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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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2- Année. — N« 2fiH.

JOURNAL DES PATS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

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SIMPLES RÉFLEXIONS

On lecteur français du territoire occupé nous envoie
ces réflexions, que nous publions en «Tribune libre» :

Nul n ignore aujourd'hui que lu guerre que noui
subissons est plutôt d'origine économique que poli-
tique. Nul n ignore que l'essor merveilleux de l'Alle-
magne a excité l'envie de J'Angleterre omnipotente et
que nous nous battoni à côté d'Albion pour li débar-
rasser de la concurrence allemande. Rien n'est plui
■impie, rien n'est plus vrai. v

L'Anglais, par la supériorité de ■& flotte, régna en
maître ou en dominateur sur lea mer* pendant plu-
sieurs siùclea ; H n'eut pas de rivaux sérieux jusqu'au
jour où l'Allemagne bien organisée s'avisa à ion tour
d* parcourir librement le monde, 1 la recherche dea
débouchés dont elle avait besoin.

Son succès fut rapide, immense. On l'explique par
la supériorité de son instruction scientifique et de
■a méthode économique ; on l'explique encore par le
cèle et la persévérance dans ies recherches, l'adapta-
tion de son industrie aux goûta de la clientèle et enfin
par un service consulaire bien organisé.

11 n'est pus inutile de dire ici que la charge d'un
consul allemand n'est pas uni sinécure ; ce fonction-
naire n'est pas, dans les pays d'outre-mer, le dandy
à la mode, le danseur élégant, l'homme qui n'eat la
qu'i titre représentatif et pour no rien faire, comme
la plupart de nos agent* français : 11 est le pionnier
commercial qui défriche et prépare le terrain à ses
compatriotes, en lea renseignant d'abord sur les
besoin* du pays où il est accrédité et en . facilitant
ensuite leurs transactions. D'autre part, la sollicitude
gouvernementale pour le* intérêts commerciaux est
plus grande en Allemagne que partout ailleurs.

L'Angleterre vit La parfaite cohésion et la rapide
prospérité de l'empire allemand; elle vit surtout, de
Uès mauvais œil le développement de la marine mar-
chande et plus encore celui de la flotte de guerre ; sa
domination des mers «e trouvait menacée et elle étudia
la possibilité d'abattre aon rival ; elle forma contre
l'Allemagne cette coalition que nous connaissons, avec
1* secret espoir d'arriver à ses fins sana engager ses
propres forces, c'est-à-dire en faisant combattre d'au-
tres nations qui servirait inconsciemment se» inté-
rêts.

Elle sut s'adjoindra la Fiance, alliée elle-même à
1* Russie J Celle-«i avait, outre son régime despotique,

d'Immenses besoins financiers et une organisation éco-
nomique détestable. C'était bien le dernier pays auquel
la France eût dû s'allier, mais isolée depuis près d'un
demi-siècle, la France désirait vivement un point d'ap-
pui important et elle l'acheta véritablement. Nos mil-
liards allèrent se perdre- à St-Pétersbourg en échange
d'une amitié bruyamment affirmée^- que nôu« aoouejU
Itmea avec délire. Cette amitfé nous donna plus de
promeases qae de sécurité matérielle et clic nous obli-
gea, en fin de compte, à prendre les armes pour sou-
tenir apparemment une querelle slave qui dégénéra en
une guerre formidable selon les désirs de l'Angleterre.

La France fut également très flère, très honorée des
avances anglaises et elle conclut, avec sa vieille enne-
mie, 1' « Entente Cordiale ». Une fois de plus la voilà
victime de ses alliance* maladroites 1

Quel e*t actuellement, du côté français, le bilan
de la guerre P s

La plus belle partie du pays est occupée et dévas-
tée ; le* milliards fondent comme la neige au soleil et
le sang généreux de nos soldats coule à flots depuis
deux ans dans nos plaines incultes, pour un.' couse
à laquelle nous aurions pu rester étrangers.

Avec quoi réparera-t-on le* ruines, comment pour-
ra-t-on réediGer tout ce qui s'est écroulé, combler les
perte* » Où trouvtra-t-on l'argent r Disons-le franche-
ment : nous marchons droit à la banqueroute. Tout

l'or de Fiance qui ne va pas en Amérique va grossir
la fortune anglaise et Albion peut sans crainte conti-
nuer la guerre jusqu'à accomplissement de son égoïste
programme. Ses alliés sont devenus ses sous-oidrcs;
ils combattront tant qu'il leur plaira, tant qu'il restera
un homme et une pièce de nionnuie.

