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Gazette des Ardennes: journal des pays occupés — Januar 1916 - Dezember 1916

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2* Année. — N- 28».

Tirage : 130,000 Exemplaires.

Clmrleville, le 26 Octobre 1916.

Gazett

JOURNAL DES PATS OCCUPÉS PARAISSANT QUATRE FOIS PAR SEMAINE

On s'abonne dans tous les bureaux de poste

LA PRISE DE CONSTANTZA

La prise do la ville do Gonstantia est le couronnement
de la nouvelle victoire, remportée sur 1 armée russo-rou-
maine de la Dobroudja par lca troupe* ouigaro-turco-alle-
mande» du feldmaréchai von Mackensen.

Commo toujoura o* grand chef avait minutieusement
prépara ion attaque, ne négligeant rien pour lui donner
toute la puissance, toute 1 ampleur garantissant un plein
•uecca. Déjà une partie de la preste alliée commentait aon
Inaction, y voyant une preuve de faiblesse. Même les jour-
naux prudenta t'y trompèrent, comme lo « Daily New$ »
par exemple, auquel lea journaux français du 17 octobre
empruntèrent ce jugement :

« Il est bien évident que Falkenhayn n'a pas été envoyé
en Transylvanie, ni Mackensen «n Dobroudja simplement
pour résister de leur mieux aux attaques des troupes rou-
maines. Leur plan n'était pas la défensive, mais l'offensive,
et quoique Mackenacu ait complètement échoué dans la
réalisation de son but (I), il n'eu demeure pss moin» que,
depuis plus de quinte jours, Falkenhayn attaque, non sans
■uccès, dans le secteur qui lui est attribué.' a

Le prétendu échec de Mackcnten vient de se changer en
une victoire incontestable. Le ao octobre, l'armée coalisée
enfonça la ligue russo-roumaine, s'emparant de Jurla. Le
lendemain, les forts pointa d'appui de Topraisar et de Coba-
dinu tombèrent en son pouvoir. Il eet évident que
ce» événement» décisif» prirent l'adversaire au dépourvu.
Lea communiqué» officiels m s so-roumain» témoignent de
ccUagmrprise par leur Jaconi«me. Ce» communique» publiée
par le» journaux français du aa octobre, et confirmé» par
le sans-fil de Paris, aa octobre 1 h. 3o de l'après-midi, sont
ainsi conçue : *
Communiqué roumain :

n L'ennemi 1 pris l'offensive »ur tout le front. 11 a été
repoussé sur notre flanc droit et au centre. À l'aile gauche,
nom nous tommes légèrement retiréi ver» le Nord. »

Communiqué russe :
_ A 7 heures, l'ennemi a ouvert le feu et pris l'offensive.
Ses attaques ont été repoussée» avec de lourde» perte» pour
lui ; la lutte continue. »

A ces communiqué», le a Petit Parisien» du aa octobre
Joignait (* -rwn ment* ira de *on 0onrepond*nt particulier
11. Claude'Anet :

a En somme, on peut avoir la certitude que dans peu
de jour» l'équilibre sera rétabli en notre faveur sur le front
roumain. »

A la même data, le « Temps n écrivait :

« Le commandement roumain a reporté certainement sur
•on front Nord une partie de* forces qu'il avait en Do-
broudja, devant Mackensen ; celui-ci en a profité pour re-
prendre l'offensive ; no» alités ont arrêté toutes ses attaque*,
sauf 1 leur aile Eat, où ils ont légèrement reculé.

La situation de l'armée roumaine s'est, dans l'ensemble,
améliorée ; le froid qui commence k ■• faire sentir dans 1*
région montagneuse, où le» colonnes ennemie* «ont enga-
gées, rendre tout* opération de quelque importance extrême-
ment difficile ; il n'en résulte pas moins qu'il serait désirable
que les alliés apportassent un concours effectif k l'armée
qui est venue s* joindre aux leurs. Le* Auslro-Allemands^
attaqués partout, ont bien lu trouver une armée pour faire
face à leur nouvel adversaire. »

Or, le lendemain, les Ruaso-Roumains perdaient Con-
fia 11 Ua, ville principale de la Dobroudja, port de mer de
première importance, tant militaire qu'économique. Et k
victoire de Mackensen continue à porter ses fruits.

