t'aboucher
avec un marin de l'implacable.

Mail là il avait dû attendre trois semaines avant de pou-
vais rencontrer un seul homme de l'équipage du bous mai in,
car Henri d'Argonnc, constamment bu large, s'occupait du
dressage des commandants cl des équipages des submersibles
nouveaux que les arsenaux lançaient presque journellement.
Il était devenu comme le Grand-Mattrc de cette flotte soub-
marine, et su mois de juillet, avait reçu, ovec le grade de
capitaine de vaisseau, le titre de Commandant des défenses
SOU s marines mobiles du littoral de U Manche.

Enfin, dan» Ici premiers jour; de Juin, Louis Dhùrr avait

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

• Toi 18, 17 avril 191C, soir.

Entre l'A vie et l'Oise, nos batteries ont bouleversé; les
tranchées et les abris de l'ennemi dans le» réglons de
Beuvruignes et de Losbigny.

En AxgOnn», tirs de destruction sur les ouvmges alle-
mands «u nord de La Haruzée. A Yauquois, une de nos
rames a fait sauter un petit poste ennemi avec ses occupant.

Sur la rive gauche de la Meuse, grande activité de
l'artillerie ennemie sur la côte 304 et nos deuxième* ligues.

Sur la rive droite, après uu bombardement d'une violence
croissante, commencé dans la matuiée et dirigé sur nos
posiuons défais la Meuse jusqu'à Douaumont, les Allemands
ont lancé, vers 14 heures, une puissante attaque, à l'effectif
d'au moins deux divisions. Les vogues d'assaut se sont
heurtées, sur un Iront de 4 kilomètres environ, a nos tirs
de barrage et à nos feux do mitrailleuses, et ont été
repoussées, sauf en un point où elles ont pris pied duris un
petit saillant de notre ligne, ou sud du bois du Chaulfour.
Au cours de cette attaque, l'ennemi a subi dea pertes très
importantes, notamment a l'ouest de la cote du (Poivre et
dans le ravin situé entre la côte du Poivre et le bois d'Hau-
dromont.

En WoHvt, quelques ralales d'arkllerie dans les sec-
teurs du pied des Côtes-de-Meuse.

La guerre aérienne ; Dans la nuit du 10 au 17 «vril, nos avions
do bombardement ont lancé vingl-deui obus sur les gares de
Naniillois el de Brieulles, quinze obus sur Elsia et sur des
bivouacs de la forêt do Spincourt, huit obus sur les canlonne-
ineuls de Viévillc cl de TbiHot (nord-ouest de Vigneullos).

Paris, 18 avril 1916, 8 heures.

Sur la rive gauche de la Meuse, bombardement de nos
premières lignes entre le Mort-Homme et Cumières.

Sur la rive droite, la nuit a été relativement calme.

11 se confirme que l'attaque allemande, lancés hier sur
nos positions entre la Meuse et la région de Douaumont, |>
revêtu un caractère d'extrême Violence, •

Des nouveaux renseignements recueillis, Û résulte que
cette action offensive a été menée par des troupes appar-
tenant à ô divisions différentes.

A l'est du saillant de Chaulfour, l'ennemi avait réusai
a pénétrer dans noire tranchée de première signe, d'où 11
a été rejeté en partie par notre contre-attaque.

sEn WoeVre, duel d'artillerie dans le secteur de Moulain-
ville.

• Au sud du Ban-de-Sapt, une reconnoissanci allemande
qiii tenUiil d'aborder nos tranchées vers Hermanper (nord-
esj-de Seint-Dié) a été repoussée à la grenade.

iLa guerre aérienne : Dans 1s nuit du 17, des avions ennemis
oïl' lancé 7 bombes, dont une incendiaire, sur Belforl.

'On signalo 3 tués et 6 blessés, Les dégâts matériel* sont pau
imfiorlanls

î LETTRE DU FRONT

"Lite csl publiée par le t Mercure de France t dans son numéro
du 15 mars Lllc mérite d'Slra lue car elle montre de fiçon psx-
ttàn es que !e» poilus pensent et ont raison de penser de 1» litls-
rattire des « écrivains » du boulevard, qui croient Cire quittes en-
vers eux eu se répandant en ailiclcs :

Sic

aS janvier 1016.
tsïcur l'écrivain du « Mercure de France ».

