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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Gayet, Albert: La sculpture copte, 1: des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0466

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

partout ailleurs s’imposent à l’imagination jusqu’à l’en obséder. Sous
un ciel torride toujours pur, l’inondation revient chaque année à jour
fixe, apportant avec elle le limon fécondateur descendu des grands lacs.
Qu’un instant ses eaux bienfaisantes n’atteignent pas l’étiage voulu,
et le sable viendra ronger la bande de terre cultivable et la trans-
former en désert. Les eaux de l’inondation à peine retirées, il faut
encore que l’homme songe à défendre la terre ainsi arrosée contre la
sécheresse. Pour cela, il lui faut creuser des canaux, élever des
digues, construire tout un réseau de rigoles qui distribuent l’humi-
dité sur la surface de son champ ; pas un instant, il n’a la vie gaie et
insouciante dont plus tard jouira le pâtre ou le pêcheur grec; comme
lui, il n’a pas le temps d’écouter les bavardages de la place publique,
de jouer de la flûte ou de se couronner de roses. Sans relâche il lui
faut retourner la terre, et toujours ce travail doit être prévu à
l’avance et fait à l’heure voulue, sans quoi il ne servirait à rien.

L’homme primitif qu’assaillent de pareils soucis, qui sans cesse a
les yeux fixés sur la nature, ne prête naturellement qu’une attention
médiocre aux événements accidentels dont il peut être le témoin.
Par contre, à force de voir se reproduire régulièrement les mêmes
phénomènes à la même heure, une nouvelle tendance se manifestera
en lui ; il imaginera à ces phénomènes, dont il ne voit que les effets,
une source mystérieuse et deviendra mystique, religieux et médi-
tatif.

Mystique et méditative aussi est la religion de l’Egypte antique,
et par conséquent l'art égyptien. Tout y apparaît à l’état de symbole
et d’images compliquées, dont nous avons perdu jusqu’à la signifi-
cation primitive. La peinture y occupe naturellement la première
place, et, n’était l’ignorance de l’artiste, on sent que cette peinture se
serait faite l’interprète de ce que la nature a de vague et d’insondé.
Le sentiment de la lumière, ce trait distinctif des symbolistes, ne lui
est même pas entièrement inconnu. Ici, c’est un paysage des bords du
Nil : une ligne de montagnes se profile à l’horizon derrière lequel le
soleil vient de disparaître ; une bande de couleur orange frange
encore la montagne qu’entoure une teinte violâtre qui va se dégra-
dant jusqu’au vert. Plus loin, c’est un crépuscule devenu sombre : un
soleil presque fumeux — le soleil nocturne des rituels funéraires —
traverse un ciel d’un bleu noir dans lequel il semble mourir. A voir
de telles tentatives, après avoir vu souvent le soleil se coucher sur la
chaîne des montagnes lybiques, on se prend à penser qu’il n’a
manqué à l’Egypte qu’une éducation artistique plus avancée, pour
 
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