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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0079

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

excellent à soutenir leurs points d’appui de fines colonnettes taillées
en délit, à recevoir, sur des consoles bien posées, les retombées des
branches d’ogives, à souligner la structure par des ornements
sculptés placés au point le plus favorable et sans hasard. Leurs
chefs-d’œuvre se nomment la cathédrale d'Auxerre, l’église de
Semur-en-Auxois, à la voûte étrange, étroite et jaillissante, comparée
par M. Gonse à une colonne d’eau comprimée, le chœur de Vézelay,
Notre-Dame de Dijon, où se combinent le monostyle et l’oculus
parisien, la lanterne normande, les voûtes sexpartites du xne siècle
et le fenestrage primitif sans meneaux. Toutes les écoles se coudoient
et toutes, quoi qu’elles en aient, avouent ce qu’elles doivent au pays
royal. Une seule laisse échapper son aveu de mauvaise grâce : l’école
angevine, qui a exprimé à Saint-Pierre de Poitiers sa virtualité
entière, dès Tan 1204, et qui n’est, au fond, qu’élégamment artifi-
cieuse sans vraie fécondité.

J’ai réservé, afin de les qualifier à part, nos plus suggestives cathé-
drales, — sauf Notre-Dame de Paris —, à savoir : Notre-Dame de
Chartres, Notre-Dame de Reims et Notre-Dame d’Amiens. Chartres
prend date après le chœur de Maurice de Sully, en 1194. Cette année-là,
un incendie ruina la vénérée basilique romane, à l’exception des tours,
de la façade et de la crypte, sur laquelle reposait l’édifice entier.
L’évêque Régnault de Mouçon n’eut qu’à dire un mot; tout le peuple
accourut et les travaux commencèrent, suivant un plan nouveau, très
vaste. Soixante-six ans plus tard, Louis IX présidait en personne à
l’inauguration du monument. Les chapelles Saint-Piat et de Vendôme
sont des excroissances infligées à l’abside et au collatéral sud, auxive
et au xve siècle. En 1504, il advint que l’un des derniers des maîtres
gothiques, Jean Texier, décora le Clocher Neuf d’une flèche qui se fait
pardonner, à force de grâce fleurie et svelte, de rompre l’unité de la
façade et de dominer d’environ dix mètres son rude voisin, leClocher
Vieux. L’aspect d’ensemble de l’édifice est d’une gravité émouvante.
On est saisi de la fierté de l’abside, du hardi fenestrage de la nef,
occupant toute la largeur des travées, de la beauté singulière des
aiœs-boutants, étrésillonnés de colonnettes. On ne peut se lasser
d’envisager les incomparables sculptures des deux porches latéraux,
formant avant-corps, et du portail royal. Que si Ton entre dans
l’église, après en avoir fait le tour, on a, d’abord, un mécompte :
les trois grandes portes de la façade s’ouvrent majestueusement sur
la nef centrale pendant que les collatéraux sont privés d’issue. Le
tort en est au dispositif conservé de la façade primitive, en désaccord
 
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