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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Reinach, Théodore: Les sarcophages de Sidon au Musée de Constantinople, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0115

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LES SARCOPHAGES DE SIDON.

101

Les différents — dirai-je sculpteurs ou architectes? — de sarcophages
n’ont pas manqué à cette règle élémentaire du goût; ils n’ont pas
hésité, par exemple, à remplacer le soubassement du temple, avec
ses marches et sa plate-forme, par un large socle au profil heureu-
sement combiné de lignes courbes et verticales.

Quatre seulement de nos sarcophages sont pourvus d’une déco-
ration sculpturale complète, mais ces sculptures appartiennent à ce
que l’art grec nous a laissé de plus achevé; et ce qui leur ajoute un
prix particulier, c’est qu’on ne connaissait jusqu’à présent aucun
sarcophage grec datant, comme ceux-ci, de la plus belle époque de
l’art.

Le plus ancien, en toute apparence, de ces chefs-d’œuvre est un
sarcophage du type appelé lycien, parce qu’il ne s’est rencontré
j usqu’à présent que dans la province de Lycie, où des centaines de
spécimens, pour la plupart affreusement mutilés, jonchent encore
les campagnes désertes de cette Suisse asiatique. Il se compose d’une
cuve allongée, dont les faces ont une forme trapézoïdale bien accusée,
et d’un couvercle massif, presque aussi important que la cuve elle-
même; la section de ce couvercle — et c’est là ce qui caractérise ce
genre de monuments — présente une forme ogivale, et le sommet
en est ordinairement surmonté d’une crête longitudinale en forme
de parapet, qui a péri dans notre exemplaire. Le sarcophage propre-
ment dit s’élevait sur un haut piédestal à degrés qui servait lui-même
de sépulture aux membres inférieurs de la famille, esclaves, servi-
teurs libres, affranchis. Bien entendu, ce piédestal encombrant n’a
pas été transporté à Sidon par le marchand de curiosités qui vendit
à un roi philhellène ce tombeau somptueux : on le retrouvera peut-
être un jour, debout à sa place, dans quelque ruine lycienne, levant
tristement au ciel son front découronné.

Le sarcophage de Constantinople est sculpté sur ses quatre côtés.
Les bas-reliefs des façades — c’est-à-dire des petits côtés — sont
divisés naturellement en deux registres, correspondant à la cuve et
au couvercle. Ceux de la cuve sont consacrés à des combats de
Centaures : d’un côté, deux Centaures se disputent une biche; de
l’autre, un épisode célèbre du combat des Centaures et des Lapithes,
la mort de l’invulnérable héros Cénée, enterré sous les rochers et
les amphores amoncelées. Sur les tympans ogivaux du couvercle,
on voit deux couples d’animaux fantastiques, vigilants protecteurs
du repos suprême, affrontés dans cette attitude quasi héraldique
familière à l’art archaïque et dont les lions de Mycènes offrent en
 
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