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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 10.1885

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Nr. 2
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Collignon, Maxime: Bas-relief en stuc trouvé à la Farnésine
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https://doi.org/10.11588/diglit.24675#0099

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TROUVÉ A LA FARNÉSINE. 89

Les joueurs sont tantôt des Éros, tantôt des femmes ou des jeunes gens; ils
sont assis, et le plus souvent chacun d’eux tient de la main gauche l’extrémité
d’un bâton, comme pour empêcher que les mouvements de cette main
viennent troubler le jeu. Sur une hydrie publiée par Otto Jahnl, une femme
placée derrière deux joueuses de morra, tient une couronne qui parait être
l’enjeu de la partie. Il est à remarquer que, dans quelques-unes de ces pein-
tures de vases, la position des mains est celle qu’on observe sur le bas-relief de
la Farnésine2; l’un des joueurs a déjà abaissé la main droite, tandis que son
adversaire la tient élevée. Est-ce une variante du jeu qu’expliquerait un texte
de Yarron, d’après lequel, dans certains cas, le jeu pouvait consister seule-
ment à deviner le chiffre des doigts ouverts par l’adversaire3? Il semble peu
probable que l’artiste ait poussé jusqu’à un tel point le souci de l’exactitude
dans une œuvre purement décorative ; le sens de la scène devait être assez clair
pour permettre une certaine liberté dans les détails.

Si le sujet paraît emprunté à la vie ordinaire, la scène est composée comme
une scène d’idylle ; le type un peu rustique du troisième personnage, son atti-
tude, que prennent encore aujourd’hui si souvent les bergers de la campagne
romaine, ne démentent pas ce caractère. Le modeleur s’est-il inspiré des
scènes pastorales que l’influence alexandrine avait mises à la mode au temps
d’Auguste, dans l’art comme dans la poésie? Les deux joueurs de morra
sont-ils des bergers de bucolique, préludant à quelque lutte poétique ou musi-
cale, et laissant au hasard du jeu le soin de désigner celui qui devra com-
mencer le premier? Enfin le personnage qui tient l’épée est-il l’arbitre? Nous
serions tenté de le croire. Un poète latin, qui continue au me siècle la tradition
de la poésie bucolique, Calpurnius, met en scène deux bergers prêts à lutter
pour le prix du chant; celui qu’ils ont choisi pour arbitre les engage à jouer à
la morra pour décider de l’ordre des chants alternés :

Et nunc, alternos magis ut distinguere cantus
Possitis, ter quisque manus jactate micantes4.

4. Annulij 4866, Tav. d’ag., U.

2. Voir Arch. Zeitung, 4872, pi. lvi, 4.

3. « Micandum erit cura Graeco, utrum ego

illius numerum, an ille meum sequatur. » \ arron
dans Nonius, p. 347, 26.

4. Ecl. II, 25.

Gazette archéologique —Année 1885.

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