4 Je ne suis qu'un pauvre artilleur de U légère. Tous les
jours, je fuis mon petit fricot : c'est de soigner les deux ca-
nassons de tète de ma pièce, et les joura qu'on en met un
coup, de mouler sur mou porteur et mener de mon mieux
notre biavc mirliton. Je ne suis pas un penseur. Je fais U
guirre, moi, et ça ne m'amuse pas ; seulement, tant qu'O
faudra y être, j'y serai ; et je ne rentrerai chez moi que le
concert fini, si j'ai le bonheur de pouvoir numéroter tous
mes 01. *•

" Eh bien, le soir, quand on est peinard et qu'on s da ls

bougie, j'aime bien lire le journal. C'est crevant de lire cv
Lit copain, qu'est au pognon, reçoit un tai de canards, si il
nous les rriile. Alors, dans la batterie, on l'envoie 1' « In-
transigeant s, 1' s Echo de Paris », le « Journal », est-ce que

je sais ? .... On les lit souvent tout haut, parce qu'ils nous
font rigoler. Sûrement le plus gonflant, c'est 1' « Echo ». Là-
dedan*, y u un Masson (M. Frédéric Masson, de l'Académie
française. — La Réd.) qui vous maçonne ça, oh I mais alors,
à la huulcur ! El puis les autres I Dans 1' 11 Inlran », qu'est-
ce que c'est que ce type qui s'appelle llichepin ? En v lii un
exrilé 1 Et Abc! HermanL ? 11 est balh, ce mlcbeton-lù, il me
pluit. Il cernait 1 autre joui (j'ai copie su phrase tellement
que j'ai trouvé ça beau) :

u Camarade n'a change de nens. /Vous l'entendons au-
H jourd'hui comme Walt Vl'hiimun. La camaraderie est une
H amitié de qualité supérieure, née sur Je champ de balaille,
« exaltée par le péril de la mort, ÏSaguère, c'était une amitié
« de qualité inférieure, qui Jleuristait sur le Boulevard, et
u ne gi'nait ni l'une ni l'autre det parties contractante* dans
u la lulte pour la vie. »

Alors, il esl allé sur le champ de bataille se faire des ca-
marades, cet Abel Hermtnt ? C'est bien, ça, poteau, je te
lui re la pincé t. .. ■

Dans le u Journal u, je lis encore Haraucourt. Ah I Quel
rigolo encore, celui-là 1 Regardez donc ce qu'il nous balan-
çait l'autre jour :

u Je vous jure que je balaierais les rues, si on m'y invi-
ta tait, el sans dépit, tans dégoût, sans révolte, sans regret,
u fier de ramasser le balai qu'un gars a laissé là pour des-
u cendre dans la* tranchée. Si on me réquisitionnai! pour
« décharger des cornions ou brouetter du fer, je sens que j'en
u pleurerais de joie.... »

Ça, y a pas, ça vaut l'os I

Le copain, il ne reçoit pas que des journaux ; on lui en-
voie aussi des petits livres — des revues — el c'est pour ça
flme je vous écris : parce que, l'autre jour, j'ai lu un de ces
petits livres qu'était le « Mercure de France ». On y citait,
des phrases épatantes de musiciens. Ce musicien André Gé-
dalge — qui c'est f C'est-il lui l'auteur de la Mallchiche ou
de Boudoubadabou ? — 11 écrit :

u Je ne pense à aucune muxigue. JYui! el jour, depuis un
'f an, j'entends à l'horizon gronder la balaille. Si j'étais en
fe éJai de penser à autre chotc qu'à ceux qui, plus heureux
;« que moi, sont dans la fournaise, je voudrais écrire la Mûr-
is seillaise. Malheureusement pour moi, elle a déjà été

'g écrite----«

Hein 1 il n'y vt pas avec le dos de la cuiller, celui-là I

Et puis d'autres aussi : les mossîeurs Suint-Saëns, Gustave
Charpentier, Messager, est-ce que je sais P Vrai, ils vous en
envoient de tordantes I

Ah I c'est égal 1 monsieur l'écrivain du u Mercure de
France », vous savex que tous ces Ireres-la, ils nous ont
lait rigoler, mais ils commencent maintenant à nous courir
sérieusement. On n'a pas besoin de leurs boniments ; on les
débecqufcle. S'ils ont tant de courage, lis n'out qu'à venir
■tous donner on coup de maiu par ici — tiens 1 Ils seront
les bienvenus I Usis s'ils restent là bas, au coin de leur feu,
tranquillement, tandis que nous autres ou se fuit caSsct la
Igure, ils n'ont qu'une chose à faire, une seule, vojs lasci ;
à La fermer I

Piphot, conducteur de a" classe, groupe
° ' d'artillerie légère, secleui 118.

LA HOLLANDE VIOLENTEE

L* fameuse conférence de Paris aurait-elle décidé de faire
subir aux Neutres les conséquences de l'impui-sam c des
laJliés k Toinére l'Allemagne t

Cela semble en tout cas, jusqu'à ce jour, son rés dtai ic
plus clair 1

Les dernières mesures de violence décrétées pm 1 Angle-
terre, d'accord avec ses vassaux, peuvent se résumei eu deux
points que nous avons déjà signalés :

1* L'interdiction aux navires marchands neutres à,- cliur-

Cdu charbon allemand, soit en cargaison, soit en soute,
t changement de ce genre étant considéré connut- coMsS>
Swnde par les autorités navales anglaises.

