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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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https://doi.org/10.11588/diglit.2794#0323
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2- Aimé». — N- 207.

PRIX

J5 r.UNTIMKS

Charleville, le 12 Juin 1916.

ettb de

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

Ou s'abonne dans tous les bureaux dé poste

UNE HARANGUE IMPÉRIALE

S. M. l'Empereur a harangué, le 5 juiu, à Wilhelms-
haven^à bord du vaisseau-amiral de la flotte, les délé-
gations de tous lei navires et embarcations ayant
participé à la bataille navale du Skager-Rak., L'Empo-
rtur a'est exprimé environ en ces terme»

Chaque fols qu'au cours des années précédentes,
j'ai rendu visite à ma Marine à Wilhelmshaven, je me
suis toujours réjoui du plus profond de mon Ame en
voyant la flotte se développer et le port s'élargir.

C'est avec plaisir que je contemplais les jeunes
marin* rangés dans les hangars d'exercice, prêts à
jurer fidélité au drapeau. Des milliers et des millier*
d'entre vous ont prêté ce serment en regardant dans les
yeux du Chef suprême de l'Armée et de la Marine.

Je vous ai rendu attentifs à votre devoir, à votre
tâche; je vous ai dit avant tout que, le jour où. la
guerre éclaterait, la /lotte allemande aurait à combattre
un adversaire d'une supériorité formidable. La cons-
cience de ce fait est devenue traditionnelle dans la
Flotte, tout comme elle le fut dans l'Armée depuis
l'époque de Frédéric le Grand. La Prusse et VAllemagne
furent toujours entourées d'ennemis plus puissants
qu'elles. C'est pourquoi notre peuple a dû. forger le
bloc de son unité, accumulant ses forces sans borne,
prit à les déchaîner le jour où. il serait menacé. Mais
jamais encore je n'ai éprouvé, en me rendant auprès
de vous, pareil sentiment de fierté qu'aujourd'hui.

Durant des dizaines d'années les marins de la flotte
allemands se sont recrutés dans toutes les provinces
d'Allemagne ; ils se sont unis et confondus, en un
long et pénible travail de paix, dans cette pensée
unique : le jour où éclatera la guerre, nous tenons à
montrer ce dont nous sommes capables I

"Et voici qu'arriva la grande année de cette guerre.
Des ennemis jaloux se ruèrent sur notre patrie. Armée-
et Flotte étaient prêtes. Mais la Flotte eut à traverser
une pénible période d'abnégation. Tandis que l'Armée
parvenait à maîtriser l'un après l'autre, dans des
combats acharnés, ses puissants adversaires, la
Flotte attendait en vain l'heure du combat. Les
nombreux exploits isolés qu'elle put accomplir, té-
moignèrent nettement de l'héroïsme qui l'animait.
Mais elle ne pouvait faire ses preuves comme elle l'eût
désiré. Les mois succédaient aux mois. De grands suc-
cès furent remportés sur terre, et l'heure de la Flotte
ne sonnait toujours pas.

En vain fit-on maintes propositions tendant à
trouver le moyen de faire sortir l'ennemi. Mais enfin,
Içjour est venu !

Une formidable flotte d'Albion, Heine des mers,
qui, depuis Tra-falgar, avait imposé au monde, pendant
un siècle, la tyrannie de sa suprématie navale, et qui
portait au front l'auréole de l'invincibilité, sortit enfin
.de ses ports.

L'amiral qui la commandait avait été, plus que
personne, un admirateur enthousiaste de la flotte alle-
mande. C'était un chef vaillant, à la tête d'une flotte
disposant d'un matériel excellent «f de matelots valeu-
reux et expérimentés.

Telle tétait la formidable u Armada » angiaise
qui s'approchait. La nôtre accepta le combat^ Et

qu'advint-U alors? La flotte anglaise fut battue! Le
premier grand coup de marteau est porté. L'auréole
de la domination mondiale de l'Angleterre a disparu.

