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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0107

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

mer, où un radeau les attendait. Au cours de ces manœuvres, qui
durèrent vingt-cinq jours, aucune sculpture ne fut endommagée,
aucun fragment dérobé : les quelques soustractions de ce genre que
l’on déplore ont eu lieu pendant les jours qui précédèrent l’arrivée
d’Hamdy Bey; encore une des têtes volées, parvenue entre les mains
de l’ambassadeur de France à Constantinople, a-t-elle été aussitôt
restituée au Musée. Puisse cet exemple trouver des imitateurs !
Hamdy et ses collaborateurs furent récompensés de leurs persévé-
rants efforts non seulement par un plein succès, mais encore par la
découverte inespérée d’un second hypogée, contigu au premier, et
qui communiquait avec lui par une petite ouverture pratiquée par
d’anciens violateurs. Dans cet hypogée, composé d’un puits à deux
étages, soigneusement taillés, dormait, à une profondeur de dix
mètres, sous un quadruple rempart de dalles colossales, un énorme
sarcophage anthropoïde en amphibolite noire, chargé de caractères
hiéroglyphiques et phéniciens : l’inscription phénicienne, immédia-
tement photographiée, fut déchiffrée par M. Renan et livra le nom
de Tabnit, père d’Eschmounazar, roi de Sidon. C’est le 1er juin 1887
que ce vénérable monument a revu la lumière du jour, après plus
de vingt-deux siècles passés dans le schéol.

Le 16 juin commença l’opération pénible de l’embarquement des
sarcophages sur le navire de guerre 1 ’Assyr, envoyé exprès de
Beyrouth. Le plus grand de ces monuments — connu depuis sous le
nom d'Alexandre — fut hissé en dernier lieu, et un coup de canon
annonça aux habitants de Sidon que tout était terminé sans accident *.
Arrivés à Constantinople, les sarcophages furent déposés provisoi-
rement sous un abri de planches, dans la cour du Musée, et dès le
mois de septembre on commençait la construction d’un pavillon
spécial destiné à les héberger définitivement. En même temps, un
sculpteur distingué, Osgan Effendi, professeur à l’Ecole des Beaux-
Arts, entreprenait de remettre à leurs places les centaines de petits
fragments de marbre, anciennement ou nouvellement détachés, qu’on
avait recueillis autour des différents sarcophages et soigneusement
étiquetés en vue de cette restauration. Je puis certifier qu’il s’est
acquitté de cette tâche délicate avec une conscience et une habileté
hors ligne.

La construction du nouveau pavillon, arrêtée à deux reprises
par un hiver rigoureux, était achevée dans ses parties essentielles

1. Voir Revue archéologique, 1888, I, p. 77.
 
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