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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 1
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0080

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L’Ail T GOTHIQUE.

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avec le nouveau plan. La grande nef, large de 16 mètres, haute de
36 passés, constitue un des plus grandioses vaisseaux qui se puissent
voir. Afin de compenser dans une certaine mesure le manque de
dégagement du côté du frontispice, fâcheuse condition en un lieu de
pèlerinage, l’architecte a doublé son transsept de deux collatéraux
transversaux, capables de dégorger la foule vers les porches. Le
sanctuaire est immense et d’un haut caractère, mais, chose incroyable,
il y a, dans ses voûtes, on ne sait quelle indécision en retard sur
l’époque. Notre-Dame de Chartres, en somme, est un poème sublime
et une construction d’une puissante austérité.

Un grand pas se fait, à Reims, dans le chemin de l’allégement. Le
feu a pris, en 1211, à la vieille cathédrale. L’archevêque Albéric de
Humbert fait aussitôt dresser un projet de reconstruction et, dès
l’année suivante, convoque les ouvriers. On a tant écrit touchant le
mystérieux auteur du projet, que j’ouvre ici une parenthèse. Nous
ne sommes pas tout à fait aussi heureux à l’endroit de la grande
basilique que de l’église Saint-Nicaise, déplorablement renversée en
1807, mais dont l’architecte, maitre Hugues Libergier, nous est
connu par l’inscription de sa pierre tombale. Cependant, les noms
des quatre premiers maîtres de l’œuvre de Notre-Dame la Rémoise
nous ont été transmis : Bernard de Soissons, Gauthier de Reims,
Jean d’Orbais et Jean Loup. Auquel de ces artistes attribuer le plan
initial? Bien que nulle donnée chronologique ne nous permette de
résoudre la question avec certitude, il ne me semble pas interdit de
risquer une conjecture, basée sur une tradition respectable et sur un
licite rapprochement. Jean d’Orbais passe pour avoir construit une
partie de l’abbatiale d’Orbais, sa ville natale. Or, M. Gonse fait
remarquer, dans une note, que l’abside de cette église (la seule partie
élevée au xme siècle) est, précisément, du style de l’abside de Reims.
Comme nous savons, d’un autre côté, de façon positive, que l’érec-
tion de la basilique a commencé par le sanctuaire, inauguré en 1215,
il devient vraisemblable que Jean d’Orbais a dessiné le premier
plan. Mais je ne hasarde cette hypothèse qu’à titre de curiosité,
comme une application épisodique de la méthode analytique et com-
parative. Nous ne saurions avoir, sur ce point, que de vagues lueurs.

Quoi qu’il en soit, l’œuvre se poursuit soigneusement et sans
hâte. Après 1263, Robert de Coucy, successeur de Libergier à
Saint-Nicaise, aurait été appelé à composer, pour Notre-Dame, un
frontispice monumental. Un fait indiscutable, c’est que la composition
de la façade, plus haut décrite et réalisée cent années plus tard avec
 
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