Comme une étincelle électrique, la nouvelle a volé par
h monde, partout où battent des cœurs allemands, de
même que dans les rangs de nos braves Alliés, elle a
semé une joie sans pareille. Voilà le succès de la ba-
taille nauate dans la mer du Nord. Nous avons inauguré
un nouveau chapitre de l'Histoire mondiale. La flotte
allemande s'est montrée capable de vaincre la supé-
riorité numérique de la flotte anglaise. Le Maître des
Armées a fortifié vos bras-, il a fait que vos yeux restas-
sent clairs I

C'est avec une émotion profonde que votre Chef
militaire suprême vient vous exprimer aujourd'hui sa
gratitude. Je vous l'exprime au nom de la Patrie que
je représente, au nom de mon Armée, votre « sœur
d'arme ».

Vous tous avez fait votre devoir, aux canons, à la
chaudière* dans la cabine du télégraphe sans fil, —
chacun à son poste! Chacun de vous n'auait en vue
que la tâche commune. Aucun ne songeait à lui-même.
Une seule pensée animait toute la flotte: battre
l'ennemi.

C'est pourquoi j'exprime aux chefs, au corps des
officiers et aux équipages, mon entière satisfaction et
ma gratitude.

Et ce magnifique, ce grand fait d'armes, vous l'avez
accompli au moment même, où l'ennemi commence
à céder lentement devant Verdun, tandis que nos Al-
liés pourchassent les Italiens de montagne en montagne
et continuent à les repousser sans relâche.

L'univers s'attendait à tout, mais certes point à une
victoire de la flotté allemande sur la flotte anglaise.
Le premier pas es,t fait. '

Sous ce coup l'ennemi tressaillera de tout son être.

Enfants, ce que vous avez fait, vous Havez fait pour
votre Patrie, afin qu'elle ait à l'avenir la voie libre sur
toutes Us mers, pour son travail et son énergie. Criez
donc avec moi : 'Vive notre chère, notre bien-aiméc,
notre magnifique Patrie f

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

. firand Quartier "général, le 10 juin 1910.
Théâtre de la guerre à l'Ouest.

Sur la rive ouest de la Meuse nous avons continué ù com-
battre avec succès les batteries et le» retranchements en-,
nemis.

A l'est du fleuve nos troupes continuèrent leurs attaque».
Dans un rude combat, l'adversaire fut expulsé de plusieurs
positions sur la crête de* hauteurs au sud-ouest du fort de
Douaumont, au Bois du Chapitre et sur la crête de Fumin.
A l'ouest du fort de Vaux des chasseurs bavarois et des fantas-
sins de Prusse orientale enlevèrent d'assaut un solide ou-
vrage de campagne ennemi, qui tomba entre nos mains avec
sa garnison Comptant encore 5oo hommes et aa mitrailleuses.
Le total de» prisonniers faits depuis le 8 juin s'élève à
£8 officiers et plu» de 1,600 hommes.

Sur le Hartmannsweilcrkopf une patrouille allemande alla
prendre dans le» tranchées ennemies, plusieurs prisonurerT
français.

Théâtre de la guerre à l'Est el théâtre de la guerre aux Balkans.

Cher les troupes allemandes il ne s'est rien pa=sé d'im-
portant.

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Part», fj juin 1910, soir.
Sur le front nord de Verdun, le mauvais temps a gené les opé-
rations. On ne ngnale aucune action d infsnlene ou cours de 1a
journée. Le bombardement a continué assez vif dans la région
Vaux-Dnmloup et sur le tort do Vaux, où la situation reste sans
changement.

Sur la rivo gaucho de la Meuse, duel d'artillerie intermittent
dans lo secteur d'Avocourl.

Journée calme sur le reste du Iront.

Pans, 0 juin 1916, 3 heurea.
se, deux attaques allemandes dirt-
i positions entre Vaux et Domloup

Sur la rive droite de. Il
gcea au cours de la nuil s
ont complètement échoué.

On ne signale aucun changement dans la situation au fort de
Vaux que 1 ennemi bonibardo afec une violence continue.

Canonnade intermittente sur le reste du front.