Nous n'aurons plus, pour toute fortune, que du
papier d'émission, triste monnaie s'il en fut, qui aura
sans doute le sort des assignats de la première répu-
blique t II fallait, à cette époque, dix mille franc* d'as-
signats pour se payer une paire- de bottes I La sagesse
de nos gouvernants aura fait de nous des va-nu-pieds
ou des sans culottes !

Après cette folio sinistre et sanguinaire dont nous
mourons lentement, nos gouvernants méditent encore
« l'après-guerre », qui dit le désarroi de leurs cerveaux.
Ils veulent que lea hostilités commerciales continuent
après la paix.

Dans ces conditions, la paix serait mal assurée,
le feu pourrait se rallumer et on recommencerait tôt ou
tard ? Ah I non 11

Il nous serait interdit de faire du commerce avec
nos anciens ennemis, de leur acheter des produits,
fussent-ils mieux faits ou moins cher* que ceux de
noire indusliic. Mais nous serions les première* vic-
times de cette législation incongrue, ce serait entraver
la liberté commerciale et annuler la concurrence qui
établit les justes prix. Nous serions la proie du pro-
tectionnisme patriotique qui enrichirait à no* dépens
des industriels pourvus d'un véritable monopole*
Quelle folie I

La paix établie, nous aurons, noua commerçant*
ou industriels, à nous refaire et nous Irons à ceux qui
nous feront lea plu* grands avantages, sans distinc-
tion de nationalité. Je n'aurais pas, moi et la masse
qui raisonne sainement, le moindre scrupule à êtr*
le citent ou le fournisseur de mon ennemi d'hier, de
l'ennemi que l'on-m't imposé à la suite de maladresses
ou de machinations et qui n'est pas, plus, que moi, res-
ponsable de la guerre actuelle. Je n'admettrai jamais
que le* auteurs de oette ruineuse aventure viennent
s'immiscer dans nos affaires personnelles et nous dic-
ter la conduite à tenir après la paix.

C'est plutôt nous qui traoerone le programme et
qui choisirons les hommes nouveaux capables de le
réaliser. Assez de politique sentimentale ou aventu-
reuse à l'extérieur, de politique sectaire à l'intérieur ;
il nous faifl désormais une politique saine, ferme, pra-
tique et sage, digne de notre pays, une politique qui
réparera nos désastres et qui nous orientera vers la
prospérité par une paix durable.

la nation, retrempée par lu lutte mettra de l'ordre
partout, et elle choisira judicieusement ses manda-
taire*. Donc, que nos gouvernants réservent l'avenir ;
la France nouvelle se fera sans eux et peut-être contre
eux.

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, le 10 icptembrc 1610.

Théûl.e de la guerre à l'Ouext.
Franl du feldmaréchal duc Albrecht de Wurtemberg.

Comme à plusieurs reprîtes dans le* Journées précé-
dentes, Westende fut bombardé hier également sans suc-
cès du oôlé de la mer. Dam l'arc d'Ypres ainsi que-sur la
partie Nord du front du

Groupe d'armée du Kronpriru Rupprtcht de Bavière

l'adversaire développa une viv* activité aW feu «t de aav

trouilles.

Hier, la bataille de la Somme fut particulièrement vie»
tente. Une forte poussée d'environ ao divisions anglo-fran-,
■aise* s* lança, après une canonnade d* La plus grand* in*
tensité, eontre le front entre l'Ancre et la Somme. Apre*

uni. lutte aelini née nous avons été repoussé! au delà des
villages Courcclelte, Mnrtinpuich et Fiers. Combles fui
maintenu contre de fortes poussées anglaises. Plus au Sud
jusqu'à U Somme toutes les attaques furent repousiée*
sanglantes, en ptirtio seulement après corpi a corps. Au Sud
dé 11 Somme, de Barlcux jusqu'à Deniccourt, l'attaqu*
française est également repoussée; le combat continue en-
core pour la puïM.sjiuu de. quelques téies de ssppe*. -

' Six aviateurs ennemis furent descendus, dont l'un par 1*
lieutenant Wiulgens, deux par le capitaine Iioelrke qui,
jusqu'à ce jour, a mit hors de combat 36 avions. *

Front du Kronpnni allemand.

A l'Est de la Maue l'activité de combat se maintint dans
des limites modérées, à part quelques attaques françaises à
la grenade, restée* sana succès.

Théâtre de la guerre à l'Eit.

