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2« Année. — N- 252.

Charleville, le 30 Août 1916.

Gazette des Ardemies

JOURNAL DES PAYS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

• ■ li '.> ,

^ On s'abonne dans tous (es bureaux de posle •

Soin ce titre, le journal hollandais « Limburgçr
Koeriem, du ao juillet, a publié une lettre d'un cor-
respondant français gui signs P. S. de Champagne.
Nous reproduisons intégralement cet artiole, qui n'a pas
passé la aensure officielle du gouvernement français :

Ainsi, la guerre continue, hélas ! peut-être môme
n'est-elle pas près de finir, le sang coule en abondance,
la haine fratricide étend toujours se» ravages ; la via
devient de plus en plus lourde, le peuple meurt de
faim, la misère apparaît toujours grandissante et
menace môme d'exercer sur la société future une
œuvre presque aussi destructive que celle accomplie
par l'action de nos armes modernes. Voilà la vérité
toute nue*

C'est un bel exemple de résignation Bans doute,
que- donne notre peuple de France, mais cet exemple
a l'heure actuelle lui ect ïmpoaé de force ; erreur,
grave erreur de croire le contraire. Voioi pourtant le-_
mot d'ordre de tous nos journaux — n'en soyons pas
étonnés, c'est le seul admia par la censure —: « En
France la vie eat normale.» Ou bien encore : «Le
peuple de Paris s'amuse comme avant la guerre, »
Que de fois, en lisant ces lignée, j'ai senti mon cœur
bouillir d'indignation : « En France la vie est nor-
male P » Oui, sans doute pour ceux qui écrivcnl-ccla
dans de beaux articles, mais je m'imagine aisément
qu'ils ne sont jamais allé* s'asseoir à la table d'une
des familles nombreuses qui peuplent les rues basses
et sombres de la capitale et de nos grandes villes.

J'invite l'un ou l'autre de ces messieurs, avant
d'apposer sa signature au bas de ses articles, à m'ac-
compagner dans l'un de oe* quartiers ; entrons à l'im-
proviste dans l'une de ces demeures du peuple ouvrier,
c'est ici qu'apparaît la vraie réalité, la « vie normale ».
Le mari à la guerre ; la mère de famille sans travail,
Agée ou malade ; quatre ou cinq petits enfants, cou-
verla de guenilles malpropret, manquant de nourri-~
ture pour vivre, une allocation de i franc 5o par jour,
sur laquelle il lui faut prélever la somme de i5 francs
par mois, prix du loyer de l'unique petite chambre
qui sert en même temps de cuisine, salle à manger,
chambre à coucher.

Je ne m'arrêterai pas à décrire ici le nombre tou-
v jours croissant des meurt-dc faim réduits à la mendi-
cité, des vagabonds qui encombrent les rues ou les
prisons ;/ je ne parlerai pa* non plus d''s grandes
misères morales, de tant de femmes et jeunes fillea
poussées par la faim, qui abandonnent leur vie jus-
qu'ici honnête et s'en vont chercher dans une exis-
tence déréglée leurs moyens de subsistance. Répondez-
moi, messieurs, est-ce la la vie normale de la France P

Mais je le sais bien ; ce petit tableau ai court, mais
pourtant si vrai, de la misère endurée par le peuple,
ne vous touche guère : voua, vous ne connaissez pas
le chemin qui "conduit dans ces pauvres réduits où
jamais ne pénètre un rayon de soleil. Votre bourse qui
entretient nos grands théâtres ou- autres lieux dp
plaisir ne s'est jamais ouverte pour soulager ceux-que
dans vos conversations ou discours qui suivent vos
somptueux dîners, vous appelez « k bon peuple ».
Non, u la vie normale, de la France » vous l'avez
aperçue tout ailleurs, dans ceux et celles qui avec
vous «s'amusent comme avant la guerre». Qui sait?
peut-être même plua qu'avant la guerre 1 Cerles, il est
facile d'écrire comme vous le faîte*-, quand on eat un
habitué des somptueuses avenues qui conduisent soit
à l'Opéra ou à l'Odéon, ou bien encore aux fraîches
charmilles du Bois de Boulogne ; là, sans doute, ne
parviennent pas à vos oreilles les plaintes amères de
tant de malheureux réduits à la misère ni les gémisse-
ments de tant de petits qui demandent du pain.