BULLETINS OFFICIELS ANGLAIS

{Front occidental.)

Londres, C juin 1910, 11 heures soir.
11 n'y s eu aucun changement important dans la situation. A
Zillebeoke, la nuit s'est passée tranquillement, mais aujourd'hui,
il y a eu un bombardement assez vu* des deux artilleries. Hier
soir, dans ce secteur, l'ennemi s prononcé une pcUte attaque qui
a été aisément repouBsée. Sur d'autres points de la ligne, de pe-
tites expéditions ont été exécutées de part el d'autre. L'ennemi,
après un violent bombardement, s exécuté un raid près de la'
Boisscllo ; nous avons subi des pertes minimes,et l'ennemi »'e»t
retiré an abandonnant des morts sur le terrain. Au nord-est
d'Arras, après avoir fait éclater une mine, l'ennemi a tenté un raid
qui a échoué. Nous avons repoussé l'ennemi et avons occupé les
entonnoirs. Nous avons pénétré dans les tranchées allemandes ta
cinq points différents entre Cuinchy et Fauquiasarl. Deux de nos
expéditions ont été particulièrement heureuses ; nofïa avons infligé,
des pertes à l'ennemi en lui tuant 10 hommes. On signale une vive
activité de mincB dans le secteur d'Hulluch et Givenehy. Nous avons
fait éclater cinq mines et l'ennemi une seule pendant Je» dernières
vmgt-quatro heures.

LA BATAILLE NAVALE

Pour effacer l'impression profonde de la victoire navale
allemande, le» organes d'information officielle de Londres
et de Paris et la presse qu'ils inspirent poursuivent une cam-
pagne acharnée qui, toutefois, ne trompera personne. Tous
ceux qui jugent avec calme, savent à quoi s'en tenir. Le
très anglophile s Journal de Genève » (du 6 juin) a lui-même
avoué que la flotte allemande avait remporté un « indé"-
niable succès tactique a.

Pour couper court aux légende» de source anglaise, ré-
pandue» à grand renfort de publicité dans les pays neutres,
l'Amirauté allemande a publié un communiqué détaillé sur
les mouvement» de la flotte allemande, sur la participation
de la grande flotte anglaise (et non pas seulement d'une di-
vision 1) à la bataille de Jutland, et sur les pertes subies de
part et d'autre. Résumons les-faila principaux établis par ce
communiqué ;

-Comme preuve de la participation de l'ensemble de la
flotte anglaise 4. la bataille du 3i mai, il fait remarquer, entre
autre, que l'Amirauté anglaise elle-même a désigné le «Mar(-
borough » comme étant mis hors de combat.

En outre, un sous-marin allemand! vu, le î" juin, un
autre navire de la classe « Iron-Duke- » qui tachait de ga-
gner la côte anglaise, dans un très triste état. Or, ces deux
navires faisaient partie du gros de la flotte anglaise.

Afin d'amoindrir le'succès allemand, la presse anglaise
attribue la perte des nombreux bâtiments anglais à l'action
des mines, des sous-marius et des dirigeable» allemands.

A cela l'Amirauté allemande réplique expressément que
la Cotte allemande de haute mer n'a employé ni mines, ni
sous-marins.

Quant aux dirigeables, ils n'ont été utilisés qu» 1*
i* juin, exclusivement en service de reconnaissance.

l e victoire allemande a été remporte* uniquement pu
l'habileté du ctmmaniement et par l'efficacité de l'artillerie
et des torpille» allemande».

L'Amirauté allemande avait renoncé, jusqu'ici, ù dé-
mentir les légendes anglaises sur le» prétendu»* pertes subies
par la flotte de l'amiral Scheer. Aujourd'hui! elle précise que
« les pertes totale» des force» d» h«ute mer allemande» au
cours des combati du 3o mal et du i" juin, ainsi que pen-
dant Je» jours suivant» se montent à i

i croiseur de bataille,

i vaisseau de ligne d'ancien type,

4 croiseurs légers et 6 torpilleurs.