Front du feldmaréchal Prince Léopold de Bavière.

Aucun événement d'importance particulière.

1 Front du général dt cavalerie Archiduc Charlet.

I De vifs combats d'infanterie n'eurent Lieu qu'à la hauteur
dfe hainienicc dans les Carpathcs, à part cela la situation est
sans changement.

En Transylvanie les Roumains ont franchi l'Ait en amont
du fleuve près de Fogaras ; au Nord-Ouest de Fogiras de*
détachements ennemis qui avaient franchi le fleuve furent
attaqués et repousiés ; plus en aval les tentatives de franchir
1* fleuve furent de1 jouées. Au Sud-Est de HoeUing (Hatoseg)
des positions roumaines ont été prises ef des coa Ire-poussée*
refoulées.

Théâtre de la guerre aux Balkans*.

Groupe d'armée du feldmaréchal von Mackensen.

Ufl* victoire décisive couronna le* opérations dans la
Dobroudja, conduites avec habileté et énergie. Les troupes
allemandes, bulgares et turques poursuivent les forces rus-
ses et roumaines battues.

Fronl macédonien.

! Après avoir perdu la Malka Nidze ies troupes bulgare*

on: occupé une nouvelle position de défense qui avait été
anepurée à l'avance. Uea attaque* serbes réputées, dirigée*

Sntre le front de la Moglena entre Pozar et la hauteur d*
'eslap ont échoué. A l'Est du Vardar rien de nouveau.

Lu ; ■ r aérienne ; Dam la nuit du I au 10 septembre, dix
** nos avions ont lancé 60 obu»- de groi cattbr« iur des usines
■il i titre» importantes, au Sud de Bruges. Le bombar dament,
effectué entre 400 et 800 mèlrei d altitude, s été trèa efficace.
Dim la même nuit, 104 obua ont été jetés aur des cantonnements
et des dépota de munition» tu Nord de Sommc-Py. De violentée
explosions ont été constatées. Enfin, une de nos escadrille» ■
bombardé les casernes et l'aérodrome de Sarrebourg. 20 obua
de groa calibre, bien placé» au but, ont causé de» dégâts
Important».

Paru. 11 septembre 1010, aolr.
En dehors d'une lutte d'artillerie asser violente au Nord de la
8ommc, dvn» le» secteur» d» Borny, Yerniandovillcrs et ChauJnca,
aucun événement important à signaler aur l'ensemble du front.

Pan», 12 septembre 1910, 3 heure».

Au Sud de la Somme, une attaque ennemie sur une de noa
tranchéo t l'Est de Belloy-en-Santerre a été aisément rej>ous»ée
à la grenade. Une opération de détail nou» » permis d'occuper
une u*anch*S allemande au Sud du cimetière de Bemy. Partout
autour», canonnade habituelle au cours de la nuit.

La guerre aéneane : Dana la nuit du 10 au U septembre une
de nos escadrilles s bombardé la gare de Motz-Sablon al le»
usine» militaires de DiHingen Un de no» pilotes a abattu .un
avion ennemi qui est tombé à l'Est de Rancourt (front do le
Somme).

BULLETINS OFFICIELS ANGLAIS

(Front occidental.)

Londres,-41 septembre 1916, 9 h, 40 soir.
L» situation ne s est pas modifiée «u Sud de l'Ancre. On ne
signale autun eveucmenl important au cours de la journée.
L'cnucmi a déclenché hier, ver» Gmchy, de violentes contre-
ailequea eûmes de corpa à corps dasii lesquels non» noua
sommes empares de 101 hommes et de 4 ollicicrs, ce qui .porte
i plus de 3uU le chiffre total dea prisonnier» laits depuis le
dernier communiqué. Notre artillerie et nos mortiers de tranchée»
ont aisément enrayé une tentative de bombardement de no*
position» au Nord du Bluff. Sur le net* du Iront, non d impor-
tant à signsler.

Londres, 12 septembre 1910 midi.
Hier soir notre artillerie lourde a provoque dem graves
incendie» dans le dépôt de munitions de Qrandcourt. L'artillerie
a montre une certaine activité au cours de la nuit contre nos
bgnes du bon Del ville à la ferme du Mouquct. Kien d'important
t signaler sur le reste du front.