S* IVautre port, le charbon anglais n'est fourni à ces
■a y ire» neutres qu'à la condition expresse que ceux-ci met-

pu rencootrei Marins dans une des tavernes du faubourg de
Besoui rance, et l'avait fait causer ; non sans peine toutefois,
car1 depuis l'affreuse méprise qu'il avait commise en lntro-.
durant un espion dans l'équipage de IVmpIacable, le Mar-
seillais était devenu plus circonspect et moins bavard. Henri
d'Argonnc, mis au courant des événements qui avalent
abouti à la terrible exécution de Gigas, avait pardonné au
timonier en raison de son honnêteté, car ce dernier n'avait
paf hésité à signaler les 10,000 francs en or que renfermait
l'appareil de Gigas, alors que rien ne lui eût été plus facile
qui; de s'approprier celte somme, et le montant en avait été
aui itot distribué à l'équipage.

Mais Henri d'Argonne avait vivement reproché à Marius
sort exubérance trop confiante el Louis Dhûrr avait «u
toutes les peines du monde à en tirer le renseignement qull
cherchait. * -

Il ; cldit arrivé cependant, d'abord en se donnant
cuMjuie un 1 umpatriotc — entre Marseillais on n'a rien t se
refuser — puis en le rencontrant certain soir dans un mo-
mabl d'expansion joyeuse, au retour d'une croisière magnl-

iiV.?.

LImpf«ca0ie*avaitt en effet, poussé jusqu'à 1 entrée du
cariai Saint-Georges, coulant un croiseur par le travers du
cap* Lizard et lénifiant, à l'entrée mémo du port de Milford-
Iluven, par la destruction d'un gardc-cùtes, l'escadre de ré-
aetvc qui s'y tenait cnfoimée ; puis il usait poussé jusqu'à la
côte l'Irlande et là, avait acquis la certitude que cette lie,
■Syrie du reste du monde par la jalouse surveillance de
Pi&gleterre, était depuis quinze jours en pleine révolution.

■Celte nouvelle, rapportée en France, y avait été aceuell-
Heapar des explosions de joie el les projets les plus variés
BvjÂonl éclos comme par enchantement dans des milliers de
ccBcUea, pour porter à l'Ile sœur les secours et surtout les
u.ifccs dont elle avait besoin.

ÈParmi ces projets, celui de Marins lui-même, mobilisant
lyiè les SOUl-marins existants et les remplissant de fusils et
du cartouches A destination de Banlry ou de Cork, était un
déplus séduisjnls, cl en l'approuvant en tous points, Louis
DJu'irr avail fini par délier la langue du » Marligau ». .

Il avuil ainsi obtenu de lui, d'nboid une révélation à Is-
qu. lle 11 était loin de l'attendre : le récil de la mort terri,
liante de Gigas, car il avait perdu de vue l'ancien cabaretier
de Biiertc cl ignorai! lé rôle nue lui avait donné Waltcr

Smith; puis quelques indications sur les événements de la
ault du 1* mal.

Ces indications avaient été suffisantes pour faire connaître
au Jeune homme la lugubre réalité el lui faire abandonner
son dernier espoir. Eys avait été transportée mortellement
kleuée k bord de l'Implacable et avait été immergée au
large en tue des cotes anglaises.

Le dernier lien qui eût pu rattacher Louis Dhûrr ù son
existence ancienne était donc rompu à jamais ; le malheu-
reux n'avait même pas la consolation d'aller pleurer sur
une tombe, puisque la mer avait servi de linceul à la pauvre
oréature, la seule qu'il eût jamais aimée au monde.

Mais U lui restait d'elle comme un programme de vis
nouvelle, il se rappelait ses dernières paroles : « Appuyons-
nous l'un sur l'autre et cherchons notre réhabilitation com-
mune, en réparant Le mal que nous avons fait, u

C'était là comme un testament dont il restait seul pour
assurer l'exécution.

Dans ce testament il y avait pour ainsi dire deux articles.

Celui qui devait, dans l'esprit du jeune homme, pester 1S
premier, consistait à réparer, autant qu'il serait en son pou-
voir,* le mal fait par l'espionnage anglais ; or, dés qu'il avait
songé aux moyens de réparer ce mal, le nom du baron de
Gloeher avait surgi instantanément devant ses yeux.

H fallait d'abord frapper à la tête, donc frapper celui-là,
le désarmer, le rendre bnpuissant, et l'idée de la vengeance
rêvée depuis longtemps l'alliant ainsi à uuu action méritoire,
Louis Dbflrr avait concentré toutes ses pensées sur les moyens
rie la mener à bonne fin.

Ce serait U la première loche.

La réhabilitation viendrait après.

Nous avons vu comment le jeune homme avait compris
l'exécution du chef de l'espionnage anglais.

Il avait consacré plus d'un mois à Tes préparatifs, pre-
nant à Londres tous les renseignements nécessaires, faisant
un deuxième voyage en France pour expédier du Havre plu-
sieurs rapports destinés à maintenir en confiance le baron
de Gloaber, et entre temps faisant confectionner par un ser-
rurier de Leiccster-Square la poire d'angoisse qui lui per-
mettrait d'infliger au Directeur du British-InfurmuUon-Office
le châtiment minutieusement élaboré.

Lù ne s'étaient pas bornées ses préoccupations.

(A suivre.)
 
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