Àh, oui, je vous entends, vous pouvez, vous, gou-
Ternant* _de notre France, ou écrivains à leur solde,

FEUILLETON DE LA" tGAZETTB -DES. AHDENNHS» lï

LA VICTOIRE

Par Paul ACKEA.

"La main tu-dessus des yeux, anxieux, tous deux le sui-
vaient du regard. 11 restait encore a une trentaine de mètres
lu-dessus du sol, piquant droit, ici grandes ailes immobile*,
puis il s'éleva de quelques mètres, puis un peu plus, et
bientôt il fut à uni; centaine de mètres, traçant un sillage
argenté. Soudain il s'inclina.

— Il tombe, inurcura Pacot, effrayé.

Il ne tombait pas, mois, virmnl sous un angle trop long,
il sortait du champ, s'engageait, en descendant, su-dessus
des pâtures où les bœufs, épouvantés par le bruit du moteur
XéA l'approche sombre de cet oiseau gigantesque, s'enfuyaient,
dans une galopade désordonnée. Enbn il atterrissait. André
sautait a terre. Pacot qui, pour le rejoindre, avait franchi le
canal sur une passerelle, lui serrait les mains, criait :
a Bravo I bravo 1 n

— Ah I fit André radieux, je voyais devant moi et au-
dessous de moi, rien ne m'empêchait de voir.

tt souriant, pour dominer sa Joie, il ajouta d'une voix
tranquille :

— C'est un bon appareil. •

Rouard arrivait, sans trop m presser, avec les trois
hommes qui avaient aide à mettre en marche.

André repartit. La pâture.était ssaez étendue pour que
l'aéroplane prît son élan, mois quand, le moteur ronflant, il
roula, une peur folle précipita dans une pièce de blé con-
tigut les bœufs arrêtés a la lisière. Cependant il montait,
virait et atterrissait à cent mètres du hangar, mais si brus-
quement quo le train amortisseur se brisait. Accident insi-
(nifiant : l'appareil avait volé, bien volé, et même, dans ce
brusque atterrissage, le châssis résistait, attestant ainsi la
solidité de la construction.

Quelques instants s'écoulèrent ; Pacot entendit qu'on les
appelait. Un homme se hâtait vera eux avec de grands geste*.
C'était le maire.

vous pouvez demander que le fléau continue « jua-
qu'à ce que l'Allemagne soit brisée et démembrée ».
— Même si, pour en arriver là, vous deviez fatale-
ment jeter notre patrie pieds et mains liés dans les
bras de la maternelle Angleterre. — Vous pouvez
ainsi, sans souffrir, satisfaire votre haine criminelle
et vos convoitises. Peu vous importe, du reste, la
misère du peuple qui, lui, désire ardemment un ar~
rangement raisonnable, désire ardemment la paix, s'il
n'a pas le pouvoir de le crier tout haut.

Pour lui,-pour le soutenir dans la patience et l'hé-
roïsme de son sacrifice, ces lâches politiciens-lui don-
nent, non un peu de leur bouiSC) ou superflu mai»
toute leur éloquence : aussi,' que de promesses, que
de bonheur, que d'idési en perspective!

Quelles lignes -que celles-ci par exemple, que l'on
trouve chaque joui dans nos journaux, signées même
de la main de nos plus sérieux et meilleurs écrivains.