A PROPOS- DU TRAITEMENT

clos Prisonniers en France

Extrait du communiqué bulgare du 15 septembre 1918 t

, La grande bataille qui a eu lieu sur la ligne lie Oltfna—
rfilags—Parakliiol—Abtaat—Mussabey- Cara Orner se ter-
mina le 1* septembre par 1* défaite complète de l'ennemi qui
*• retire sur toute 1* ligne, énergiquement poursuivi par no*
troupe*. Le dénombrement de* prisonniers et du butin est
•ffftctué en c* moment. Ont pris part à cette bataille: 1*
**y 4V~, *t 19"* division roumaine, la 61"* division d'in-
laOterU ruas*, une division d'Infanterie mixte russo-serbe ci
I divisions de cavalerie russe.

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Paris, .li "septembre 1916, 9 heures.

Aii lud de 1a Somme, les Allemands ont prononcé, pehdaas
|a auit, une sirie d'attaques aur divers point» de notre nouveau
ÉroiU. Depuis Borny jusqu'à la région au Sud d» Cù aulnes, U*
*Skt déclenché & attaques dont plusieurs accompagnéea de jet*
si» liquide, enflanlmé». Partout lea troupe» assaillantes eut été
••Jetées dan» leur» tranchées de départ par nos lira d'arUUurt*
•t noa feux de mitrailleuse» qui leur ont mffigé des pertea
sérieuses. Nuit calme »ur le reste du front.

M. Niele Chnalicrnsson, un de» membre* d<j la commission
suédoise qui Ut, lin 1915, un vcyage ileli.de *n France, u publié
ses impressions dan» un petit volume intéressant; urecû, cent
sens partialité, qui porte le titre : ■ A Paru el au pont (ronçats a.
Noua eu reproduisons ri dessous uu, extrait, le deinm Chapitra,
traduit de l'original.

Dans notre programme, il nous était promis, u si pos-
sible a, une vuile dans un camp de pnsoitnieis ; ce nest
qu'après notre retour du front' qu'on nous lit savoir ijue
•ette visite était devenue possible.

Or, "j'sl été plusieurs fois depuis is guêtre en Allema-
gne, et j'y ai vu cinq campa de prisonnier*, dont dcirx
pour le moins n'avaient sûrement pua pu être pC*Ji»ftr*S en
vue de ma visite. La première (ois, c'était un t/rand cemp
à proximité de Berlin qu'on me lit inspecter ; les fois sui-
vantes, lea camps furent choisis avec intention de telle
manière qu'il ne pouvait s'agir d'une présentation offi-
cielle, d'une espèce de camp de parade, arringé pour le*
y*ux du visiteur.

Aussi al je été quelque peu étonne de trouver pur cori-
fcra te» Français si hésitants, et mon étonuement redoubla
•Ss apprenant qu'un voysge de toute une nuit texall nc-
asjMaira pour noua conduire au but, situé i!un< k- Midi de U
France. Et pourtant H. YValtc, du ministère de l'cTk:ricur,
•von* avait renseignés qu'i) y avait des camps de prisou-
aders tout près de Paris I...

Donc, en route I Un officier spécial nous m i ompugne.
On passe Lyon, on arme » Saint-Etienne. Vu In .longueur
et la* fatigues du trajet, une partie de notre coisYfnissMfsl
■'avait pu se décider à y prendre purt. Et c'était bien SjVua-

FEUILLETON DE LA eOAZBTTK DBS ARDBNNBS* tl

LA VICTOIRE

Par ?avl m hi h.

Ce fut deux jours plus tard, dans 1* salon, que Ma.de-
letn* lui parla pour la première fol» d'elle-même. 11 pleu-
vait encore, mais une pluie violent*, avec de grands coups
*• vent qui achevaient de dépouiller le* arbre*. Sous un
ci.;! livide, k Rhin, grossi, affleurait ses rives d'un cours
Impétueux. Madeleine jouait au piano 1* oeuviam* sy*a>.
phoot* ; André entra, sans qu'elle s'en aperçut. Ii n'avait
jamais fréquent* les concert», il ignorait même k peu près
U musique cl les musiciens, ruais cetU plainte désespérée
Ter» la joie impossible 1* bouleversa... Gela répondait à
tant de choses qu'il avait éprouvées depuis quelques se-
Boaines... cela le remuait si profondément... de* larmes
mouillèrent se» yeux. Quand Mudi-kine eut Gui, il alla vers
elle.

— De qui esl-LC ? demauda l il impérieux.
Zll» dit d'abord, un p«u gênée :

— Vous étiez donc la f....

Et seulement, elle répondit :

— Mais c'est de Beethoven.