C'est pour éviter de passer par territoire bul-

gare que le Roumanie construisit un pont sur te
Danube a Ceinavoda au lieu de le construire, suivant
le projet primitif, près de Giurgiu. Constantza fut ainsi
pourvue d'une voie ferrée purement roumaine et put riva-
liser avec 1 antique port bulgare de Varna. L'installation
actuelle du poil est grnndiose et absolument moderne ; elle
a coûté 70 millions de Ici.

L'importance du port de Consrnnlza était déjù appréciée
du temps des Romains, et au temps de Byrunee jusqu'où
moyen-Age- il la conserva ; en 1879 la ville ne comptait que
6,000 habitants. Depuis lors, ce chiffre s'est élevé a 3o,ooo.

Absolument modernisée dans se» installations, avoc se*
vaste» bassins neufs et ses quais spacieux, Constantza était
devenu la porte maritime du commerce roumain. Citons
quelques chiffres k l'appui :

Le trafic des marchandises qui était do 73,000 tonnes en
167g, eat monté k i,3oo,ooo tonnes en ign-iuia, dont
600,000 pour les céréale» et 679,000 pour l'huile minérale.
Les recettes des douanes le montaient en ig 13 k 6 millions
de lei. Constantza eat la base de tout le trafic commercial
de la Roumanie, de l'exportation des plus importants pro-
duits du pays, notamment de l'huile minérale, le point
d'appui presque unique du commerce et de la marine de
guerre, et le port de débarquement le plus pratique pour
les renforts russes venant de Sébaslopol.

C'est tout cela que vient de perdre la Roumanie. Le
ligne de chemin de fer Constantza—Cernavoda, reliant le
paya à la Mer Noire, est coupée. _
En même temps le» trouj>ei du général Falkenhayn s'em-
paraient, sur la frontière Nord, de Prédéal et de l'impor-
tant défilé de ce nom. L'échec roumain est donc double. Il
-atteint en même temps les Alliée dont le prestige est Hé au
sort militaire de la Roumanie. Alors qu'on avait/pu croire
que c'était la Roumanie qui venait en aide à l'Entente et
particulièrement k la Russie., lea journaux de Paris et de
Londres retentissent aujourd'hui d'appels pressants à
l'adresse de la Russie, qu'on somme de courir au accours
du nouvel allié, pour le sortir du mauvais pas où il s'est
mis. De leur côté, l'Angleterre et la France viennent d'en-
voyer là-bas chacune une mission militaire composée l'une
de vingt-quatre et l'autre de treize officiera d'état-mojor,
tous le» ordres du général Berthclot et du maréchal French.
C'est assez dire l'importance- qu'on accorde k Paris et à
Londres aux événements sur le front roumain.

BULLETINS OFFICIELS ALLEMANDS

Grand Quartier général, le 24 octobre 1914.
Théâtre de la guerre à l'Ouett.
Groupe d'armée du Kronprinz Rupprecht de Bavière.

Comme le aa octobre, la a3 fut également une journéa
de grands efforts.

Pour percer k tout prix notre front, Français et Anglais
anntinuèrent leurs attaques menées avec une grand* force ;
malgré les masses engagées, ils subirent au Nord de la
Somme une grande et aanglante défaite. D'après les rapporta
du front, des rangées entière» d* morta gisent les unes aux
lea-autre», surtout k l'Ouest du Transloy. L'attitude de nos
troupe» fut au-dessus de tout éloge.

Le £4* régiment d'infanterie de Bran d en bourg, le 9 a*
de réierve d'infanterie de Brunswick, le 39* régiment rhénan
d'infanterie et les régiments bavarois d'infanterie NM I et 16
s* distinguèrent particulièrement.

Au Bud de la Somme une poussée française an prépara-
tion dans le secteur d'Ablalncourt—Chaulne* me put se d*-
TfJopper sous uos tirs de destruction.

Groupe d'armée du Kronprinz allemand.

L'adversaire voulut appuyer ses attaques h la Soin me par
d'autres attaques près de Verdun. Nos positions sur la rive
Est de la Meuse furent violemment bombardées. L'artillerie
ennemie a été maintenue dans ses tranchées par la puissance
de notre feu d'artillerie ; les tentatives d'attaques échouèrent
ainsi.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Groupe d'armée du feldmaréclial Prince Léopold de Davlirê.

Depuis la mer jusqu'aux Carpathes boisés pas d'événe-
ment particulier. ' "

Front du général de cavalerie Archiduc Charles.

