TROUVÉES A CARTHAGE. 137
que sur son pendant, trouvé aussi à Bernay. Il y voit un horoscope et une sorte
de représentation mystique de la vie et de la mort; Charles Lenormant y
reconnaissait de son côté des scènes d’initiation h La présence des mêmes don-
nées sur le bas-relief funéraire de Carthage prouve que l’on a eu raison de
chercher l’explication de ces scènes dans les rites funéraires, dans les
croyances relatives à la mort et à la destinée humaine qui avaient crédit chez
les Grecs. Quant à l’époque de la fabrication des vases de Bernay, bien certai-
nement enfouis à l’époque romaine, les archéologues sont unanimes à
la fixer au premier siècle avant notre ère, tout en admettant que la
composition est inspirée de quelque original grec du siècle d’Alexandre1 2.
Ceci confirmerait donc l’opinion que nous indiquions plus haut relativement
au style grec des bas-reliefs funéraires de Saint-Louis, opinion confirmée
encore par l’existence, connue de tous, de nombreux bas-reliefs funéraires
grecs qui représentent des scènes analogues.
Il est pourtant un détail qui nous oblige de placer l’exécution des bas-reliefs
que nous étudions ici à l’époque impériale romaine, et même de les croire
contemporains de Yespasien, de Titus ou de Domitien. C’est la coiffure de la
femme, qui est identique à celle qu’on voit au temps des Flaviens3. Qu’on se
rappelle les nombreux monuments, marbres, monnaies, pierres gravées qui
représentent Julie, fille de Titus, ce diadème de cheveux bouclés, ce chignon
enroulé au dessus de la nuque, et l’on sera frappé de la ressemblance de cette
coiffure singulière avec celle de la femme sculptée sur le monument de Saint-
Louis. A aucune autre époque de l’histoire ancienne, on ne rencontre cet
arrangement des cheveux, absolument caractéristique du temps de Titus.
Ajoutons que le calcaire friable dans lequel sont sculptées ces scènes se trouve
en abondance en Tunisie, et que sa fragilité ne se concilie guère avec l’hypo-
thèse d’une exportation. Ici encore, il faut reconnaître, comme pour la tète
de la Juno Caelestis étudiée plus haut, que l’art grec a persisté à Carthage
1. Fouilles de Bernay, lettre à Panofka , dans le
Bull, dell’ Instituto di corresp. archeol., mai 1830.
2. Voir .1. Martha, l'Archéologie étrusque et
romaine, p. 304.
3. Comparez notamment une statue de femme,
trouvée à Aptera de Crète et publiée par S. Trivier
(Lenormant), dans la Gazette archéologique, t. Il,
1876, pl. xu et p. 36.
Gazette archéologique. — Axnée 1S85.
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que sur son pendant, trouvé aussi à Bernay. Il y voit un horoscope et une sorte
de représentation mystique de la vie et de la mort; Charles Lenormant y
reconnaissait de son côté des scènes d’initiation h La présence des mêmes don-
nées sur le bas-relief funéraire de Carthage prouve que l’on a eu raison de
chercher l’explication de ces scènes dans les rites funéraires, dans les
croyances relatives à la mort et à la destinée humaine qui avaient crédit chez
les Grecs. Quant à l’époque de la fabrication des vases de Bernay, bien certai-
nement enfouis à l’époque romaine, les archéologues sont unanimes à
la fixer au premier siècle avant notre ère, tout en admettant que la
composition est inspirée de quelque original grec du siècle d’Alexandre1 2.
Ceci confirmerait donc l’opinion que nous indiquions plus haut relativement
au style grec des bas-reliefs funéraires de Saint-Louis, opinion confirmée
encore par l’existence, connue de tous, de nombreux bas-reliefs funéraires
grecs qui représentent des scènes analogues.
Il est pourtant un détail qui nous oblige de placer l’exécution des bas-reliefs
que nous étudions ici à l’époque impériale romaine, et même de les croire
contemporains de Yespasien, de Titus ou de Domitien. C’est la coiffure de la
femme, qui est identique à celle qu’on voit au temps des Flaviens3. Qu’on se
rappelle les nombreux monuments, marbres, monnaies, pierres gravées qui
représentent Julie, fille de Titus, ce diadème de cheveux bouclés, ce chignon
enroulé au dessus de la nuque, et l’on sera frappé de la ressemblance de cette
coiffure singulière avec celle de la femme sculptée sur le monument de Saint-
Louis. A aucune autre époque de l’histoire ancienne, on ne rencontre cet
arrangement des cheveux, absolument caractéristique du temps de Titus.
Ajoutons que le calcaire friable dans lequel sont sculptées ces scènes se trouve
en abondance en Tunisie, et que sa fragilité ne se concilie guère avec l’hypo-
thèse d’une exportation. Ici encore, il faut reconnaître, comme pour la tète
de la Juno Caelestis étudiée plus haut, que l’art grec a persisté à Carthage
1. Fouilles de Bernay, lettre à Panofka , dans le
Bull, dell’ Instituto di corresp. archeol., mai 1830.
2. Voir .1. Martha, l'Archéologie étrusque et
romaine, p. 304.
3. Comparez notamment une statue de femme,
trouvée à Aptera de Crète et publiée par S. Trivier
(Lenormant), dans la Gazette archéologique, t. Il,
1876, pl. xu et p. 36.
Gazette archéologique. — Axnée 1S85.
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