EU* restait sur le tabouret du pieno, lui debout devant
«tU. Alors, sans préambule, comme rapproché encore d«
atadelsdiie par l'émotion de celle musique, il lui dit :

— Maintenant que votre frèr* est mort, que oonipt**-
■vu* faire t

Eérieuse, elle envisageait son avenir, sans peux. Saq
■rare ne lui laissait rien. Tant qu'il rivait, elle paraissait
as» s'attacher qu'aux plaiair». Néanmoins, «lie avait beau*
•onp travaillé, elle possédait ses breveta, ell* parlait aour.
raniment l'anglais ; même, pour obliger parfois son frira,
•tU avait appris la dactylographU et la sténographie. Naa,
*&• M restait pas désarmée, devant le* dureté* ae l'avenir,
«t travailler n« l'ail rayait pas. Par aaempl*, ell* n'acceptas
s** VmaU d'être Institutrice dans un* lamina ; njaU «lit

avéersit volontiers un cour» où enseigner à de» jeunes fille*
fui S* destineraient au commerce, U dactylographie, la '
Sténographie «t l'angUU. Elle espérait par' sa* relation*
saaoembler assez vite de nombreuses élèves, «t, dès son
Batour à Paris, dans trois semaines, elle s'y emploierait.
Ainsi, aile conaerversit son indépendance. André obsv.r-
ymil ehex Madeleine œ même goût de l'action qui oermeta»
lisait la génération dont il était, oe mém* sens pratiqua,
*e mém* réalisme. Perdre la fortune et tous U* lujramenUl
aasi la suivent, laissait la jaune tille Indifférente, de* lor*
qu'elle ne perdait pea la liberté. U lui dit, arav*. *o ém
Urine* à peu près pareils, ce qu'il lui avait déjà *Mt a
Btsunpe» sur U champ d'aviation :

Je vous connsU mieux chaque jour,

— M*U nous somme» toutes ainsi, Et-eil-. Seulement,
s» ne nous juge-que d'après les apparences.

Et «11* ajouta, avec un sourire mélancolique :

— Sans doute, il y a beaucoup de notre faute.

A son tour, Madeleine l'interrogea aur lui-même, n toi

Ecouta tout, l'ardeur des premières seuiainea, U départ d*
Hiord, son découragement, et 1* seule consolation que lui
sionnait le bonheur calme des Pacot. Par un oubli d'alllvur*
inconscient, il omit les conseils de M™ Pacot. MaU 11
«voua sa sulitude et combien d en avait souffert, une foU
sevenu au Gstois Tout en parlunt, il s'étonnait du parler.

K. questionnait et il répondait, parce qu'elle posait sur
son doux regard. Quel besoin de se confier pour qu'il
*/ép*ncbai avec un tel abandon ! Ce qui l'étonnait aussi,
«fêtait l'aisance avec laquelle Madeleine saUUaait tout o*
nii concernait son appareil, U dispositif de* panneaux
ne» en éventail, le* deux hélice». Comme Pacot, Mod*-
Sséiii répétait : « Vous réussiree, vous finirai par réussir,
J'en *uia aare u, mais, bien plus que Pacot, elle U pertuar
èait. Elle confessa e* qu'à Etampea elle avait promU à
H™ Crayon de tenter auprès d'André et qu'au dernier mo-
ment ell* avuit Jugé ne pas avoir le droit d'accomplir.

Quelques jour» s'écoulèrent. Madeleine entretenait
André da ses projeta, ils discutaient, elle jouait pour lui
du Beethoven ou du Chopin, car il piéféruit la musique
ssmouvonte ou désespérée ; Us se promenaient aussi U
iong du Rhin, sur le* larges pieu es- résonnantes de U
kerge, dans Us bois où dorment bous les roseaux les étants,
sWns les petlU sentier?, entre les cliamps, il'nfi parfois

A

*^«nvol*ient de lourds faUans dorés. Des souvenir!
daHampee se réveillaient dan* leur mémoire. Si parfou
André lui disait : k Voul rappelez-vous? n, Madeleine pou-
v*it aussi, à un autre moment, lui dire les mêmes mot» :
«Vous rappelei-vou» f u, et leurs paroles ranimaient uu*
saaura ancienne.

Ils semblaient un frère et une sceur. Mais André scnUit
k**n que l'amour était en lui.



XII

Oui, l'amour était en lui.