« Nous continuerons la guerre jusqu'au bout, jus-
« qu'à la complète destruction du militarisme aile-
« mand ; nous ne parlerons de paix tjue lorsque nous
h aurons mis l'Allemagne dans l'impossibilité de
« nuire ; alors nous aurons assuré au monde une paix
« durable pour longtemps ; les nations alliéeB n'en
« formeront pour ainsi dire plus qu'une, une dans
« leurs aspirations, une dans leur entente commer-
« ciale, une dans leur vie économique. » ,

^Quelle utopie I Quel mensonge I Mensonge abo-
minable, hélas, fait pour jeter l'excuse sur le crime
le plus affreux qui soit connu dans l'histoire.

Il'semble bien maintenant que les mêmes qui ont
déchristianisé et conduit notre chère France à sa ruine
morale, les Combes, Briand, Clemenceau, Viviani, etc.,
se soient de nouveau donnés rendez-vous pour en-
traîner aussi sa ruine physique dans la poursuite de
leur politique haineuse : Toutes les forces vitales ac-
tuelles de la France sont destinées à aller mourir sur
Je champ de bataille ; et celles de l'avenir à s'éteindre
minées par la misère et les privations ; et il en ré-
sultera ceci, c'est que, en quelque sorte, même l'Alle-
magne vaincue (si elle l'est) en sortira triomphante.

De son eoté, l'empire de proie, — le protecteur
des petites nations — l'Angleterre triomphe ; la
France impuissante à abattre l'Allemagne se jette de
plus en plus dans les bras de l'Albion.

Certes, non, je n'ajme pas l'Allemagne, mais,..,
je crains encore dix fois plus l'Angleterre.

-Vous qui lisez ces lignes, ouvrez l'histoire et voyez
si j'ai la droit de penser ainsi.*

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, \a 27 août 1916.
Théâtre de ia guerre à l'Ouest.
Au Nord-de la Somme les Anglais répétèrent hier, dans
les heures matinales et pendant la nuit, après une forte
préparation d'artillerie, ' les attaques au Sud de Thiepval
et au Nord-Ouest de Pozièies ; ils ont été repoussés, partiel-
lement après d'opiniâtres corps à corps, dans lesquels l'ad-
versaire laissa i officier et bo hommes prisonniers entre
nos malus.

- Des poussées àu Nord de Bnzenlin-le Petît et des combats
à la grenade au Bois des Fouieaux restèrent également sain
succès pour l'ennemi.

Dans le secteur de M amenas—Cléry les Français lan-
cèrent d'importantes forces à l'attaque, après un violent feu
d'artillerie et en employant des lance-flammes ; cette at-
taque resta vaine. Au Nord de Cléry, des éléments ennemis
qui avaient pénétré chez nous furent aussitôt rejetéi par
une prompte cou lie-poussée.

Au Sud de la Somme des attaques à la.grenade ont été ,
repoussées à l'Ouest de Vermandovillers.

De part et d'autre de la Meuse U canonnade s'intensifie

— Toutes mes félicitations, monsieur Crayan, dit-il, de
son ton paterne. Elle a très bien volé, votre machine. Seule-,
ment, vous rappelez-vous, je vous ai recommandé la pru-
dence. Je me promenais ; je vous ai regardé. ■ ■. Bien, bien,
me disais-je. Lt yous descendez dans la pâture.. Moi, ça
m'est égal. Mais le propriétaire des bœufs est là.... Une de
ses bêtes s'est cassé le pied.... Et ce n'est pas tout. ... Les
autres ont envahi le champ de blé.... et dame, un,troupeau
de bœufs, au galop, dans un champ de Lit!', ça commet des
dégâts. Le propriétaire des bœufs eat furieux ; je n'ai pas pu
le calmer. 11 réclame des dommages-intérêts----Le pro-
priétaire du champ agira de même.

Pacot pâlissait de colère.

— D'abord, le propriétaire des bœufs n'était pas là. On
l'aurait vu.

— C'est bon, dit André, qui ne voulait pas de dispute,
qu'il établisse le dommage causé et je paierai. n

— Bien sûr, monsieur Crayan, bien sûr, répondit le
maire. Mais il faut craindre que les propriétaires n'exigent
qu'on vous défende de voler.

