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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0184

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168

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

églises, d’époques moins reculées, moins purs mais parfois d’une fantaisie char-
mante. Il y a donc amplement de quoi accroître les Musées du Parc du Cinquan-
tenaire, à la condition de procéder avec méthode et persévérance.

Presque en même temps que leur « réclame » en faveur des nouveaux Musées du
palais de l'exposition de 1889, les journaux annonçaient au public la réouverture
du Musée de la Porte de Hal. Contradiction difficilement explicable, les armes et
les armures, distraites des collections dont, avant le transfert, elles constituaient
l’attraction dominante, conservent leur ancien emplacement. Quiconque se souvient
de ce qu’était la Porte de Hal, transformée à très grands frais en 1869, précisé-
ment en vue de mieux répondre à sa destination, quiconque se souvient, dis-je,
de l’impression produite quand, les nombreux degrés de pierre gravis, l’on péné-
trait dans ces salles gothiques, aux massives colonnes, encombrées comme un
magasin de curiosités, éprouve un véritable serrement de cœur en considérant
l’état actuel des choses.

Avant comme après sa transformation, en 1869, la Porte de Hal était le plus
populaire de nos Musées. Cette faveur, il la devait à sa situation au milieu d’un
quartier essentiellement plébéien, à son imposant appareil militaire, et j’affirme
que, grâce à lui, ouvriers et petits bourgeois ont ressenti pour les choses
anciennes ce respect salutaire qui, nous le savons tous, est Yinitium sapientiœ
des générations futures en matière d’art. Aujourd’hui même, par cette persistante
force d’attraction qui à l’exemple des oiseaux migrateurs nous ramène vers les
lieux jadis familiers, les ouvriers de la populeuse rue Haute gravissent encore
l’escalier de l’ancienne tour du guet; j’ai été témoin de leur déception. Contre les
murs blanchis à la chaux, s’alignent une quarantaine d’armures et de demi-
armures, toutes de qualité ordinaire, sauf une ou deux. Une armure de joute,
achetée en Espagne, vers 1839, passe pour avoir appartenu à Philippe II. Le cata-
logue lui-même ne l’admet pas, et il a, ma foi, raison, car outre que le harnois du
fils de Charles-Quint ne se fût sans doute pas présenté en vente publique en Espa-
gne, il est inadmissible que, prince des Asturies ou roi, l’héritier du trône n’eût
porté sur sa cuirasse aucun insigne destiné à le faire reconnaître.

Et puis, en somme, puisqu’il s’agit de l’instruction du peuple, était-il opportun
de hisser sur le maigre cheval empaillé qu’on disait jadis avoir servi à Guillaume
d’Orangc û la bataille de Waterloo, une armure maximilienne, alors que la grêle
silhouette de ce cheval jure avec le poids de 140 kilos qui, nous apprend le catalogue,
représentait la charge d’un cheval de bataille au xvie siècle, et, faute grave entre
toutes, ce cavalier occupe un selle dépourvue d’étriers!

Quelques vitrines d'épées, d’armes à feu, quelques rondaehes et masses d’armes
complètent, avec des panoplies, un ensemble absolument impropre à constituer un
musée. Le catalogue lui-même, œuvre d’un officier de mérite, le commandant
Van Vinckeroy, des carabiniers, atteste qu’il n’est demeuré en Belgique d’autres
souvenirs de l’ancien arsenal royal, emporté par les Autrichiens et aujourd’hui
réuni à la collection Ambras, qu’un poignard « dit de Charles-Quint », deux gantelets,
qui, « d’après la tradition », auraient appartenu au même monarque, deux chevaux
rembourrés des archiducs Albert et Isabelle, enfin un morceau de gantelet du
même prince. Il y a aussi le manteau de plumes de Montézuma, dont la mention
figure aux anciens inventaires impériaux et que nous possédons toujours.
 
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