De ces perle», le» suivantes ont déjà été publiée-

S. M. S. « Pommern »,

S. M. S. « Wiesbaden »,

8. M. S. « Elbing »,

S. M. S. » Frouenlob h, et de B torpilleur». »

L'Amirauté ajoute que les navires « Lûliouj » cl « Ro-
stock i qui avait subi de grave» avaries., ont encore tombrè
après coup, alors, qu'on essayait de les ramener dans le» bas-
sins de radoub. Le» équipage», blessés compris, ont été
"sauvés. - v

Tandis que la liste de» pertes allemande» est ainsi close,
des indice» certain» permettent de conclure que lès perte»
réelles des Anglais dépassent de beaucoup le bilan officiel-
lement établi. De» prisonnier» anglais ont déclare" que, outr»
le (i Warspite », le « Princess Royal » cl le « Birmingham »
ont été également anéantis.

Ensuite, selon de» informations digne» de foi, le grand
navire de combat « Marïborough » aurait également coulé
avant d'alteintre le port.

La bataille de haute mer devant le Skagerrack fut et re»r
tera une victoire allemande, ce qui ressort, déjà du fait que,
si on se base sur le» seules pertei avouée» officiellement
par les Anglais, une perte totale de 60,730 tonnes «llemao-
des s'oppose a une perte de 117,760 tonnes anglais».

Mais ces chiffre», complets et définitifs en ce qui con-
cerne le» perte» allemandes, ne sauraient être accepte»
comme tels, en ce qui concerne le» pertes anglaises. II y a,
au contraire., grande probabilité que ces pertes britannique»
s'élèvent, en réalité, d'après le» informations complémen-
taire» que la "« Gazette » a déjà publiée», 1 $50,000 ou
300,000 tonnes.

EN FRANCE

LA PRESSE PARISIENNE ET VERDUN.

Nous avons signalé mainte» fois les méthode», par les-
quelles la presse gouvernementale française s'efforce de
diminuer, dans la mesure du possible, tout succès allemand.
La légende des « pertes formidables » en est une. Mais & la
longue, on finit pourtant par se demander comment cela
se fait qu'il force de se faire «faucher comme de» épis mura»,
les Allemands ne cessent de progresser, lentement mal»
systématiquement.

.Le collaborateur militaire de I' « Humanité u a été
frappé par ce fait inexplicable. Il écrivait, le l" juin : ,

a Une vérité éclatante apparaît dans les dernières nou-
velle» qui nous arrivent de l'état-major général, dont Te
bref communiqué de l'après-midi » des qualificatifs d'une
réelle éloquence. Les Allemands, à la fin du troisième moli
de leur offensive dans la région de Verdun, peuvent con-
tinuer à lancer contre nos lignes ti des attaque» concentri-
ques et répétées à très gros effectifs », à lest du Mort-
Homme et des deux côtés du village de Curmeres.

« On est donc amené à penser et à dire que malgré leurs
perles, leurs effroyables perle» (1P), ils ont encore des ré-
serves plus ou moins abondantes où ils puisent de quoi te»
réparer, u

FEUILLETON DE LA *GAZE1TB DES A.HDENNES» 33

LA GUERRE FATALE

Par le Capitaine DANRIT

En même temps, le général Jeannerod adressa 1 "ordre
suivant au général Fabre, commandant le IIP coips qui,
débarqué le 11 au soir, avait passé la journée du 13 à orga-
niser le camp retranché de Deal, et s'était mis en roule le i3
pour le rejoindre :

c Toute l'armée anglaise semble se dirigsr aur Deal. Vous
pourriez encore me «joindre en-forçant de marche, car l'ennonil
n'atteindra pas Aslitord en force avsnt ce soir. Mais ce serait lui-
Uvrcr notre téle de pont de Deal qu'il laut à. tout prix conserver.

« A tout prix, voua m'endendez bien, mon cher Général, car
les IV* et XII* Corpa doivent a'embarquer aprCa-dcmain-, K» sep-
tembre.