— Le champ m'uppartient.

— Bien sûr, bien sûr, mais les autres, à côté, ne vous ap-
partiennent pas. Alors, moi, je serai obligé de soutenir me*
administres.

Après une pause, il jeta, d'une voix indifférente : ■
Carwous, monsieur Crayan, vous êtes dans la commune

un éttanger. Lt les l'icurds n'aiment pas les étrangers.

Pacot voulait répliquer : André le contint, et M. Pcudc-

cceur s'éloigna.

- Facol, indigné, lui montrait le poing.

— Après ce succès on peut, n'est-ce pas, s'accorder un
petit congé, dit Rouard à André en tirant sa moustache. Ça
ne to contrarie pas que je m'en aille pour quelques jours )
Je m'ennuie de Paris.

VII

Tandis que Rouard fêtait à Paris, avec ses anciens cama-
rades d'atelier, son congé, André, au Catois, se remettait à
travailler..

(Juand, laissant le Canada, il renliait en Fiance, décidé
à consacrer son activité à l'aviation naissante, mais sans
«ncore savoir comment, l'apparition d'un oiseau, immobile
contre le vent, au-dessus du bateau, avait jeté en lui une
lumière subite.

par moments. Des attaques prononcées dans la soirée contra
l'ouvrage de Thiaumont et près de Fleury s'effondrèrent
dans notre feu.

A l'Ouest de Craonne et dans le bois d'Aprcmûut, des
poussées de faillies détachements ennemis furent rejelées.
'Près d'Ariacourl et de Badonvillcr quelques entreprises da
patrouille eurent du succès.

Dans la région de la Somme deux avions ennemis
furent abattus en combat aérien prèa de Bapaume et à
l'Ouest de Roisel, deux autres par nos tirs antiaériens k
l'Ouest d'Athies et "au Nord-Ouest de Nesle.

En outre, des avions ayant atterri au Nord-Ouest de
Féronnc et près de Ribemont, au Sud-Est de Saint-Quentin,
tombèrent entre nos mains.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Front du feldrnaréchal von Hindenburg.
Au front de la Dvina les Russes échouèrent dans leurs
.tentatives répétées de franchir le fleuve au moyen de na-
tccliea à l'Est de Fricdrichstadt et près de Lennewanen. Au
Sud-Est de lvisiehn de petits détachement» allemands pé-
nétrèrent jusque dans la troisième ligue ennemie et re-
tournèrent, selon leurs instructions, dan» leur propre po-
sition, après avoir détruit les tranchées ennemies et an
ramenant is8 prisonniers et 3 mitrailleuses.

Front du général de cavalerie Archiduc Charles.
A part des escarmouches de patrouilles, avantageuses
pour nous, au Nord du Dnjeslr, aucun événement essentiel.
Théâtre de la guerre aux Balkans.
Des forces bulgares avançant sur la rive Est de 1e
Strouma s'approchent de l'embouchure du fleuve. .

Au front de la Mogiena des attaques serbes contre les
positions bulgares au Bujuk Las échouèrent.

- ■ Grand Quartier général, lo 28 août 1916.

Théâtre de la guerre à l'Ouest.
Dans la région de la Somme nos adversaires occidentaux
ont fait, dans la soirée et dans la nuit, après uné forte pré-
paration d'artillerie cl. avec des forces importantes,-de
nouveaux efforts pour rompre nos lignes au Nord du fleuve.

Contre les fronts de Thiepval—Mouquet-Fé et du Bois
de Dclville à Ginchy- les Anglais lancèrent plusieurs as-
sauts, tandis que les Français attaquaient nos positions
/entre Maurepas et Cléry. Les attaques échouèrent, en partie
• après corps à corps, en partie par suite de nos contre-pous-
sées ; au Sud-Ouest da Mouquet-Fé et au Bois de Del ville le
combat continue dans de petits éléments de tranchée.

