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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Editor]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Editor]
Folia Historiae Artium — 6/​7.1971

DOI article:
Markiewicz, Maria: Stuła i manipularz z opactwa benedyktynów w Tyńcu
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https://doi.org/10.11588/diglit.20358#0247
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ĆTOLE ET MANIPULE DE L’ABBAYE BĆNEDICTINE DE TYNIEC

Pendant les fouilles archeologiąues menees en 1961 dans
1’abbaye benedictine de Tyniec pres de Cracovie on a trouve
une etole et un manipule (fig. 1-6) dans la tombe n° 14 datee
de la periode de la deuxieme moitie du XIIIe a la premiere
moitie du XVe siecle. L’etole et le manipule sont faits de sang-
les-galons tisses de soie pourpre ou rouge et de fil d’argent dore
sur une bourre de soie aurum filatum. L’analyse de 1’armure
permet de constater qu’ils furent executes sur un grand metier
et non sur le metier plus primitif aux cartons comme la majo-
rite des galons du premier moyen age. Sur le fond originairement
dore de 1’etole et du manipule il y a un dessin pourpre ou rouge,
a present brun fonce. La composition du manipule, mieux
conserve que 1’etole, est disposee en trois zones; celle du milieu,
assez large, est bordee de deux plus etroites. Sur l’axe de la ban-
dę centrale la representation d’un orant alterne avec les lettres
NIN rangees horizontalement. Sur les bandes laterales il y
a des caracteres separees: le S qui se joint aux NIN et les OH
disposes verticalement. Aux bouts de 1’etole on a rajoute des
morceaux de soie unis sur lesquels est brodee une croix iso-
cele inscrite dans un cercie; un des fragments de 1’etole est
aussi fait en soie sur laquelle est brodę un „Chi-Rho“ inscrit
dans un cercie. Les parties centrales de 1’etole et du manipule
sont entierement detruites.

Dans la periode du XIe au XIIIe siecle il y avait en Europę
peu de centres dont les conditions techniques et economiques
permettaient de produire les etoffes en soie dans une technique
aussi evoluee que celles des ornements de Tyniec. De nombreu-
ses donnees semblent indiquer qu’ils furent executes vers le
milieu du XIIe siecle en Sicile ou florissait alors la production
des ateliers de soie dont les produits etaient tres renommes en
Europę. C’est la qu’on executa la ceinture de 1’epee de Saint
Maurice (actuellement au Tresor de Vienne — Autriche) dans
une technique identique a celle des objets de Tyniec; elle etait
caracteristique des ateliers siciliens, ou l’on faisait joindre le
fond dore au rouge ou au pourpre et ou l’on completait le fa-
ęonne par une broderie (fig. 9).

Un autre probleme a discuter est celui du modele qui
etait souvent envoye de tres loin par le commanditaire lui-
meme — comme nous le disent les sources historiques. Le
schema generał de Petole et du manipule de Tyniec a composi-
tion disposee verticalement en trois bandes est assez frequent
dans les vetements liturgiques ouest-europeens du XI Ie siacie.
II en est de meme pour les inscriptions; mais autant la disposi-
tion verticale des lettres est universellement appliquee, comme
dans les bandes laterales des objets de Tyniec, autant leur com-
position horizontale ne trouve pas d’analogies dans les pays de
l’Ouest. Traitees comme un element separe de la composition,
elles ne peuvent etre comparees qu’aux inscriptions dont l’art
de 1’Islam decorait ses etoffes.

La disposition des personnages sur la bandę centrale prend
son modele des etoles et des manipules les plus anciens connus
d’origine byzantine, comme les recherches recentes l’ont re-
vele (par exemple 1’etole et le manipule de saint Cuthbert ou
1’etole de Calahorra). Cependant le style des personnages n’a
aucun rapport avec cet art. Les orants serres entre deux lignes
bordant la bandę centrale, se caracterisent par les proportions
raccourcies des corps aux grandes tetes et aux jambes courtes

et par une frontalite severe. Leur style est purement lineaire:
tm nombre limite de lignes exclusivement verticales et ellipsoi-
dales ne tend pas a creer l’illusion du volume du corps, ni n’a
etć cree par suitę d’une imitation maladroite d’un prototype
en ronde bossę. D’une maniere tout a fait independante les
lignes forment une image synthetique de l’homme, image qui
ne peut etre comparee qu’a un signe graphique (fig. 7).

Les representations pareilles sont frequentes dans Part copte,
voir par exemple la miniaturę de Saint Michel du manuscrit
Or. 7021 du British Museum (fig. 11). La stylisation lineaire
de cet art n’opere pas d’un jeu des lignes aussi consequent et
severe comme on le voit sur les etoffes de Tyniec. Les analogies
les plus proches sont fournies par les arts: irlandais, ecossais
et northumbrien de la periode du Vlle au Xlle siecle qui ont
perfectionne le role autonome des lignes dans la construction
d’un personnage en negligeant a la fois totalement ses propor-
tions naturelles. Parmi les premiers exemples on peut citer la
miniaturę de saint Matthieu de l’evangeliaire de Durrow ou
le personnage est presente d’une maniere semblable (quoique
ses vetements soient plus ornementes), la miniaturę de Saint
Marc de l’evangeliaire de Saint Gallen et enfin les personnages
des enluminures de l’evangeliaire Mac Durnan (fig. 14). Parmi
les exemples du XIe siecle il faut mentionner surtout les objets
en metal, par exemple le „cumdach“ du missel de Stowe, ou
le reliquaire de Saint Manchan. Bień qu’ils soient faits en haut-
relief le principe de la construction purement lineaire dans la
representation des personnages est conserve, mais developpe
sur une surface semi-cylindrique. Une pareille stylisation
des corps humains se fait voir dans la sculpture ecossaise
en pierre, par exemple sur les croix de Monifieth, Invergovrie
et Meigle.

Examinons ensuite d’autres elements de la decoration des
objets de Tyniec. Les croix isoceles inscrites dans un cercie,
qui a 1’origine decoraient probablement les deux bouts de l’e-
tole, sont connues des premieres etoles byzantines. Ces der-
nieres ainsi que leurs reprćsentations dans la peinture ne posse-
daient pas cependant la lettre X, qui etait sans doute une simpli-
fication du monogramme „Chi Rho“. La lettre X apparait sporadi-
quement dans Part merovingien, mais seulement pour completer
la croix latine. Le X inscrit dans un cercie en tant qu’element
independant d’une composition, comme dans le tissu de Tyniec,
est employe le plus souvent sur les premieres steles et sur les
croix irlandaises et surtout ecossaises. Parmi les exemples les
plus proches du monogramme de Tyniec il faut mentionner
la stele de Withorn du VIe siecle et la croix de Cladh Bhile
(Ellary), sans doute posterieure. Le fragment etudie se trou-
vait a 1’origine surement dans la partie centrale de la decora-
tion de 1’etole de Tyniec. Les tres rares etoles medievales, con-
servees en entier, possedent au milieu 1’Agneau de Dieu qui
sur 1’ornement de Tyniec est remplace par le monogramme
du Christ.

Parmi les inscriptions decorant 1’etole et le manipule de
Tyniec on remarque surtout les lettres NIN, fort bien conser-
vees, flanquees de chaque cóte d’un S, place sur la bandę laterale
(il n’est pas joint aux lettres OH de moitie moins grandes, dis-
posees verticalement aussi sur les bandes laterales). Que peut
donc signifier ce groupe de lettres x NIN s , repete plusieurs

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