Au Sud de Kronstadt (Brasso) des troupes allemandes et
austro-hongroises ont pris hier Prédéal en combat acharné ;
600 prisonniers ont été faits.

A I* sortie Sud du col de ia Tour-Rouge la forte résistanoe
roumaine a été brisée oei jours derniers.

Théâtre de la guerre aux Balkans.
Groupe d'armée du jtldmaréchal von Mai,kêntcn.

D.ins une poursuite serrée de l'adversaire en déroute
devant notre aile droite la cavalerie coalisée a atteint la
région de Caramurat.

Mrdjidia et Rasova sont prises aprè» un violent combat.
Le butin total, y compris celui déjà signalé le ai octobre est
do 76 officiers, 6,6^3 hommes prisonniers, un drapeau,
6a mitrailleuses, 12 canons, 1 lance-bombes.

Les pertes sanglante» des Roumain» et des renforts rus-
ses amenés en toute hâte sont lourdes. *>'

La forteresse de Bucarest ■ de nouveau été bombardée.

front de Macédoine.

*>

Rien de nouveau.

Grand Quartier général, le 25 octobre 1916.
Théâtre de la guerre à l'Ouett.
Groupe d'armée du Kronprinz Rupprecht de Bavière
Par suite du temps pluvieux, l'activité de combat s'est
relâchée hier dans la lésion de la Somme. Le feu d'artillerie
ne s'est accru que par moments. Dans la ioirée des attaques
partielles françaises, partant do la ligne Lesbocufs-R&ncourt,
s'effondrèrent devant nos obstacles avec de grandes pertes et
■ans résultat.

Groupe d'armée du Kronprinz allemand.
Au front Nord-Est de Verdun, une attaque française a
gagné du terrain jusqu'au fort de Douaumont, qui est en
feu ; le combat continue.

Théâtre de la guerre à l'Est.
Front dii feldmaréchal Prince Léopold de Bavière.
Une attaque russe au gai échoua dans la Schtschara ; une
attaque de bataillons russes prêt de Kol. Ostrow (au Nord-
Ouest de Louck) resta également tans ls moindre succès.

Front du général de cavalerie Archiduc CharleT.

Lon d'escarmouches de moindre importance dant la
partie Sud des Carpathes boisés les hauteurs conquises res-
tèrent antre nos mains.

Au front Est de Transylvanie, combats localisés sans
ahangement de situation. * 1

Au Nord de Campolung notre attaque progressa.

L* toi du Volcan eat enlevé d'assaut par les troupea
allemande* et austro-hongroise».

Théâtre de la guerre aux Balkans.
Qroupe d'armée du fetdmaréchal von Mackensen
La poursuite continue méthodiquement.
Oernavoda a été pria 00 matin ; lea détails ne sont pas

encore connus. C'est lk un mceès d'une importance extra-
ordinaire»; l'armée roumano-russe opérant en Dobroudja t*
trouve ainsi privée de ta dernière voie ferrée.
Au front de

Afucédoine

la journée fut calme.

BULLETINS OFFICIELS FRANÇAIS

Pane, lfl octobre 1916, aoir.
Au Nord de la Somme, lea Allemands ont tenté vainement,
vers 17 heure», dsttaquer nos lignes au Nord »t k l'Est de Seûly-
Sailliael. No» Urs d'artillerie ont disloqué «u départ les vagues
d'assaut •! Infligé des pertes sensibles a l'ennemi. Au Sud de la
Somme, noua avons accompli de nouveaux progréa au cours de la
Journée entre Biaches cl la Maisonnette. Le_ chiffre-total des pri-
sonniers faite pendant les acUons d Lier dépassa actuellement trois
cent cinquante, dont une dizaine d'officiers. Partout ailleurs, jour-
née calme.

Pans, 20 ocLobre 1916, 3 heure».
Sur 1* Iront de la Somme, on ue signale aucune action d in-
fanterie au cours"de la nuit. La lutte U Jitillenc s'est poursuivi*
avec activité dans la région de Sailly-Saillisal et dans le acetcur
Belloy-Bériiv. En Lorraine, nous avons facilement repousse de*
coupa de main sur nos petits postes de la région do Dezange.
Nuit calme sur le reste du front.

Paris, 20 octobre 1916, atnr.
Sur lo front du la Somme, rien » signaler en deliors de la lutta
d'artillerie habituelle, particulièrement active dans les secteur» d*
Sauly-Saillisel, de Berny-on-Santerre et d'AbïaincourL Canonnade
Intermittente sur le reste du front.