~ Sur le reste du-front Ouest, a part une vive canonnade,
dans la soirée, des deux côtés du canal de La Basséc et. sur
la rive Est de la Meuse, rien d'essentiel.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Front du feldrnaréchal von Hindenburg.
, Près de 'Lennewaden une de noa patrouilles ramena
a of liciers 37 hommes prisonniers. Au Nord-Est de
Swiniuchy (dans le coude de Luck) des troupes auslrt hon-
groises repoussèrent des attaques de détachements russes.

Front du général de cavalerie Archiduc Charles.

Au Nord du Dnjestr d'impoi tantes forces russes at-
taquèrent dans la soirée. Un succès initial de l'ennemi,
pria de Delcjow, fut complètement corrigé par une contre-
ppdussée nocturne. . * ~

Plus vu Nord, entre Touslobaby et Zawalotf des troupe*
d'attaque ne purent se développer hors de leurs positions
.de départ, par suite de l'effet de nos feux de barrage.

Dans les Carpathcs des attaques russes contre la créle
au Nord-Ouest du Kukul et contre Stara-Wipczyna furent
repoussé es.

- Dans l'état actuel du vol mécanique, un aéroplane, au
contraire d'un aérostat, ne se meut que si sa vite'sse propre,
très supérieure à celle du vent, lui permet de percer l'obs-
tacle formé par l'air : c'est une loi. 11 lui est impossible de
rester sur place, et, par cxmple, pour stationner dans une
région déterminée, il est obligé de décrire de grands cer-
cles, aans trop s'éloigner du poiut où il voudrait se tenir. Un
aéroplane ne seia vraiment dirigeable, au sens exact du mot,
que le jour ou, tel un chauffeur d 'automobile, - le pilote
pourra à son gré modérer ou accélérer ou arrêter sa vitesse.

Le problème qu'André voulait résoudre s'opposait donc à
un des principes essentiels de l'aviation. Comme il 1 avait
confié î Rouard, d n'avait cessé, durant les trois unnées
passées chex Breugeux, de l'étudier. Non seulement son tra-
vail quotidien à l'atelier ou dans les meetings lui avait rendu
familiers les appareils, leur construction, leurs qualités,
leurs défauts, mais ses connaissances scientifiques, jointes à
son imagination hardie et rapide dans cet ordre de~choses,
l avaient porté a concevoir, au delà de ce qui existait et sans
céder à de faciles illusions, ce qui pourrait exister plus tard.
Quand, seul d'ans sa petite chambre de Neuilly, très avant
dans la nuit, il se penchait sur ses livres et ses plans, U sa-
vait qu'il ne cherchait jjaa quelque chose d'insensé. D'autres
l'avaient cherché avant lui, sans succès, mais enlîn quel-
qu'un le trouverait bien : pourquoi ne seiait-ce pas lui, un
Français ?

11 avait eu tout de suite la conviction ratsonnée de ue pa*
Imiter la nature : l'homme dépasse la nature, mais ue l'imité
pas ; le bateau ne copie pas le poisson. Certes, l'oiseau cons-
titue un admirable appareil d'aviation, mais spécial, car il
n'a qu'un seul oipane, les ailes, pour se soutenir et se mou-
voir, et nul oiseau ne pèse plus de dix kilogrammes. Sans
doute, parce qué les grands oiseaux emploient presque ex-
clusivement le vol plané, et les petits le vol ramé, on a pu
en conclure que le vol" mécanique doit être plutô. le premier
et que par conséquent un appareil doit attaquer l'air oblique-
ment. Mais on n'a pas tenté d'imiter 1b structure inimitable
de l'aile. Cela, et puis l'utilité de l'envergure, l'excellence
des ailes renflées à l'avant, et amincies a l'arrière, et encore
des formes remarquables de caiène, c'est tout ce qu'apprend
ou propose la nature.

Une solution enchanta André par sa simplicité.

