Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0073

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
64

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de lumière — les deux conditions vitales des grandes créations ». Pour
moi, j’ai essayé de caractériser l’esprit et les ouvrages des périodes
de recherches. Parvenu au temps radieux des conclusions monumen-
tales, je dois m’en tenir, en ce qui suit, aux plus sommaires aperçus.

Ce qui m’importe exclusivement, c’est de faire saillir les
influences et de préciser les mouvements. D’une façon générale,
j’observe que les cathédrales du xme siècle, à son début, se ressentent
encore de la timidité des constructeurs à mettre le corps monumental
en harmonie avec la légèreté des voûtes. Qu’ils conservent les vastes
tribunes autour du vaisseau, comme à Paris et à Laon ; qu’ils y
renoncent, comme à Chartres; les reportent sous la clerestory,
comme à Bourges, à titre de décoration; les rejettent au second
bas côté, comme au Mans, à titre de galeries d’éclairage, ou, comme
à Rouen, les remplacent par des baies sans meneaux: les parties
basses de leurs édifices n’ont point l’essor des parties hautes. A
Bourges même, et au Mans, où le premier collatéral se surélève,
l’élancement général ne part pas franchement de la hase, ainsi qu’on
voudrait. Une seule basilique se prévaut, avant 1250, d’une structure
absolument unifiée dans la hardiesse verticale : c’est la cathédrale
d’Amiens, conçue par l’architecte Robert de Luzarches. L’art ogival
a senti et prouvé là sa force d’envolement et atteint son apogée.

En second lieu, les façades commencent à revêtir un aspect
d’enchantement. Paris, Reims, Amiens, Laon, se glorifient à juste
raison de leurs féeriques frontispices, qui suffiront à faire comprendre
le goût de l’époque. Le concept de la façade de Saint-Denis a servi de
point de départ à tous les constructeurs. On a, pour éléments
premiers, deux tours carrées formant cadre et d’où s’élanceront des
beffrois à jour; une grande rose centrale, flanquée de baies géminées
ou simples; des étages d’arcatures, peuplées ou non de statues; des
escaladements de contreforts et de pinacles, accusant la structure,
accentuant les lignes ascendantes; puis, des ressauts, des cordons de
feuillages, des gargouilles, des crochets, soulignant les divisions
transversales. Selon les proportions, le nombre et l’ordre donnés à
ces divisions, la physionomie de l’ensemble change étrangement. La
loi d’art est de ne jamais masquer les grands plans de la construction
et de faire transparaître au dehors les distributions intérieures. 11
reste entendu que la décoration doit ressortir des données naturelles
de l’édifice, loin d’être, en aucun cas, un voile jeté sur son réel
appareil. A Paris, au-dessus des trois portails en voussures, dans
toute la largeur de Notre-Dame, une galerie s’allonge comme une
 
Annotationen