Paris, 21 octobre ItOS, 3 heures.

Aucun événement important à signaler au cours de la nuit.

La guerre aérienne: Dan» la jouiiico du 20 octobre, noir*
aviation de chasse a livre sur le front de la Somme de nombreux
combats au cours desquels sept avions' allemands ont ète abattus,
dont trois dans nos lignes. Ces derniers sont tombés entre' itou-
chsvesnes et Rancourt ; les quatre autres dan» la région de Mota-
laina et Une. Le lieutenant Heurteuux, qui a abattu uu de ce*
appareils, a descendu de ce fait son dixième, avioit allemand.
D'autre part, quatre appareil» ennemis, sérieusement touches i la
suite- do combats avec nos pilotes, ont dû artçrur dans leurs
lignes. Dans la nuit du 20 au 21 octobre, une de nus e*C*dnUo*
a lancé quarante et un obus de 120 sur les gares de Noyon et
Chauny, puis aur un train entre Appdly et Chauny. Dans ta
même nuit, quinze do no» avions du bombardement ont-lance
soixante-dix-neuf obus de 120 sur lc3 cantonnements et bivouac*
«nncuua de la région Ncslc-Ham et sur les terrain» d'aviation de
Uuugny et Fiez qui ont été atteints.

BULLETINS OFFICIELS ANGLAIS

{Front occtdentul.)
Londres, 19 octobre 1Q1G, 11 h. niauo et lt h. soir.
11 a plu 1res fortement toulo la nuit Des coup» de £.jm réussis
aous ont permis de pénétrer dans les tranchées ennemies vis
Looa at au Sud d'Ai rai. Aucun événement important a sicu.tlor.

11 a plu abondamment toute la journée. r\ou» ayoïuviéfeCf*
soent progressé à la butte-de WarloBcqurt, ou une conuWlÙfljU*
a été arrêtée par noa tirs de barrage. Rien a signaler sur le rosi*
du front.

Londres, 20 octobre 1916, 10 h 20 matin et 9 h 30 soir.
Hier soir lo» redoute» Stuff et Scmvabcn ont etc •■ I
bombardées par l'ennemi. Au cours de ln nuit, nous avons exé-
cuté deux coup» de main »ur les tranchée* allemandes près d*

Looa,

Ce matin, i la suite d'une prépjtalion d artillerie, l'ennemi a
Lancé une attaque k l'Ouest de la redoute Schwabcn. U a été
rejeté avec de» pertes importantes avant d'avoir pu atteindre no»
positions. Rien t signaler aur te reste du front.

Londrea, 21 octobre 1010. 11 hcuies malin.
Au court de la nuit, nous avons poursuivi notre, uiogreasioa
dans la région de U butte de Warlencourt. L'ennemi a bombardé
avec intermittence le iront au Nord et au Sud de l'Ancre. Un
soup de main s été exécuté avec succès sur le» tiancliets alkw
saandea au Sud de Neuve-Chapelle. "

FEUILLETON DE i-. <GAZB1T8 DES ARDENNES» t

LE

« LE

Par Pierre Ma?l.

PREMIERE PARTIE.

Toute la flotte françaiie, ou plutôt l'escadre du Nord, la
trouvait la, sous les veux dos deux officiera.

U» en reconnnissanent les divers bâtiment» : la ■ Sut'
fr*n>>, le « M une no », le «formidable», U ■ Camot », ls
a Boche », le « Courbet », etc.

Avant même qu'il» eussent abordé la vaisseau amiral,
H» avaient deviné l'histoire de.ee qui venait de ■'sccompHr
en quelques jours

A leur gauche, le rocher de Gtbraltar élevait ta mu-
Mille inerte et muette, jadis épouvanUil de l'Europe, au-

£urd'hui masse Inoffensive et désarmée, dont les canons
ipuissanls gardaient le silence de la défaite.
Ce qui t'éteit passe n'était que trop visible at toute l'or-
jueillouée Angleterre avait dû prendre le deuil.

Gibraltar, l'invincible, l'Imprenable Gibraltar, terreur
bVm flottas européenne?, n'existait plu».

Au sommet du farouche promontoire, nn drapeau flot-
tait eu vent. Ce drapeau, ce n'était plut Mntolenta bannière
sl'Albiava, c'étaient -le» couleur» de 1* France, auprès éea-
•juelle» *e déployaient les pli* du drapeau espagnol. La*
«eux peuples latins, unit tans douta par quelque soudain*
«t féconde alliance, avaient secoué la Joug des tyrans de ht
aoer et rendu la liberté au monde.

