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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

DOI issue:
Nr. 5
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Renan, Ary: Tlemcen, 1: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0431

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L’ART ARABE DANS LE MAGHREB.

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on lui a refait, du mieux qu’on a pu, une façade enjolivée de carreaux
de faïence; mais le petit minaret a de la grâce et l’intérieur est un
véritable écrin précieux.

Trois petites nefs, à arceaux fort simples retombant sur six
colonnes d’onyx : les robustes chapiteaux de ces colonnes sont d’un
style tout à fait original, avec leurs rinceaux foisonnants. Mais la
merveille, c’est la décoration de plâtre des parois, qui commence à
hauteur d’homme et devait s’allier à ravir avec le plafond de bois de
cèdre sculpté qui est aujourd’hui bien déteint, mais qui jadis fut
certainement somptueux et doux comme un grand châle de cachemire
tendu.

Cette décoration est le comble de la richesse et du bon goût orne-
mental ; elle réunit en effet les qualités les plus diverses : homogé-
néité de l’ensemble, variété infinie du détail, netteté et fantaisie,
largeur et minutie dans l’exécution. Elle est empreinte d’une sorte
d'atticisme oriental, d’une beauté atteinte sans effort et naturelle-
ment raffinée. Capter la lumière sans grands reliefs, l’emprisonner
dans des réticules d’une ténuité extrême, la forcer de se jouer dans
des méandres idéalement fins; donner à des murailles tout unies un
vêtement de dentelle, un encadrement de rubans historiés qui les
agrandit et les rend pour ainsi dire immatérielles; entraîner le
regard et l’éblouir par la complication, le rassurer par l’ordre et la
paix, voilà le problème que d’obscurs ouvriers ont résolu à la fin du
xme siècle de notre ère.

L’encadrement du mihrab est particulièrement pur et délié; là les
repercés sont estampés et repris au burin avec une patience artis-
tique infinie. La voûtelette est é stalactites, d’un travail aussi soigné
que le serait la ciselure d’un bijou. Lorsque ces millions d’arabesques
étaient peintes de couleurs vives, — on en voit encore des traces, —
l’effet devait être prestigieux. Aujourd’hui, on se borne à les blan-
chir discrètement de temps en temps. Notre petite mosquée a été
restaurée avec le plus grand soin ; elle avait servi d’abord de maga-
sin à fourrages *, elle sert maintenant, on ne sait pourquoi, d’école
indigène.

Auprès du mirhab, une inscription nous apprend que cette
chapelle fut élevée en l’honneur d’Abou-Amer Ibrahim, en 1296,
sous le règne d’Othrnan, fils et successeur de Yarmoracen. On se i.

i. Les greniers des armées ne portent pas bonheur aux monuments, ni aux
fresques; témoin la Cène de Léonard de Vinci.
 
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