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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Michel, Émile: Les Cuyp, 2: une famille d'artistes hollandais
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0130

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LES CUYP.

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bans, les bonnets à plumes dont Cuyp les affuble, leurs vestes de
velours chamarrées d’or ou bordées de fourrures, avec leurs nuances
parfois discordantes, les cimeterres et les yatagans passés à leur
ceinture, toute cette défroque enfin qui nous rappelle les déguise-
ments sous lesquels Rembrandt aimait à se poser en face de son
miroir, ne nous donnent qu’une médiocre idée du goût du peintre et
de ses concitoyens. Cuyp se prêtait à tous les caprices de ses clients
sans parvenir à leur donner toujours une tournure bien élégante. Le
type du cheval, alors en vogue, n’est pas non plus très heureux dans
ces tableaux; peut-être l’artiste en a-t-il rendu l’apparence encore
plus disgracieuse en exagérant la petitesse de sa tête busquée et la
lourdeur de son épaisse encolure. Dans le tableau du Mauritshuis de
La Haye, qui représente le Sire de Iioovère assistant à la pêche au
saumon, l’ordonnance est d’une gaucherie extrême. Ce seigneur
raide et lourdaud huché sur son petit cheval, le terrain et le canal
dont les lignes parallèles coupent la composition, les petits arbres
symétriquement plantés sur les berges, la maison de campagne, vue
de face, à laquelle ils aboutissent, tout cela est disposé suivant une
perspective tellement enfantine et présente un aspect si déplaisant
qu’on ne songe pas tout d’abord à admirer la qualité du ton, l’inten-
sité des colorations sur le ciel et la beauté d’exécution de certains
détails, surtout des poissons que viennent de capturer les pêcheurs.

A en juger par leur quantité, ces images étaient sans doute fort
appréciées des contemporains de l’artiste, et au Louvre, en Angleterre,
dans les collections privées ou publiques, on en rencontre de nom-
breuses répétitions. Elles attestent non seulement la réputation dont
Cuyp jouissait, mais ses rapports avec les principales familles du
pays. Les personnages les plus considérables tenaient à être ainsi
peints par lui et au nom du sire de Roovère, à celui du prince
d’Orange qui, à en croire la tradition, figurerait dans un de nos
tableaux du Louvre, il faut joindre ceux des jeunes Michel et
Cornelis Pompe Van Merdeervoort que, d’après un inventaire de
1749, Cuyp aurait représentés partant pour la chasse, et celui de
Cornelis Van Beveren que l’on dit avoir été son ami. Peut-être ces
relations avec les familles patriciennes du pays ont-elles donné
naissance à la légende suivant laquelle l’artiste aurait fait de la
peinture en amateur, sans chercher à tirer parti de son talent,
légende que nous trouvons encore mentionnée dans plusieurs cata-
logues récents, dans celui de Duhvich-College entre autres. Ainsi
que le fait observer M. Wetli, il n’est guère probable, surtout dans
 
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