Au pied du rocher géant, des débrie se laissaient voir,

rcasse* éohouées, lamentables, mâts militaires émergeant
peine au-de««us des «aux, débrit attristants qui prou-
vaient qu'un désattre partial de la flotta britannique avait
dû précéder la ruina des fortification 1 terrestres et 1a eapbi
ttriation de la garnison anglaise, attaquée par terre et par
■ver.

Vu d'en ba», «est-a-dire du nwe*.u de U mer, le spoo-
fracie était terrifiant. Que devait-il ttre là haut t

Des psns entiers du redoutable promontoire l'étaient
écroulé», écrasant sous leurs mstses les casemates et lea bat-
terie* Inférieure*. On vovait maintenant à jour, telle* au*
des alvéoles de ruches abandonnées par les abeille*, lea
longuet galeries que la patience, d'ailleurs inutile, des in-
génieurs anglais avaient foroee* dsns les flancs de oa bloc
tsoué somme une fourmilière.

Çfc «t lk, allée *e découvraient, éventréw, noires, »iiii»-
Ire*, aveo leurs batteries culbutées, leurs canons giaaiat dan*
las ehaoe des A>ouli* ou se dreatant sur leurs affûts renver-
sa*, la gueule en l'air, monstre* désonnai* muselé» ou pri-
vas d* via.

— En Térité ! At Durée, voila d* la a belle ouvrage a,
somme dirait un gamin de Parla I Qu'est-ce qui a bien pu
Iklre oa ooup-là ?

— Nous allont le eavoir, répondit Jeumont qui dirigea
le i Vengeur» vers le vsisseau-amlral ls aSuffrtn ».'

Quelgue* minute* plus tsrd, les deux marins volontaire*
étalent mtroduits auprès du commandant en chef *ôr* l'a*-
aadre victorieuse.

Gciui-oi les reçut affectueusement et commença pur s'en-
sjuérlr auprès d'eux d* la canonnade entendue le mutin.

— Noua nous dirlglont ver» Mahon afin de rallier l'es-
aadre de La Méditerranée, lorsque le canon nous a ramené!
sja arrière.

Jeumont Dam alors les événements accomplis depuis
douze jours : le blocus simultané de- Brest et de Hoehefort,
la fusion des -deux divisions de « l'ccjdre blam.be n devant
la goulet de Brest, la course du a Vengiur n à la rencontre
4e la division des Antillea, la fuite de celle-ci vers 1rs Co-
lonnes d'Hercule, où elle sétalt heurtée è une p.irtie de la
Botta anglaise lancée k ta pomsuitc, le roinhat ébauché
antre lea deux escadres et terminé par la rclmife précipitée
4a l'ennemi.

L'amiral victorieux tourit a ce récit et répondit, en
koihant la lélc :

— Oui, dit-il, Je comprends ce qui s'est passé Ils so
aont aperçus à temps de notre présence Ici et n'ont pas
TOulu te Jeter dans la gueule de nn* ennons. A l'heure qu'il
«art, l'Europe entière doit connaître la ruine de Gibi illar. u

Et 11 détacha un contre-torpilleur alïn do porter à la di-
vision des Antilles, toujours abritée sous la cote marocaine,
lYvii qu'elle pouvait, tans crainte désormars, poursuivra
aa route vert Toulon. Lct croiseurs de l'amiul Ju l'Icssis

A'itaient plut qu'un appoint d* forces à l'escadre qui ve-
nait d'acompllr ce tour de force hlttorique d'anéantir
Gibraltar.

Jeumont demeura tout le jour auprès de la flotte victo-
rieute. Il connut ainsi le* détail* de l'expédition et apprit
ejue cette destruction formidable était moins l'œuvre des
aanons que celle des compagnie* de débarquement et de
snielquea compagnies de torpilleurs mineurs qui avuient
réussi k tourner le rocher qu'ils avaient miné en quelque*
keurcs de travail.

l.n inélinile avait produit d'effrayants ravages. Des pant
entiers de la muraille rocheuse t'étaient écroulés le» un»
sur les autres, et, comme tout l'énorme bloc était troué
•01111110 une écumoire, les éboulements successifs avnient
entraîné l'écrasement d* centaines d'homuwt Incapables de
aa défendre. Le feu des canons avait fuit le reste. Chaque
obus pénétrant dans les brèche* las agrandissait et provo-
■juait de nouveaux éboulumenls.

