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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Renan, Ary: Tlemcen, 1: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0422

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388

GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

Cette enceinte, peu pittoresque, élevée par le génie militaire fran-
çais, est loin d’avoir le périmètre des anciennes murailles. Les villes
grandissaient vite autrefois en Orient; il fallait souvent reculer les
murailles, souvent aussi les rebâtir de fond en comble à la suite des
guerres. Mais celles de Tlemcen ne devaient pas être faciles à
démolir, si on en juge par les débris qui subsistent. C’étaient de
robustes murailles en pisé jaune, interrompues par des tours très
rapprochées, et ce pisé prend la dureté de la pierre; quand le temps
seul mord sur lui, il s’effrite de la façon la plus étrange, comme par
exemple à l’endroit nommé Bab-el-Kermadi, où se dressent de fantas-
tiques chicots. Il y a loin de là aux précaires devantures de brique
^peintes au lait de chaux dont s’entourent les villes tunisiennes.

Pour soutenir des sièges, il fallait avoir de l’eau en abondance.
L’eau était répandue dans la ville par des canaux, qui font l’admira-
tion d’Ibn-Khaldoun. Une des principales réservés était le grand
bassin appelé le Sahridj, dont l’étendue est égale aux réservoirs de
Versailles. Il était jadis enclos de murs; mais il résulte d’un passage
de l’historien arabe, Et-Tenessy, signalé d’abord par l’abbé Bargès *,
que le Ziyanide, Abou-Taschfin Ier (1318-1337), le fit creuser
« sans autre but que celui de se procurer des jouissances mon-
daines », en d’autres termes pour servir de théâtre à des naumachies,
divertissement qui, cent ans auparavant, était pratiqué à Maroc, dans
un bassin analogue, par les Almohades. C’est dans ce bassin que
Barberousse fit noyer les rejetons de la famille des Beni-Zeiyan.

Avant de parler des édifices religieux qui nous retiendront si
longtemps, il nous faut en finir avec l’architecture civile. Le point
le plus vivant de la ville moderne est le boulevard qui fait le tour
des murailles du Méchouar. Le Méchouar était le palais des émirs.
Hélas! il n’en reste rien, rien qu’une mosquée que nous mentionne-
rons plus loin. Aujourd’hui, l’autorité militaire y a établi ses bureaux
et ses casernes. C’était et c’est encore une ville dans la ville, une
forteresse entourée de murailles. C’était un Alcazar ou un Généralife
rempli de verdure et de gaîté. Bâti par Yarmoracen ce palais servit
de résidence à toute la dynastie abd-el-ouadite. Voici en quels termes
Ibn-Khaldoun en parle : « Les rois de Tlemcen possèdent un palais
où l’on remarque des édifices splendides, des pavillons très élevés,
des jardins ornés de berceaux de verdure... si bien que, par sa magni-
ficence et sa beauté, cette demeure royale fait pâlir les plus célèbres 1

1. Tlemcen, Paris, Duprat, 1859.
 
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