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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée du Louvre, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0041

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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qu’en 1537, un Vénitien, Domenico Rota, vendit à François Ier une
trompe de chasse « à ouvraige à la damasquine demy enlevé, toute
dorée ». Cet ouvrage à la damasquine indique un système d’orne-
ments se détachant en saillie sur un fond abaissé soit à l’eau forte,
soit au burin et à l'échoppe, procédé plus long mais beaucoup plus
ancien. « Cette explication du texte des Comptes est d’autant plus
probable — dit M. E. Molinier, dans le catalogue de la collection
Spitzer — que l’on peut voir dans les collections du Louvre un cor
en cuivre doré, de la première moitié du xvie siècle, qui correspond
absolument au signalement fourni par le document. L’identification
de la pièce achetée par "François Ier avec le monument que possède
le Louvre paraît d’autant plus légitime qu’une décoration, composée
de fleurs de lis de France, borde le pavillon du cor. Cela indique
assez que cette œuvre, de style tout à fait italien, a été exécutée
pour un Français. »

Nous ne serions pas surpris que le beau corps d’armure qui
occupe le fond de la vitrine fût d’un travail français. C’est un
corselet de parement, richement repoussé, de style très large. Des
monstres en haut relief entrelacent leurs cous et se mêlent à des
rinceaux. Tous ces ornements sont conçus et exécutés dans le goût
de notre école lyonnaise du xvie siècle. Si cette belle pièce d’armes
a été faite au Petit-Nesle, ç’a dû être par des Français. Mais nous
n’en dirons pas autant de ce petit bouclier à poing, de ce broquel,
qui occupe le bas de la vitrine au centre. Encore qu’il ne soit pas
d’une mauvaise technique, il convient de reconnaître qu’il manque
d’originalité. Il ne faudrait pas chercher longtemps dans les suites
de sujets d’Etienne de Laune ni des maîtres allemands précités pour
y retrouver ces guerriers accoutrés à l’antique, dans des attitudes
banales et convenues. L’umbo, très saillant et aplati en section de
cylindre, présente une mêlée rappelant un peu celle du milieu du
bouclier du Charles IX. Les reliefs sont assez saillants et indiquent
une arme de parement, car ordinairement ces rondelles étaient com-
binées d’une façon plus simple. On en usa sous Henri II et sous
Charles IX avant que la rapière ne vînt supplanter la nationale
estocade, et on les portait accrochés au côté gauche, près de l’épée.

Il est à croire que la belle lame d’estramaçon contre laquelle est
appuyé ce petit broquel a été exécutée au Petit-Nesle par un ouvrier
allemand. Tout le champ de la lame est décoré d’élégants entrelacs
détachés à la damasquine. Un inscription typique se laisse lire dans
un cartouche carré.
 
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