Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Michel, Émile: Les Cuyp, 1: une famille d'artistes hollandais
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0020

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
14

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

contemporains, il fut également tenté par ces épisodes empruntés à
la vie militaire qui étaient alors fort en vogue, et le Musée de
l’Ermitage possède un ouvrage de ce genre signé par lui. Ce sont
deux soldats attablés au cabaret, dont l’un, coiffé d’un chapeau de
feutre et vêtu d’un habit blanc et d’un haut-de-chausses rouge, tient
une pipe à la main; l’autre, portant une toque bleue et une cuirasse,
se verse à boire; sur la table, un réchaud, du pain et des pipes; au
premier plan, deux chiens dont on ne voit que les têtes. Au mur,
l’inscription : Ne quid nimis se lit sur un écriteau et il semble, en
vérité, que Cuyp ait choisi cette épigraphe pour sa propre peinture,
dont les colorations se bornent à quelques teintes plates, sans relief
et sans effet. La facture elle-même est molle et insignifiante; elle
n’ajoute aucun intérêt à cette oeuvre plus que médiocre.

Gerritsz Cuyp est, au contraire, un portraitiste de grand talent,
et la rareté de ses productions explique seule qu’il ne soit pas plus
célèbre. Sa première peinture connue, le Portrait d'une femme âgée,
daté de 1624, au Musée de Berlin, est très étudiée et déjà singuliè-
rement habile ; mais la tête vue de face, avec ses ombres claires et
légères, manque encore un peu de relief. Dans ce même Musée, un
autre portrait de l’artiste, signé mais non daté, représente un couple
de jeunes fiancés travestis en Damon et Phyllis, couronnés de fleurs,
une houlette à la main, au milieu d’un paysage montagneux. Cette
mode de travestissement jouissait alors d’une grande vogue en
Hollande et il n’est pas rare de rencontrer parmi les portraits de ce
temps ces déguisements en bergers, en bergères ou en personnages
de la fable. Au Musée de Rotterdam nous trouvons, datés de 1635,
les portraits de trois enfants posés dans un paysage, une peinture
claire et honnête, sans grand ressort et qui rappelle un peu Cornelis
de Yos. Avec un portrait d’homme et celui de femme lui faisant pen-
dant, que possède M. Six, nous mentionnerons pour l’année 1638,
au Musée de Cologne, deux autres portraits d’enfants couronnés de
fleurs, portant aussi des houlettes et assis dans une prairie où pais-
sent, au loin, deux petites vaches très correctement dessinées. Pour
l’année 1641, nous avons un grand tableau de famille appartenant
à M. le baron de Rothschild et qui fait partie des. collections du
château de Ferrières. Les personnages en pied et environ du tiers
de la grandeur naturelle, portent chacun leur âge écrit au-dessous
d’eux. Un peu à droite, le chef de la famille, un gros bonhomme
grisonnant, donne la main à sa femme, et à côté d’eux sont rangés
leurs quatre filles avec une servante et un grand garçon tenant un
 
Annotationen