Mais, Undis que, naguère, dominé par une femme,
sVadre avait honte de sa déchéance et luttait désespérément
aour s* sauver, aujourd'hui, contre Madeleine, il n'avait

r* d* force* ; bien plus, U goûUit à la voir, à lui parler,
Ti» m près d'elle, un délice sans remords. Tout l'engour-
dissait, le calme dea heures unies, U tendresse d'une mère,
k grflee d'une jeune fille que le malheur a touchée, jua-
qu'a oe payssige solitaire où semblait si vaine l'ugitatioo
i' hommes. '

Toujours, à un moment, les Ames les plus aventureuse*
lèvent d'un bonheur monotone et pur. JBt combien est
pu. -■ ■ l j - l sur ceux qui ont trop vécu comme sur ceux qui
at'unt pas voulu vivre, l'iudéfJnissable charme d'une jeun*
filU 1 N'appoilc-t-ello pas dans ses mains innocentes, avec
•on sourire contient, toute* le* promesses d'un nouvea.1»

Clntemps f* Le cceur le plus usé s'émeut, et le cœur qui
s pas encore battu s'éveille.
Cependant, par uu dernier, suisnut, André te ressaisit 1
•on, Unt d'années laborieu*es, loin du monde, et con-
Éuite* avec une ai f urine volonté de ne pal subir ce que
SuhinaUnt tous lis sutre*, n'aboutiraient pus lamentable*
l . 1 :, l i U défaiU de ses convictions et de ses théortua. H
crut s'affranchir en évitant Madeleine, en fuyant lea long*
entretiens, en ne la priant plu» do jouer du lieulbovan, eQ
alk^uant dus fatigues passagères pour ne pas l'accompa-
gner dans ses promeuadoa. Mais U restait, il U voyait, et,
si par bâtard elle s'éloignait elle au,si de lui, U s'irritait
secrètement , alors il se jura de partir, u Qu'est oe qu'il a 1 »
s'alarmait, en joignant les mains, M™* Cray un. a II va
nous quitter, jeu suis sûre, il va nous quitter u, disait-ail*
k Madeleine. I.a jninc fille ne répondait rien. André laissa

la semaine s'écouler. Le lundi, dani l'après-midi, tomme
fis étaient tous trois dans le selon, lui a côté de sa mère
sur le canapé, Madeleine près de U fenêtre, tricotant une
•apeitne pour U petits tille de U fermière. An iré K pen-
cha vers M" Crayan.

— Madeleine, s'écria M"' Grevan, André veut pailir
jeudi.

La jeune fille se retourna a\ec une certaine hiusqueue,
moi* aussitôt, comme si elle le regrettait, < lie dît, la rôtit
bien posé :

— André veut retourner au Calois poui travailler ;
•'est très nsturel. . *

Elle continua de tricoter, tandis que Mut Crayan s ex-
clamait, mais su bout de quelque* instants, elle s u lit.

André, étonné, ia suivit des >eu» ; elle a\ail traversé le
salon, puis ls salle » manger, de cette démanhe légère qui
lui était habituelle et donnait à son corps une -ouplc*«e si
élégante. En vain, M°" Crayan entreprenait «un H)s, Pour-
quoi Madeleine était-elle tortie ? Voilà lenliment ce qu'il
s* demandait. 11 voulait bien partir, mais il ne wuiait pas
que Madeleine supportai facilement son dépai t M'11*
Crayon, Usse de ses efforts, inutiles, se retirait. Amiré ga-
gna le jardin ; Madeleine n'y était pas. Il ouvrit la bar-
rière, mont* sur le chemin de la digue, et il aperçut Ma-
deleine à quelque deux cent" mètres sur lu droite.

Il evait plu toute la motiin'e, mais l'srur pale du ciel,
lentement délivré, s* montrait i travèra les nuuges déchi-
rés ; vers le sud cependant roulait un ama« d'autres nuages
gr.s. L* veut l'était apaisé, le.- peupliei» dont l'ombre dé-
pouillé* s'allongeait sur le* eaux tremblaient à peine, et
tU grands corbeaux s'envolaient en croassent au-dessus du
Edita. On entendsit l'effort régulier d'un remorqueur
•acké encore par le tournant du fleuve, et que révélait
■no lourde colonne de fumés. Madeleine s'«n allait sur la
«ligue, un en-cas à la malu, le voile noir de ion chapeau
flottant sur la nuque.

André en quelque* instants la rejoignit; Madeleine se
«tourna, et U M «ut plus comment expliquer sa présence.

— U va pleuvoir en cor» ; U n'est pas trè- prudent que
yous vous «Wrtlesj de 1* maison.

— Oh non I répondit cl le, il ne pleuvra plus : regardes
U ciel.

%A suivre).
 
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