» Rétrogradez donc but Deal; je suis assez lort pour juguler
Londres, du moment quo je n'ai plus lord Roberls devant moi.
Quand J'en aurai fini avec la capitule, nous aviserons aux moyens"
d'en Emir aussi avec lui. .

ï Tenez forme dans votre camp retranché cl renscigncz-moi,
acuro par heure au besoin. »

Puis le généralissime expédia une dépêche pressante a
Calais où le IV* corps devait arriver lo lendemain i.i et à
Boulogne où lo XII" corps serait concentré dans la nuit du
i4 au 16 ; il conjurait les deux généraux qui le» comman-
daient de ne pai perdre une minute, s'ils ne voulaient pas
avoir à opérer leur débarquement devant une armée de
300,000 hommes.

En même temps, Il mandait aux commandants des bâti-
ments cuiijssés el croiseurs stationnant dans le d^tioit sous
la protection des sous-manns, de jeter à terre leurs compa-
gnies de débarquement et leur artillerie légère pour contri-

buer a la défense du camp de Deal avant l'arrivée de? ren-
forts.

Enfin, il expédia un officier de son état-major au général
Donop pour le mettre nu courant du sa décision, et pour lui
faire connaître la nouvelle mission qui lui incombait.

Celte, mission était la suivante :

Estimant que les brigades de cavalerie des II1 et IV* corps
suffiraient à assurer la sécurité de" l'armée et que les trois
divisions indépendantes lui seraient inutiles quand on arri-
verait dans cette « province couverte de maisons » qu'est
la capitale, il chargerait le général Donop de repicndre avec
son corps de cavalerie le contact avec l'armée de lord Ro-
berls, de détruire fa cavalerie, de harceler et de retarder ses
colonnes d'infanterie dans leur marche sur Deal ; il le lais-
sait libre ensuite, soit de conserver le contact, le dos à Lon-
dres, soit de se réunir a la am° année française dès qu'elle
serait concentrée entre Deal et Cantcrburxy,

Pour finir, il ordonna le repliement sur leurs coips d'ar-
mée respectifs de tous les postes laissés entre Canlciburry
el la Medway par le V* corps.

Tous ses ordres étant partis, le général Jeannerod re-
monta a chcal, franchit le pont de bateaux dont le tablier-
mouvant menait de servir au passage de la division bleue et,
suivi de son étal-major et de son escorte de cuirassiers, se
dirigea vers un mamelon isolé qui dominait tuule la plaine
de la MedMay, eai le canon venait de retentir sur la droite.

Un compte rendu de la brigade de cavalerie dur V* corps
l'y attendait déjà. L'ennemi occupait de nombreuses tran-
chées au bord des pentes abruptes de Wrotham et de Trot-
tcrscliffe qui regarde Maldstone et le Y* corps en débouchant
. des pouls do celte ville avait installé pour lui répondre un
groupe de balteiies divisionnaire» sur les pentes d'Oftlham.

Mais les crêtes de Wrotham n'avaient jamais été dans
l'esprit du généralissime l'objectif à atteindre apiès le pas-
sage dc^la Medway, parce qu'elles eussent conduit à aborder
le Darent dans sa partie larj-'c : c'était vers la source même
de cette rivière, dont le cours eat d'une quarantaine de kilo-
mètres seulement, qu'il avait orienté la marche des tètes de
colonne.

Pendant que se livrait celle lutte d'artillerie a une dis-
tance de 3,5oo a 4,000 mètres, les divisions françaises s'in-
fléchirent donc vers l'Ouest, et h 4 heures du soir, leurs
avant-gardes atteignirent le sommet de la longue croupe de
700 pied* d'altitude marqué par les deux petites villes de
Sevenoaks et de Wcstcrham.

