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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 10.1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.24675#0282

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BIBLIOGRAPHIE.

272

la glyptique, de la peinture, des arts industriels;
l’ouvrage se termine par un aperçu original sur le
rôle historique des Phéniciens.

Etant donné qu’à Gvpre, il y eut de très bonne
heure des populations helléniques qui y apportèrent
leur art et leur esprit inventif en même temps que
les Orientaux, de telle sorte que les monuments
cypriotes ne sauraient être regardés comme exclu-
sivement d'inspiration phénicienne, on se serait

Seut-être, de prime abord, attendu à ce que
'M. Perrot et Chipiez traitassent séparément de la
Phénicie, puis de l ile de Cypre en particulier. Au
contraire, c’est à Cypre qu'ils vont tout d’abord
chercher les Phéniciens”, et cela se comprend à
cause des difficultés toutes particulières du sujet.
Il n’y a presque rien de phénicien dans la Phénicie
proprement dite, et les résultats négatifs de la mis-
sion de M. Renan dans ce pays, attestent que les
villes phéniciennes de la côte de Syrie ont été succes-
sivement détruites et rebâties aux époques grecque,
romaine et médiévale. Il en est de même sur la côte
d’Afrique où Carthage, la plus importante des colo-
nies phéniciennes, n a presque laissé que des ruines
romaines; et quant aux Emporia que les marchands
puniques avaient échelonnés le long des Syrtes,
leurs vestiges eux-mêmes ont, la plupart du temps,
disparu. Mais, en face de Tyr et de Sidon, il y avait
Kition, Paphos, Idalion, Golgos et d’autres points
encore de l’ile cypriote où de nombreuses inscrip-
tions phéniciennes recueillies de nos jours attestent
que c’est là, plus qu’ailleurs, qu’on a la chance de
glaner les vestiges les plus considérables de l’art
phénicien. Reste naturellement un point délicat sur
lequel doivent s’exercer la critique et la pénétration
de l’archéologue, c’est de démêler parmi les antiqui-
tés de Cypre, ce qui est proprement phénicien de ce
qui a subi l’influence hellénique ou égyptienne. Je
n’ai pas besoin de dire que des maîtres experts
comme les auteurs de cet ouvrage se sont tirés de
cet embarras mieux que personne eût pu le faire.

Cette difficulté existe non seulement pour Cypre,
mais pour tous les pays où les Phéniciens ont établi
leurs comptoirs. Je n’en veux citer qu’un exemple.
Abordant l’étude de l’architecture funéraire,
M. Perrot essaye, comme de raison, pour en mieux
faire comprendre les formes, de donner préalable-
ment un aperçu sur les idées des Phéniciens sur
l’autre vie, etle°principal texte original qu’il invoque
et qu’il puisse invoquer, d’ailleurs, est la grande
inscription du tombeau d’Eschmunazar, sur la date
de laquelle il n’émet aucune opinion. Or, que
deviennent toutes les théories qu’on peut émettre
au sujet des croyances des Phéniciens fondées sur
ce texte, s’il vient à être établi que le tombeau
d’Eschmunazar est postérieur à Alexandre, ce qui
est mon avis? Ce ne sont plus des idées phéni-
ciennes, mais des idées helléniques transcrites en
écriture phénicienne, et on ne saurait guère en
tenir compte au point de vue qui nous occupe.

Il a donc fallu suivre partout les Phéniciens dans
le bassin de la Méditerranée avec le risque de se
heurter partout aux mêmes difficultés, et ces diffi-
cultés sont d'autant plus grandes qu’au point de
vue de l’art jamais peuple ne fut moins original et
moins doué d’inspiration que le peuple de mar-
chands dont il est question. Prenez leurs stèles
funéraires en Phénicie, à Cypre, à Malte, en Sicile,
à Carthage, vous n’y rencontrez que des représen-
tations dont le prototype est chez les Egyptiens, les
Assyriens ou les Grecs. Leurs monnaies sont de
style grec et les types orientaux qu’elles portent,
quand ce ne sont pas des types grecs, ont leur ori-
gine en Egypte ou en Assyrie. Même le masque car-
thaginois de terre cuite que j’ai recueilli à 3 m 50 de