Que vouluit-il ? Aller vite ou lentement, suivant son ca-
price, même ne pas avancer. Or, pour augmenter ou dimi-

A le frontière de Siebenbucrgen des prîsoanurl
roumains ont été faits. *

Théâtre de Im §uerre ëux Balkans. '
Au front de la Mogiena les Bulgares s'empirèrent dei
hauteurs au Sud de Zbonko ; à la Ceg.inska Plamna des
contre-poussées serbes ont échoué.

LA GUERRE NAVALE..

Berlin, 28 août 1918.
Tous les sous-marins qui ont pris part a l'entreprise du
ig août (voir la communiqué du ai août) sont maintenant
rentrés au port. L'information de l'amirauté britannique
d'après laquelle un sous-marin allemand aurait été détruit,
est donc inexacte.

Le chef de i'Etat-Major de la marine.

- BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Pans, 22 août 1010, aoir.
Lulle d'artillerie sur les deux rives de la Somme et à Vcrduo
dans la région do Fleury. Un coup do main réussi au Nord de
Maurepas noua a permis de lairo quelouca prisonniers. Noua
avons ropoussô des attaques S la grenade »ur un da nos ouvrages
dans la bois do Vaux-Chapure.

; Varia, 23 août 1910, 3 heures. -

Àu Nord de la Somme, l'artillerie ennemie, énergiqucment
coDlrebattue par la nôtre, a violemment bombardé pendant la
nuit nos prerniérea lignes et nos voies de communie a lion au
Nord et au Sud de Maurepas. L'ennemi n'a lait suivre sou bom-
bardement d'aucune action d'infanterie. Au Sud de1 la Somme,
après une intense préparation d'artillerie les Allemand* ont
attaqué, hier en lin de journée, au Sud d'Estréca et a l'Ouest ds
Soyécourt, lea tranchées conquises par nous le 21, où ila onl
pria pied en quelques pointa. Lulte d artillerie assez acUvc dans
les secteurs de Belloy, aVAsievillers et .do Lihona. Dana tes
Vosges, nouB-avons repoussé a la gienadc un coup de main sur
une de nos tranchées au Sud do ïlliu-lmannswiUcrkopf. Nuit rela-
tivement calme sur le resta du Iront.

La guerre aérienne /'Sur le froul de la Somme, l'adjudant
Dorme ■ abattu son cinquième avion allemand, qui est tombé
vers Moislaing, Nord-Est de Pèronne. Quatre autres apparaila
ennemis mitraillés par les nôtres, ont allerri, sèneuacmecl touchés,
dans leur lignée.

Tans, 23 août 191C, soir.

Au Nord do ia Souimc^ la lulte d'artillerie a continue laule le
journée, particulièrement vivo dans tes secteurs de uclley et
d'Estrées. Sur la rive droite do la Meuse, uno attacjuo brillam-
ment menée par noa troupes contre los positions allemandes"
entre Fleury et l'ouvrage du Thioumont nous a permis Ba rèa'iscr
un sensible progrès. Noua avons lait environ dyui cents
prisonniers dont jletu officiera.

La guerre aérienne: Un avioa ennemi a été abattu dons la
région da lloyc. L'adjudant Dorme a abattu aujourdhui son
auièmo avion, qui est tombe dans la légion'de Morclie-lc-Pot,
au Noid-Oucdl do Chaulnes.

Paris, IA août 1916, 3 Içiiree.

Au Sud de la Somme, hier en fiu de journée, aptes un bom-
bardement très vif dirigé sur lo bois de Soyecourl, reniKiui a
(ait uno tenlalivo d'attaque à la grenade qui a fié aussitôt
maîtrisée ar nos feuj. Un peu plus Urd, au Sud-Ls! il- ce bois,
une attaque ennemie qui se préparait a ete pnsu sous nos lira de
barrage et n'a pu soitir da aoa tranchées. Du (_lian.(iagué,
plusieurs coups do main des Allemand- sur nos petits postés ds
la région do Tahurc ont clé aiséiuenl i «poussés. Sur la rive
droite do la Meuse, l'ennemi a' violemment bombardé lus posK
tions que nous avons conquises hier entre tlcury et lumraguTla)
Thiaumont. Le chiffio des prisonniers faits par nous au cours de
cette allaquu depusso deux cent CiuquIuLc, dont cinq officiers.
Lutte d'artillerie assez vive dans la légiun du Clicjjoie. Partout,
ailleurs, nuit relativement calme.