Du haut de la colline au-dessous de laquelle passe le
.tunnel du chemin de fer, le généial Jeannerod vil cfefiler
ses divisions. De temps è autre il se retournait vers les hau-
teurs bordées de tranchées anglaises que continuaient à
zébrer les éclaira des coups de canon,

— Les troupes ennemies qui occupent cette ligne sont
des Volontaires., dit-il à son fils : je n'en al pas vu la cou-
leur et notre cavalerie n'a pas fait un seul prisonnier : pour-
tant je n'ai plus en ce mrtnenl le moindre doute à cet
égard ; sais-tu pourquoi, Henri P

Et comme le jeune homme hochait la tête sans ré-
pondre ; "

—■ Parce que le propre des troupes de cette catégorie,
mul encadrée», mal commandées* c'est l'immobilité.; on les
a mises là dans ces tranchées : elles y restent, sans songer
que ce rôle passif et incite ne mène à rien. Ce fut d'ailleurs
la théorie des chefs boers dans U première partie de la
guerre du Trans\aal ; la défensive à outrance, la défensive
epuand même, et elle les empêcha de tirer parti de leur? mer-
veilleux succès du début ; un général manœuvrier, sûr de
ses troupes, qui nous voit de la-haut, — car il nous voit —-
nous prolonger dans l'Est, à quelques kilomètres de son
front, pour aller aborder la ligne de hauteurs sur un autre
point, ce général, \ois-tu, mon enfant, devrait tenter une
contre-attaqua sui r lie flanc, essayer d'arrêter le mouve-
ment qui le débordera d;uis quelques heures, faire quelque
chose enfin I Ceux-la ne font rien : troupeau te dis-je ,
troupe, non pas 1

A 7 heures du soir, l'armée tout entière était ramassée
6ur un front de cinq kilomèlns, f;ire au col de VVeslerharUj
qui relie la longue croupe d<- *■ \enoaka aux collines de Tld-
scy cl de Cudhnm. Le canon an>,ijis venait d'ouvrir le feu
sur les a\uni-gardes, c'était la dernière barrière de hauteur»

avant Londres : U semblait que de l'autre côté on allait voir
•la capitale : on avait encore deux heure» de jour. Le général
Jeannerod se décida à attaquer.

Si on pouvait s'installer là-haut, avant la nuit, c'était une
avance sérieuse pour le lendemain, et on avait chance de le
faire avec moins de pertes, l'ennemi devant évidemment ren^
forcer ses positions pendant la nuit.

Le II* corps fut chargé d» l'opération. Le» chasseur» «
aa gauche devaient progresser en échelon débordant ver»
Caterham. Le V corps, bordant sans avancer les crête» de
Sunbridge, devait assurer la sécurité du flanc droit et main-
tenir 4UT leurs positions les troupes de Wrotham.

A 7 h. 4, la 3* dvision, en formation de combat par bri-
gades accolées, suivie de la 4* ai formation demi-ouverte et
flanquée i droite par la 4 \*, abordait résolument la hauteur
de Bataomi-Hill, à cheval sur la grande route de Lewes à
Londres.

■ Mais un feu épouvantable se révélant tout h coup, s'abat-
tit sur les bataillons de téta et le» déclina. En quelques mi-
nutes 800 hommes et afi officiers de» 5i" et iao5 de ligne
jonchèrent les pentes, bien que les compagnies se fussent
présentées déployées a l'entrée de la zone dangereuse. Les
bataillons de deuxième Ligne se couchèrent sou* ce feu ter-
tible el le commandant Delamarre, officier d'ordonnance du
généralissime, uccouianl bride abattue, fit suspendre l'at-
taque ; Il fallut uu certain temps pour arrêter les bataillon*
do troisième ligne, qui voulaient absolument pousser jus-
qu'à la ligne de feu, et un colonel ne consentit à s'arrêter
que sur un ordre écrit de son général de brigade.

— Le généralissime, disait-il, a porté, dans sou ordra.
d'aujourd'hui, que nous devions foncer comme un boulej.
Je fonce 1 '

. Il fallut reconnaître "que le principe de la préparation de
l'attaque par le feu de l'artillerie subsistait toujours el qui]
était plus imprudent encore qu'à Samt-Prlvat d'aborder de»
tranchées garnies d'une infanterie inlacte, avec les arme»
dont elle dispose aujourd'hui.

'£A suivre)*
 
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