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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
suggestives, et son art de sous-entendus en dit plus long que bien
des écritures explicites.
Parmi les aquafortistes les plus recommandables de l’Exposition,
on sera d’accord pour placer au premier rang M. Zorn avec ses
portraits si hardiment sabrés : ces eaux-fortes rapides sont exacte-
ment l’équivalent des peintures que l’on connaît de lui; il dessine
par des jeux d’ombre avec une étonnante précision dans la mise en
place : les portraits de M. Renan et du peintre Liebermann prendront
place parmi les meilleurs spécimens de sa manière originale.
M. Besnard expose une série de douze planches : La Femme; Joies
el Misères, où nous ne retrouvons ni son originalité, ni son habileté
habituelles. Il est vrai que la plupart ne sont que des « états ».
Attendons les épreuves définitives.
A propos du maître Bracquemond, président de la Société, il n’y a
pas non plus grand’chose à dire ; mais cela tient surtout au peu
d’importance des œuvres exposées : quelques ex-libris.
M. Delavallée, qui a poussé très loin l’étude du vernis mou et de
l’aquatinte; M. Muller et M. Géry-Bichard, graveurs émérites à
l’eau-forte; M. Victor Vignon, qui voudrait être gauche à la façon de
Claude Lorrain et d’Ostade; M. Louis Morin, illustrateur à l’inven-
tion facile et spirituelle; M. Ad. Albert, aquafortiste de genre,
M. Paillard, paysagiste parisien ; M. V. Prouvé, ferré sur l’aquatinte;
M. Maurin, voué à tous les sujets par tous les procédés, y compris
celui de la gravure en couleurs; M. Zilcken, particulièrement habile
dans le paysage à la pointe sèche; M. de los Rios, M. Monziès et
M. Daumont, tous trois excellents graveurs; M. F. Jacque, fils et
élève distingué du célèbre peintre-aquafortiste, et M. Latouche, à
qui la peinture réussit mieux que la gravure, ont, à des degrés divers,
leur part dans le succès de l’Exposition.
La lithographie est représentée par les envois de M. Lunois qui
connaît à merveille ce procédé et en tire des effets inattendus, par
M. Dillon, et par le mystique, incompréhensible et prétentieux,
M. 0. Redon, qui prolonge dans cette salle les inoubliables facéties
de la Rose -j- Croix, dont on sait l’exode lamentable parmi les
violons brisés.
Nous ne devons pas passer sous silence l’hommage rendu par la
Société des Peintres-Graveurs au regretté dessinateur du Punch,
Ch. Keene; les vingt eaux-fortes que l’on nous montre témoignent
encore une fois de la vigueur de ce talent si plein d’humour et si
fortement peintre, au sens artiste du mot.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
suggestives, et son art de sous-entendus en dit plus long que bien
des écritures explicites.
Parmi les aquafortistes les plus recommandables de l’Exposition,
on sera d’accord pour placer au premier rang M. Zorn avec ses
portraits si hardiment sabrés : ces eaux-fortes rapides sont exacte-
ment l’équivalent des peintures que l’on connaît de lui; il dessine
par des jeux d’ombre avec une étonnante précision dans la mise en
place : les portraits de M. Renan et du peintre Liebermann prendront
place parmi les meilleurs spécimens de sa manière originale.
M. Besnard expose une série de douze planches : La Femme; Joies
el Misères, où nous ne retrouvons ni son originalité, ni son habileté
habituelles. Il est vrai que la plupart ne sont que des « états ».
Attendons les épreuves définitives.
A propos du maître Bracquemond, président de la Société, il n’y a
pas non plus grand’chose à dire ; mais cela tient surtout au peu
d’importance des œuvres exposées : quelques ex-libris.
M. Delavallée, qui a poussé très loin l’étude du vernis mou et de
l’aquatinte; M. Muller et M. Géry-Bichard, graveurs émérites à
l’eau-forte; M. Victor Vignon, qui voudrait être gauche à la façon de
Claude Lorrain et d’Ostade; M. Louis Morin, illustrateur à l’inven-
tion facile et spirituelle; M. Ad. Albert, aquafortiste de genre,
M. Paillard, paysagiste parisien ; M. V. Prouvé, ferré sur l’aquatinte;
M. Maurin, voué à tous les sujets par tous les procédés, y compris
celui de la gravure en couleurs; M. Zilcken, particulièrement habile
dans le paysage à la pointe sèche; M. de los Rios, M. Monziès et
M. Daumont, tous trois excellents graveurs; M. F. Jacque, fils et
élève distingué du célèbre peintre-aquafortiste, et M. Latouche, à
qui la peinture réussit mieux que la gravure, ont, à des degrés divers,
leur part dans le succès de l’Exposition.
La lithographie est représentée par les envois de M. Lunois qui
connaît à merveille ce procédé et en tire des effets inattendus, par
M. Dillon, et par le mystique, incompréhensible et prétentieux,
M. 0. Redon, qui prolonge dans cette salle les inoubliables facéties
de la Rose -j- Croix, dont on sait l’exode lamentable parmi les
violons brisés.
Nous ne devons pas passer sous silence l’hommage rendu par la
Société des Peintres-Graveurs au regretté dessinateur du Punch,
Ch. Keene; les vingt eaux-fortes que l’on nous montre témoignent
encore une fois de la vigueur de ce talent si plein d’humour et si
fortement peintre, au sens artiste du mot.