profondeur, dans des fouilles à Carthage, et que
donne M. Perrot en appendice, s’il se rapproche
par son style du type des grandes monnaies d'élec-
trum de Carthage, n’a pas de moindres rapports
avec les monnaies archaïques d’Athènes elle-même.
Ainsi donc, pénurie de monuments et manque
d’originalité dans le petit nombre de ceux qui
restent, voilà ce qui caractérise les Phéniciens qui
n’ont inventé que leur écriture, née du besoin
qu'ils avaient de caractères cursifs et de signes
abrégés pour faire leurs comptes commerciaux et
marquer leurs marchandises. On peut dire qu’il n’y
a pas d'art phénicien.

Mais il y a un art cypriote, né de la combinaison
des éléments phénicien, hellénique et égyptien, et
l’originalité profonde de cet art se manifeste dans
la statuaire, la céramique, la glyptique, la pein-
ture, la verrerie, la métallurgie. Il n’y a pas de bien
longues années encore que les premières décou-
vertes à Cypre ont mis en pleine lumière tout un
monde archéologique inconnu jusque-là; aussi
chercherait-on vainement dans les anciennes his-
toires de l’art antique le chapitre concernant l’ile
qui était comme un pont jeté entre deux mondes.
De là, pour le présent volume, un attrait tout spé-
cial; les découvertes y sont admirablement résu-
mées et les résultats en sont, pour ainsi dire, codi-
fiés par la critique sûre et la justesse de vue des
auteurs. Ils avaient à leur disposition, il faut le
dire, une série de magnifiques monuments aussi
curieux qu’intéressants à classer, à expliquer et à
décrire. Citons entre autres la fameuse statue con-
nue sous le nom de Prêtre à la colombe, les statues
trouvées à Athiénau dont la raideur rappelle l’art
assyrien; toute une séries de statues qu’on pourrait
qualifier d’egyptisantes, comme le colosse d’Ama-
thonte, et d’autres d'hellénisantes, au même titre
que les monuments archaïques trouvés dans les îles
ou sur la côte de l’Asie Mineure. M. Perrot met
habilement en lumière l’influence assyrienne et
égyptienne mêlée à celle de l’archaïsme hellénique
en ce qui concerne l’art des bas-reliefs des sarco-
phages d’Amathonte et d’Athiénau. Dansle chapitre
considérable consacré à la glyptique, il fait de même
ressortir cette thèse d’un « art éclectique, si pauvre
tout ensemble et si fécond, qui trouve plus facile
et plus vite fait d’emprunter que d’inventer. » Un
des côtés de l’art où, avec la statuaire, le génie
mitigé des Cypriotes s’est développé avec le plus
d’ingéniosité et d’originalité, c’est la céramique; le
sujet n'a été traité nulle part aussi complètement
que par M. Perrot ; j’en dirai autant de la verrerie
qui, en Phénicie et à Cypre, a fourni des monu-
ments si curieux et si intéressants; de l’orfevrerie,
de la bijouterie et en général de la métallurgie,
matières traitées longuement et avec originalité
dans le présent ouvrage. Bref, nous regrettons de
ne pouvoir nous étendre davantage sur cet impor-
tant volume, le troisième d'une œuvre monumentale
qui défie toute comparaison avec les travaux du
même genre qu’a pu produire l’érudition étrangère.

Ernest BABELON.

127. Reinach (Salomon). Manuel de
philologie classique. Tome second : Appen-
dice. Paris, Hachette, in-8° de 310 pages.

Ce second volume est, comme le dit l’auteur dans
sa préface, le commentaire perpétuel du premier.
Il renferme, sur les mêmes matières , des dévelop-
pements de deux sortes : des notices bibliogra-
phiques ou des résumés de l’état actuel de la science
sur des points qui ne sont qu’effleurés dans le pre-
mier ouvrage. M. Reinach y traite avec des détails
 
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