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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 2
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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0189

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CORRESPONDANCE DE BELGIQUE. 173

écrit sur tout, et spécialement sur l’art, avec un peu de bonne volonté et beaucoup
d’aplomb.

Critique d’art, mon Dieu ! en Belgique, du moins, il semble que tout le monde
l’est, l’ait été ou le doive être. Mais enfin, ignorante ou éclairée, le droit imprescrip-
tible de la critique est d’exprimer son jugement sur les œuvres exposées au grand
jour des expositions, et puisque, après tout, le Salon d’Anvers a fait un beau chiffre
d'affaires, comme disait une feuille locale, la presse ne lui a pas fait grand tort.

Vous n’ignorez pas que Raffaelli a remporté la médaille au Salon d’Anvers. Ce
même Salon a été consacré à l’exhibition de l’œuvre de Charles Yerlat, décédé à
la fin de 1890, directeur de l’Académie d’Anvers. Cet énsemble rétrospectif a offert
un intérêt considérable. Il n’a pas fait découvrir un nouveau Yerlat, la variété
d’aptitudes et la dextérité du pinceau du maître ôtant ultra connues, mais il a
certainement mis en relief, une fois de plus, le caractère très intéressant de sa
recherche. Chose singulière, Verlat s’est révélé surtout comme animalier; certains
de ses animaux avaient une vigueur de charpente et une énergie de facture qui
faisait songer à Snyders et que l’on ne retrouvait pas toujours dans ses représen-
tations de la figure humaine.

Plus de deux cents toiles du peintre étaient réunies au Salon d’Anvers.
Rassemblées un peu au hasard, ces créations, dont beaucoup auraient pu être plus
rigoureusement triées, étaient, de plus, arrangées sans méthode. Il est incontes-
table que l’œuvre de Verlat, chronologiquement classée, eût accusé une trempe
d’artiste de valeur peu commune, et ce que les Anglais appellent une « versati-
lité » remarquable.

Très inférieur parfois à lui-même, le maître, en revanche, vous surprenait par
une stupéfiante réalisation de choses vues, car c’était un observateur de premier
ordre.

Verlat avait surtout cette supériorité d’être l’homme de son temps, ayant très
largement ressenti les influences de l’esprit moderne et nullement rougi de les
proclamer dans une bonne partie de son œuvre. Le Musée d’Anvers possède de lui
une immense peinture représentant un chariot chargé de moellons, gravissant
une côte sous l’effort de deux vigoureux percherons. Quand cette toile, exécutée à
Paris, parut à l’un des Salons des Ghamps-Élysées, Jean Rousseau, que la mort a
enlevé soudainement, n’hésita point, dans un article du Figaro, à désigner l'œuvre
de son compatriote comme propre à servir d’enseigne à un entrepreneur de trans-
ports. Gela fit du bruit; Verlat, caricaturiste hors ligne, se vengea en peignant le
critique sous les traits d’un singe. Rousseau ne lui en garda pas rigueur.

Je ne me hasarde pas à dire si Verlat était un produit de l’École française, —
car il fut pendant bien des années un membre influent de la colonie belge pari-
sienne, — ou de l’École flamande; on ne saurait nier qu’il ne tienne des deux.
Mais, très certainement, avec lui s’est éteint une des personnalités artistiques de ce
temps que la Belgique avait le plus fréquemment salué de ses applaudissements et
que la capitale, non moins qu’Anvers même, appréciait comme un rare virtuose
du pinceau.

Le buste de Verlat, œuvre du sculpteur Pecher, a récemment trouvé place au
Musée d’Anvers où, depuis peu, figure aussi le buste en bronze d’Henri de Brae-
keleer, exécuté par M. Lambeaux, l’auteur de la fontaine monumentale de laplace
 
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