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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0186

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

d’autrui qui se blouse de la plus jolie façon du monde dès qu’il s’agit de la
sienne propre.

Nous avons en Belgique une école d’amateurs, qui peut-être a des ramifications
en France, toujours sur la trace de quelque chef-d’œuvre ignoré. Après chaque
vente c’est un concert de doléances : le Musée a laissé échapper l’occasion de faire
là un coup superbe !

Il y aurait mauvaise grâce à méconnaître que si le goût des peintures anciennes
se répand en Belgique, en revanche, le nombre des amateurs disposés à acquérir
des toiles de réelle valeur en les payant leur prix est extrêmement restreint. Le
fait est absolument notoire. Autant pour les tableaux que pour les livres, les
estampes, les antiquités, les directeurs de vente savent et proclament que les objets
de valeur discutable se placent à des prix comparativement plus élevés à Bruxelles,
à Anvers et ailleurs qu’à Paris, tandis que les objets de premier ordre n’y trouvent
pas de public disposé à les payer leur valeur. Si, comme il le peut et le doit, le Musée
s’applique à réunir les meilleurs spécimens des maîtres les plus distingués, ce
n’est que très exceptionnellement que les ventes locales pourront lui fournir
l’occasion de s’accroître utilement; il peut, dès lors, se montrer indifférent à des
critiques, dont la cause déterminante n’est souvent que l’amour-propre blessé. On
offre au Musée une œuvre ; elle n’est point acceptée, il est alors tout simple de
mettre en lumière l’ignorance, le manque de goût de ceux qui n’ont pas su profiter
de l’aubaine.

N’allons pas conclure de tout ceci que le Musée, surtout dans les derniers temps,
ait eu la main très heureuse dans ses achats. Privé d’un conservateur, administré
par une commission dont, il faut bien le reconnaître, beaucoup de membres n’ont
que leur bon vouloir à mettre à la place d’une compétence reconnue dans les
choses d’art ancien, on dirait qu’il hésite à s’aventurer et envisage de plus en plus
son rôle comme passif, comme restreint à juger les œuvres soumises à son choix,
tâche que l’expert qu’il consulte remplirait seul au besoin.

La Belgique, en ce qui concerne les ventes de tableaux anciens, est un centre
d'importance secondaire. Il n’est pas d’usage que les marchands de l’étranger
viennent organiser des ventes soit à Bruxelles, soit à Anvers. Si donc l’on veut
acheter, il importe de suivre les ventes de Paris, de Londres, de Berlin, de Cologne.
11 est à coup sûr peu avantageux à notre galerie nationale de ne pas prendre elle-
même l’initiative de ses choix et l’on ne doit guère s’étonner des critiques que sou-
lève l’acquisition en vente publique, pour les Musées de l’étranger, d’œuvres
flamandes très importantes à des prix notablement inférieurs à ceux qu'il est
d’usage de payer en Belgique et cela tout simplement parce que le fait d’appar-
tenir à la Commission du Musée n’implique pour aucun de ses membres l’obli-
gation de s’en aller courir les ventes du dehors. Rien ne serait plus facile que de
citer des œuvres d’une haute valeur perdues pour la Belgique et dont les prix
d’adjudication peu considérables rendaient l’acquisition facile et en quelque sorte
obligatoire. Qu’il me suffise de mentionner les deux Yan Eyck achetés, en dernier
lieu, par le Musée de Berlin. D’autres peintures sont devenues la propriété de l'État
après avoir passé en vente publique à des prix que l'on ne s’est pas fait faute
de publier en insistant sur le bénéfice qu’aurait fait réaliser au Musée l’acquisition
directe.

Il n’y a, pour remédier à pareille situation, qu’une responsabilité nettement
 
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