Après huit heures de ce bombardement irrésistible, la
garnison anglaise, réduite de* deux tiers, avait tenté une
retraite par terre vers Cadix. Elle avuit trouvé la route
barrée par un corps d'urinée espngnnl et, pour ne point sa
reudre aux Français, avait mis bas les armes devant l'ordre
du général comte drt Cullara, commandant les troupes
espagnoles.

Renseigné sur ces divers pointe, lo cœur gonflé d'un*
Joie patriotique, Philippe de Jeumont prit congé des deux
amiraux. —

— J'ai rempli ma mission, dit-il, et vous n'avea plus
bcoin de mes service». J'ai de la besogne toute taillée
ailleurs, n

Ht le 0 Vengeur », nprèa avoir remplacé ses torp.lles,
renouvelé sa provision de pétiole et rechargé ses scciimuba-
Uuis, franchit deiechef les Colonnes d'Hercule pour reo-_
trer dant l'Océan Atlantique.

Philippe disait vrai. I ne besogne différente l'Hltendalt
tur les iule» de l-rancc, besogne pour laquelle à l'amour de
la pat fie alLnt se joindre en lui l'implacable resien tim ont
d'une odieuse injure personnelle.

Or, comme il doublait le cap 8aîtit-Vincent, il vit l'ho-
rizon s'obscurcir sur une prodigieuse étendue. Tout* une
flotte, forte de quarante vuitseaux, t'avançait vers le Rud,
avro l'Intention, çans nul donle, de venger 1 "humiliation de

la Grande-Breuigne et d'effacer jusqu'il la trace de la défaite
subie en anéantissant lea vainqueurs-,

— Pourvu, dit-il k Durée, avec émotion, que lea
nôtres n'aient pas prolongé leur séjour sur le théâtre ds

I Leur exploit.

— Bah I répondit le second, il n'y 'a rien de tel que la
victoire pour rendre les Français irrésistibles. L'am.ral
Ponloy aura encore dix-huit vaisseaux valides avec lui, en
y comprenant le» deux croiseurs intacts de la division des
Antilles. Avec cela, on peut faire bonne figure, surtout
qiand l'adversaire compte dans ses rangs bon nombre
d'unités inférieures comme celles que nous pouvons distin-
guer, d'ici, parmi les force» anglaises.

— D'ailleurs, njouta-t-il, nos bâtiment» sont fuu« k
vilesie supérieure; ils ont nppaie.llé au moment .même de
notre départ et doivent avoir une bonne avance sur l'en-
nemi. En supposant que celui-ci les atteigne, avec su plus
rapide* couceurt, le nombre teri unsibieinent (gai des deux
côtés. Tout au plus pourrions-nous perdre les tiois tioi-cur»
avarié» d* l'amiral du Plettia, car il est hors de douta quo
•elui-ci les coulera.I plutôt que de (e*j rendre.

— Vous pouvez svoir raison, mon 1 lier Durée. Mais
J'ai, malgré tout, des craintes, En tout cas, nous ne pou-
vons neo en leur faveur et avons mieux k faire dans le Nord.
Rentrons donc i Brtit, où l'amiral de Kervénau nous ap-
prendij oe qui t'est passé depuis quinze jours. J'imagine
qu'il a dû y avoir du changement,

— Je le pense comme vous, commandant. Peut-être
quelque furieuse bataille s'y est-elle livrée ?

Le « Vengeur », rassuré sur la prétexte* det vaisseaux *n-
lalt et trouvant la mer libre devant lui, s'élsnçs de tout* sa
vitetsu vers le Nord. L* troisième semaine depuis le début
de» hostilités n'était point achevée qu'il atteignait de nou<
veau le* cotes de Fnnee. Aucune flotta anglaise ne gardait
plus l'entrée du Goulet. L'ennemi avait renoncé k niainte-
■ ir un blocus aussi périlleux que difficile Jeumont et
Durcc, en franchissant la passe kju» lonlinguet, purent
voir émerger de l'eau k marée basse l'extrémité des niéta
d'un croiseur qui avait tenté-de forcer l'entrée. Le feu dea
forta de Quélen et do Toulbroch avait fait Justice de c*U»
tentative insensée et le bateau anglaia t était englouti par
vingt mètre* de fond.

(A sutvrt.)
 
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