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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 4
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Fourcaud, Louis de: L' art gothique, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0374

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L’ART GOTHIQUE.

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tenons à nous en expliquer sans réticence. On connaît M. Corroyer,
architecte de renom, inspecteur général des édifices diocésains,
chargé naguère de la restauration du Mont-Saint-Michel et qui a
composé une belle monographie du célèbre monument. Sa situation
et son prestige personnel donnent crédit à son livre, orné par lui de
dessins tracés de main d’artiste et publié, en outre, dans une collec-
tion patronnée par l’Etat, destinée aux jeunes gens. Voilà bien des
titres respectables pour couvrir une insoutenable thèse et multiplier
les malentendus. Raison de plus pour ne rie-n cacher de notre pensée.

Je ne m’arrêterai pas à discuter le plan général, singulièrement
désordonné sous des apparences d’ordre. On ne comprend guère, par
exemple, que l’architecture religieuse ou épiscopale prenne le pas
sur l’architecture monastique. Logiquement, il eût fallu renverser
ces facteurs, le gothique étant né, précisément, dans les abbayes
bénédictines du Domaine royal et n’ayant pas eu, à l’origine, de
Morienval à Saint-Denis, en passant par Saint-Germain de Flay,
Saint-Martin des Champs, Saint-Germain des Prés et Saint-Pierre
de Montmartre, de plus ardents propagateurs que les moines. Mais,
à vrai dire, M. Corroyer a d’autres idées en tête. Non seulement, il
ne concède pas que l’invention des voûtes nervées se soit produite
aux environs de l’Oise, où il nous est si facile encore de suivre à la
trace les étapes de l’art nouveau, mais il nie formellement que le
système ogival se soit dégagé de la voûte d’arêtes appareillée. Pour
lui, l’armature nervée est une conquête de l’Anjou et procède de la
coupole périgourdine sur pendentifs. Saint-Maurice d’Angers et la
Trinité de Laval seraient les premiers types complets de l'organisme
gothique. Une telle théorie ne se peut défendre à aucun égard — et
je le prouve.

La question des coupoles a été longtemps fort obscure. On com-
mence à revenir de l’opinion qui vieillissait outre mesure la plupart
de nos coupoles françaises et l’on convient qu’elles sont, générale-
ment, du xne siècle, époque où se dressaient hardiment les voûtes
nervées de l’Ile de France. Les discussions soulevées par la coupole
de Bernay n’ont rien à voir ici ; M. Corroyer n’y fait même pas
allusion, — en quoi il est prudent. Son grand terrain de combat, c’est
l’église de Saint-Front, à Périgueux. Or, sur l’ancienneté de cet
édifice, je demande à Fauteur la permission de transcrire l’avis d’un
archéologue dont il ne suspecte pas l’autorité, puisqu’il le cite à tout
propos. «Il est certain, dit M. Anthyme Saint-Paul, que Saint-Front
ne remonte pas au delà du second quart du xiT* siècle; il n’est peut-
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