132 SCULPTURES ANTIQUES
cette grande ville. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer cette tête
de marbre avec la tête d’Astarté qu’on voit sur les monnaies autonomes de
Carthage, en argent et en bronze, avec une légende phénicienne1 ; on cons-
tatera même que la coiffure et l’arrangement des cheveux ne sont pas sans
quelque analogie. L’appendice mutilé qui surmonte la tête nous a semblé,
à première vue, n’être qu’une amorce ménagée par le sculpteur pour fixer
quelque ornement symbolique, comme par exemple le disque lunaire et les
cornes de vache sur la tête d’Isis. Cependant, quand on remarque que la tête
est enveloppée d’une calotte hémisphérique ne laissant voir que les bandeaux
de cheveux qui encadrent le front, on est porté à admettre que la déesse est, en
réalité, coiffée d’un bonnet phrygien dont l’appendice en question formerait la
mèche supérieure. Cette hypothèse semble confirmée par la comparaison de la
tête de marbre du Musée de Saint-Louis avec celle qu’on voit sur de belles
monnaies phéniciennes de Carthage, où la grande déesse est bien positivement
coiffée du bonnet phrygien2. On peut donc, croyons-nous, regarder notre tête
de marbre comme une représentation de la Virgo Caelestis, exécutée dans
les premiers temps de l’Empire, alors qu’il existait encore des motifs
puniques, mais que l’art gréco-romain régnait sans conteste à Carthage.
Les trois autres têtes réunies sur la même planche sont des portraits exécutés
en grandeur naturelle. La première (à droite, en haut) est facile à dénommer :
nous y reconnaissons avec certitude le portrait d’Octavie. C’est un monument
de plus à ajouter à la série de ceux qui nous ont conservé l’image de cette
femme célèbre dont Beulé croyait jadis qu’il n’existait pas de portrait3. Aujour-
d’hui nous pouvons énumérer les monuments suivants comme reproduisant
sans conteste les traits de la sœur d’Auguste :
1° Monnaies des villes grecques : Pella, Tlressalonique, Corevre (insula),
Ephèse, Tripoli de Phénicie : elles ont été frappées par Marc Antoine, lorsque
le triumvir était gouverneur de l’Orient, après qu’il eut répudié Fulvie, et
avant qu’il se fût allié à Cléopâtre;
1. Muller, Numismatique de l’ancienne Afrique,
t. II, p. 76 et suiv.
2. Millier, op. vit., p. 76, n° 16.
3. Cf. F. Bompois, Revue rtumism., 1868 , p. 90.
cette grande ville. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer cette tête
de marbre avec la tête d’Astarté qu’on voit sur les monnaies autonomes de
Carthage, en argent et en bronze, avec une légende phénicienne1 ; on cons-
tatera même que la coiffure et l’arrangement des cheveux ne sont pas sans
quelque analogie. L’appendice mutilé qui surmonte la tête nous a semblé,
à première vue, n’être qu’une amorce ménagée par le sculpteur pour fixer
quelque ornement symbolique, comme par exemple le disque lunaire et les
cornes de vache sur la tête d’Isis. Cependant, quand on remarque que la tête
est enveloppée d’une calotte hémisphérique ne laissant voir que les bandeaux
de cheveux qui encadrent le front, on est porté à admettre que la déesse est, en
réalité, coiffée d’un bonnet phrygien dont l’appendice en question formerait la
mèche supérieure. Cette hypothèse semble confirmée par la comparaison de la
tête de marbre du Musée de Saint-Louis avec celle qu’on voit sur de belles
monnaies phéniciennes de Carthage, où la grande déesse est bien positivement
coiffée du bonnet phrygien2. On peut donc, croyons-nous, regarder notre tête
de marbre comme une représentation de la Virgo Caelestis, exécutée dans
les premiers temps de l’Empire, alors qu’il existait encore des motifs
puniques, mais que l’art gréco-romain régnait sans conteste à Carthage.
Les trois autres têtes réunies sur la même planche sont des portraits exécutés
en grandeur naturelle. La première (à droite, en haut) est facile à dénommer :
nous y reconnaissons avec certitude le portrait d’Octavie. C’est un monument
de plus à ajouter à la série de ceux qui nous ont conservé l’image de cette
femme célèbre dont Beulé croyait jadis qu’il n’existait pas de portrait3. Aujour-
d’hui nous pouvons énumérer les monuments suivants comme reproduisant
sans conteste les traits de la sœur d’Auguste :
1° Monnaies des villes grecques : Pella, Tlressalonique, Corevre (insula),
Ephèse, Tripoli de Phénicie : elles ont été frappées par Marc Antoine, lorsque
le triumvir était gouverneur de l’Orient, après qu’il eut répudié Fulvie, et
avant qu’il se fût allié à Cléopâtre;
1. Muller, Numismatique de l’ancienne Afrique,
t. II, p. 76 et suiv.
2. Millier, op. vit., p. 76, n° 16.
3. Cf. F. Bompois, Revue rtumism., 1868 , p. 90.