La guerre aérienne : Le 22 août, sur lu dunt du la Su nue, un
de nos pilotes attaque par trois appareils ennemi* a rtuisl à se
débarrasser de ses adversaires, ol a eu abattre un qui sent écrasé
sur le sol prèa d'Athies, région de QaDh Dans la jouruoo d hier,
un albatros' a été abattu par un des nôtres vetë Lvoye (Nord Eàt
de Hemis). Deux autres avions allemands, à la suite de combats,
ont piqué brusquement dans leurs ligue?, 1 un en Champagne,
l'autre dans les Vosges.

nuer la vitesse, il faut diminuer ou augmenter lu voilure.
Cette diminution et cet accroissement immédiat, ne [>ouvait-
Uj.-a* les oblcuir, mécaniquement, avec ses ailes métalliques,
par le procédé de l'éventail qui déploierait une surface pora
tante, repliée sous la première P Lt l'arrêt eu pieu uel, ne
pouvait-il pas l'obtenir pur un jeu d'hélices contraires, une
hélice & axe vertical qui aiderait encore la susieutàlicm, et
son hélice propulsive à axe horizontal ? Ici, il jejuigrurî li
théorie du colonel Henard. L'avion de l'avenir coiiipiciidrjut
des surfaces planeuaes et dts hélices propulsives eoiiiiue les
aéroplanes modernes, muis aussi des hélices, a axe vertical
comme des hélicoplèrei.

André laissait de côté la question du moteui. Licites') il
ne se cachait pas gu'uu moteur actuel n'en lèverait pcut-ètro
pas facilement un appareil ainsi alouidi, mais puisque te
moteur parfait, aussi puissant que les derniers i n i,,ni-,
mais bien plu» lé^-er, n'existait pas, il se servirait de ce que)
lui donnait la science moderne. Sein aéroplane, avec cette
lige d'acier, âme longitudinale du navire aérien, sur laquelle
U pourrait aisément tout monter, lui-offrait un..' eornm idilé
unique de réalisation.

Après le vol de son oiseau, André'avait annoncé par uno
lettre joyeuse 1 sa mère la nouvelle, M"* Crayan lui avaîC
répondu : ne s'accorderait-il pas maintenant quelque repos ?
Bientôt elle partirait pour la campagne, l'Alsace, où, depuis
un an, elle possédait à Rostheim, pur un lointain héritage,
une propriété. Elle y serait seule, puisque Piene, invité h
Deauville, chez des amis, ne l'accompagnerait pas. Elle
s'avouait trop fatiguée, elle, pour affronler la folle agitation
d'une filage n la mode. Qu'André vînt donc I Plus rien ne le
retenait au Catois, Jusqu'à l'ouverture du Salon de l'aéro-
nautique. Elle oubliait à dessein le vol sur place. André le
lui rappela....

Ce plan, qui avait exigé trois longues années d'études, il
voulut l'exécuter avec une hâte qui effrayait Pucot.

— Vous avez le temps, monsieur André, disait Pacot,
rien ne ne vous presse.

Sans doute rien ne le pressait, sinon l'ardent désir de
triompher, vite, avant les autres, parce qu'il croyait tenir la
vérité. Puisque l'appareil, construit pour U vol ordinaire,
n'avait pas trompé son attente, un peu modifié pour le vo/
sur place, il répondrait de même i son espérance.

— Méfiez-vous, monsieur. André, disait encore Pacot.

i '£A suivre)*
 
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