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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée du Louvre, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0037

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30

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Entre les deux têtes adossées, sur une des faces du pommeau, se voit
un médaillon représentant une Lucrèce en buste. Or cette plaquette
de Lucrèce se donnant la mort, est due à l’Italien Moderno (M. E.
Molinier est d’avis de l’identifier avec le Vénitien Camelio, graveur
de médailles, qui dirigea la Monnaie pontificale sous Léon X), qui
vivait au commencement ou dans la première moitié du xvie siècle.
Cette petite plaquette de la Lucrèce se trouve répétée maintes fois,
le Musée du Louvre en possède une en bronze doré que l’on peut voir
dans une vitrine de la salle de la Ferronnerie, une autre au fond d’un
seau en bronze de la collection Thiers ; le Cabinet des Médailles en
a une reproduction sur coquille ; on la retrouve même sur le sou-
bassement de la partie gauche du jubé de la cathédrale de Limoges.

Ce badelaire est d’un grand style, et d’une bonne exécution; la
fonte a été avivée par de franches ciselures; les figures du pommeau
sont plus soignées d’exécution que le reste. Les quillons chevauchés
se terminent par des têtes d’hommes du même caractère que celles
du pommeau. Ces armes, d’origine orientale, et que portaient surtout
les stradiots, n’étaient point dédaignées par les capitaines et les
souverains qui en faisaient des objets de parement. On les porta
fort tard, jusque pendant le xvne siècle. Un portrait de don Juan
d’Autriche, le vainqueur de Lépante, le représente avec un badelaire,
un coutelas comme on disait alors, de cette sorte, au côté. Des figu-
rations de ces cimeterres se voient dans de nombreux tableaux des
maîtres du xvie siècle. Le petit Saint Georges de Raphaël, au Louvre,
est orné d’un semblable badelaire. On peut voir, dans une armoire
de la salle même de la Ferronnerie, une arme semblable aux mains
du petit David de bronze attribué à Villano, artiste qui vivait à
Padoue au xve siècle. On les portait suspendus, souvent, au cein-
turon, par une chaîne. Sous Louis XIII encore, ce fut un moment la
mode de porter ces sortes de sabres. On les appelait des couteaux.

Un petit coutelas italien, placé à côté, est sans doute une arme
de marine. La poignée de bronze doré est formée d’une large fusée
plate allant en s’épanouissant progressivement vers son extrémité
supérieure d’où se détache une saillie en forme de volute, corres-
pondant au côté du tranchant de la lame. De petits personnages
ciselés, dressés dans des niches, sont étagés et séparés par des bas-
reliefs horizontaux, d’un travail très fin. Une gorge d’évidement
sépare la fusée en deux régions. Les quillons courts, légèrement
chevauchés, terminés par des têtes de monstres, sont travaillés avec
le même soin. La lame étroite, recourbée, noircie, montre son dos
 
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